L'exercice régulier pendant la grossesse limiterait les risques d'asthme chez l'enfant

Selon une nouvelle étude, une activité physique modérée pendant la grossesse permettrait de réduire de moitié les risques de développement de l'asthme chez les enfants à naître.

De Jen McCaffery
Publication 9 déc. 2024, 09:24 CET
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Une nouvelle étude suggère qu'une activité physique régulière pendant la grossesse pourrait réduire de manière significative le risque d'asthme chez l'enfant.

PHOTOGRAPHIE DE MacDuff Everton, Nat Geo Image Collection

Respiration sifflante, essoufflement, sensation d’oppression dans la poitrine : les symptômes d’une crise d’asthme peuvent être effrayants, tout particulièrement chez les enfants.

Dans le cadre d’une nouvelle étude, des chercheurs finlandais ont cependant constaté que les enfants de femmes qui faisaient de l’exercice au moins trois fois par semaine pendant leur grossesse étaient deux fois moins susceptibles de développer de l’asthme que les enfants de femmes inactives physiquement.

« Pour la première fois, nous avons montré que [l’exercice] pouvait contribuer à limiter le risque de développement de l’asthme » chez les enfants à naître, commente Pirkka Kirjavainen, auteur principal de l’étude et chercheur à l’Université de l’est de la Finlande.

 

LES CAUSES DE L’ASTHME CHEZ L’ENFANT

L’asthme touche plus de 4 millions de personnes en France et au moins 10 % de tous les enfants scolarisés. Aux États-Unis, 25 millions de personnes sont concernées, dont 4,7 millions de moins de 18 ans.

Cette affection pulmonaire chronique, qui provoque l’inflammation et le rétrécissement des voies respiratoires, peut être diagnostiquée à tout âge. Chaque année, plus de 700 000 visites aux urgences américaines sont liées à de l’asthme infantile, selon le Journal of the American College of Emergency Room Physicians.

Bien que sa cause exacte reste difficile à déterminer et qu’aucun remède n’ait encore été mis au point, les scientifiques savent que l’asthme est souvent d’origine héréditaire et ont établi un lien entre cette maladie et plus de trente gènes.

Les enfants dont le père et la mère sont asthmatiques sont respectivement 3 et 2,5 fois plus susceptibles de développer à leur tour cette affection.

« La prédisposition génétique est très importante », explique Kirjavainen. « Cependant, même s’il y a une prédisposition génétique, l’apparition de l’asthme dépendra des facteurs environnementaux. »

Des facteurs tels que des traitements antibiotiques prénataux, des polluants intérieurs, le tabagisme et l’obésité peuvent par exemple contribuer au développement de la maladie chez l’adulte.

Certains facteurs socio-économiques ont également leur rôle à jouer. Des chercheurs soutenus par l’Institut national américain des sciences de la santé environnementale ont constaté que les adultes présentant les taux d’asthme les plus élevés étaient ceux qui vivaient dans les quartiers les plus pollués des villes.

 

COMMENT L’EXERCICE PEUT-IL PRÉVENIR L’ASTHME ?

Heureusement, des recherches récentes ont toutefois permis de suggérer que les femmes enceintes pouvaient agir pour tenter le limiter le risque de voir leurs enfants développer cette maladie.

Tandis qu’il était autrefois déconseillé aux femmes enceintes de faire de l’exercice pendant leur grossesse afin de limiter le risque d’accouchement prématuré ou d’insuffisance pondérale à la naissance, l’activité physique est aujourd’hui jugée bénéfique pour la santé de la femme et du fœtus.

Selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), une activité physique modérée pendant la grossesse peut en effet aider à prévenir une prise de poids excessive ainsi que le diabète gestationnel, tout en favorisant la santé cardiaque et pulmonaire. L’agence américaine recommande aux femmes enceintes en bonne santé de faire au moins 150 minutes d’exercice d’intensité modérée par semaine, comme de la marche rapide, du vélo et du yoga.

En outre, d’autres études ont montré qu’une activité physique régulière, accompagnée d’une augmentation de la circulation sanguine pendant la grossesse, pouvait permettre un meilleur développement pulmonaire, cardiaque et cognitif chez le fœtus.

À l’inverse, une étude réalisée en 2022 par des scientifiques norvégiens et suédois a révélé que les bébés âgés de trois mois de mères déclarant avoir été inactives pendant la première moitié de leur grossesse étaient plus susceptibles de présenter une fonction pulmonaire plus faible que ceux des mères déclarant avoir été « très actives ».

Dans leur étude, Kirjavainen et ses collègues se sont attelés à approfondir ces résultats en analysant les cas de 963 mères et leurs enfants. Pour ce faire, les participantes ont rempli des questionnaires lors des premier et troisième trimestres destinés à évaluer leur niveau d’activité et, à terme, l’état de santé de leurs enfants. Les chercheurs ont ainsi constaté que les enfants des femmes qui avaient fait de l’exercice au moins trois fois par semaine pendant leur grossesse étaient 50 % moins susceptibles de développer de l’asthme que les enfants de mères moins actives.

Stephen Kimura, allergologue et immunologiste certifié à Pensacola, en Floride, estime que ces résultats sont encourageants.

« De nos jours, nous mettons bien plus l’accent sur le traitement de la maladie », explique-t-il. « Il existe tellement de médicaments et de nouvelles injections biologiques à administrer pour aider à traiter la maladie une fois que l’enfant est devenu asthmatique. Il serait fantastique de pouvoir identifier les personnes à haut risque afin d’adapter les soins maternels, et ainsi réduire la prévalence de l’asthme. »

Selon Kimura, il n’est pas rare de recevoir des femmes enceintes accompagnées d’un enfant asthmatique qui souhaitent savoir comment éviter que la maladie se développe également chez leur prochain enfant. Le spécialiste confie qu’il trouve formidable de pouvoir désormais leur recommander une méthode relativement facile comme celle-ci.

Certaines femmes ne sont cependant pas en mesure de faire trente minutes d’exercice cinq jours par semaine pendant leur grossesse. Dans ces cas, selon Emma-Reetta Musakka, chercheuse à l’Université de l’est de la Finlande et coautrice de l’étude, il existe de nombreux exercices adaptés à toutes les femmes enceintes, même celles qui doivent rester en position assise.

« Notre étude montre clairement qu’il vaut mieux faire quelque chose que de ne rien faire du tout », ajoute-t-elle.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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