Le tour du monde en 9 merveilles : la Jordanie
Nos reporters ont embarqué pour une circumnavigation jalonnée de neuf prouesses architecturales ou naturelles. Huitième étape : sur les traces d’Indiana Jones, dans la cité antique de Pétra.
Ce matin, je me suis levée avec la bande-son d’« Indiana Jones » en tête. Ce n’est pas la première fois que je visite Pétra, mais je suis impatiente de retrouver le « Trésor », ce tombeau creusé dans la roche qui servit de décor au troisième opus des aventures de l’archéologue au lasso, « La Dernière Croisade », en 1989. Dans le film, il y trouvait le Graal, rien que ça ! Dans mes souvenirs, je découvrais une cité perdue grandiose qui allait longtemps peupler mon imaginaire.
Nous partons d’Aqaba, petite ville portuaire coincée entre Israël, l’Égypte et l’Arabie saoudite. La route se déroule au milieu d’une succession de vallées désertiques et de montagnes couleur ocre, paysage aride illustrant en direct les propos de notre guide local. « Il ne pleut quasiment jamais ici, regrette Hakim. Heureusement, une nappe phréatique vient d’être trouvée sous le désert du Wadi Rum. » Et d’enchaîner sur une anecdote. « Un jour, je suis allé aux chutes du Niagara. Je suis resté 1 h 30 à les regarder, entre peur et fascination : je n’avais jamais vu autant d’eau ! »
Mais déjà, les grandes montagnes de grès, écrin sublime de l’ancienne capitale nabatéenne, annoncent le début du voyage dans le temps. Pour accéder aux vestiges de la cité, installée depuis le IVe siècle avant J.-C. à une place stratégique sur la route de l’encens, il faut d’abord s’immiscer à l’intérieur du Siq, le défilé, une entaille sinueuse de 1 200 mètres de long, délimitée par des parois rocheuses pouvant atteindre 80 à 140 mètres de haut, où cohabitent piétons et calèches lancées à toute vitesse. Tout du long, une rigole creusée dans la roche témoigne du savoir-faire des Nabatéens qui, en plus de sécuriser leur capitale en choisissant un site difficile d’accès, avaient mis en place un système d’irrigation dernier cri, fait de tunnels déviant les cours d’eau et de réservoirs. Notre parcours est jalonné de bas-reliefs polis par le temps : djinns et déesses, chamelier tirant derrière lui un animal à la panse ventrue, niches destinées aux offrandes… Il fait frais entre ces murailles naturelles, millefeuille de roches aux couleurs différentes. Souffre jaune, fer rouge, turquoise bleue et manganèse noir.
Soudain, le guide s’arrête net, stoppant avec lui l’ensemble du groupe. « Depuis combien de temps attendez-vous ce moment ? », nous interpelle-t-il, ménageant son effet. Ma voisine murmure : « Soixante ans au moins. Ma grand-mère m’en parlait quand j’étais enfant. » Un pas, puis deux… Et le voilà, soudain, surgissant comme dans un trou de serrure entre les roches du défilé : le « Trésor », tombeau de 43 mètres de haut, aux allures de temple grec, creusé dans le grès, finement sculpté de colonnes et de motifs floraux. Pour tout le monde, c’est la même réaction : « Waouh ! »
Son esplanade est bondée de touristes et de bédouins à la peau foncée et aux yeux verts cernés de khôl, qui habitent dans le village au-dessus du site et proposent de le parcourir à dos d’âne ou de dromadaire.
L’un d’eux, imposant manteau de peau, longs cheveux noirs noués avec un foulard rouge et faux airs voulus de Jack Sparrow, anti-héros de la saga « Pirates des Caraïbes », attire tous les objectifs. Sans surprise, je le retrouverai le soir-même sur de nombreux posts Instagram de mes compagnons de route.
Nous laissons la foule et continuons notre chemin, dans une gorge bordée d’un théâtre, qui pouvait accueillir 3 000 personnes. Puis le paysage s’élargit, laissant place à ce qui devait être le centre-ville, entouré de falaises criblées de tombeaux, alternance de niches sommaires ou de constructions grandioses. Le chemin devient progressivement pavé et nous mène au Grand Temple, un ensemble à colonnades de 700 mètres carrés. Nous n’aurons malheureusement pas le temps d’accéder au « monastère », al-Deir, construit à trois heures de marche, au sommet de la montagne, avec une vue époustouflante sur le relief tourmenté. Mais, nous nous consolons en arpentant les chemins alentour et en nous introduisant dans les cavités sculptées, aux plafonds étonnants, zébrés de traînées rouges, blanches et noires. Il est 15 h 30 et le flot des visiteurs est déjà moins dense. Perchée sur un rocher, je contemple le site pour l’imprimer une nouvelle fois sur mes rétines. Un vieux bédouin, qui a planté sa boutique de souvenirs dans une grotte isolée sur les hauteurs, s’approche doucement et me tend un verre rempli de thé à la menthe, m’offrant le moment parfait.
Alors que le voyage touche à sa fin et que nous passons le dîner tous ensemble au fort d’Aqaba, j’en profite pour demander à mes convives leurs destinations préférées. Entre Chantal, Maryline et son mari Thierry, Valérie et Vincent, Diane, Emanuela et Anne-Marie, aucun n’a le même classement. Cette dernière a trouvé ce qu’elle était venue chercher : « Comme Phileas Fogg et Nellie Bly, nous avons rencontré des obstacles, rattrapé notre retard… Et, comme eux, nous avons pris la plupart des modes de transport possibles : l’avion, mais aussi la voiture, le train, l’hélicoptère, et même la montgolfière ! Ce voyage m’a donné un aperçu de la diversité et de la beauté du monde. »
Y ALLER
La prochaine croisière aérienne Tour du Monde de Safrans du Monde aura lieu du 31 octobre au 21 novembre 2020 et comptera neuf escales : la baie de Rio, le Machu Picchu, l’île de Pâques, la Polynésie française, la vibrante Sydney, la baie d’Along au Viêt Nam, les temples cambodgiens d’Angkor, le Taj Mahal en Inde et Pétra en Jordanie.
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