Cette équipe d'alpinistes extraordinaires vient d'atteindre le sommet de l'Everest

L’expédition Full Circle Everest, composée uniquement de grimpeuses et grimpeurs noirs, a atteint le sommet du mont Everest le 12 mai 2022. Le groupe espère que son ascension pourra inspirer une nouvelle génération d’explorateurs.

De Melba Newsome
Publication 16 mai 2022, 16:47 CEST
Expedition Training

Sept membres de l’équipe de l’expédition Full Circle Everest, composée uniquement de grimpeuses et grimpeurs noirs, ont atteint le sommet du mont Everest le 12 mai 2022. Le groupe espère que son ascension pourra inspirer une nouvelle génération d’explorateurs.

PHOTOGRAPHIE DE Amrit Ale, Full Circle Everest

Il y a quelques jours, sept membres de l’expédition Full Circle Everest, accompagnés de huit guides népalais, ont atteint le sommet du mont Everest. Le matin du 12 mai 2022, l’équipe a atteint le Chomolungma, le nom tibétain de ce mont emblématique, qui signifie « Déesse mère du monde ».

Depuis la première ascension enregistrée du pic en 1953, seuls dix alpinistes noirs avaient atteint le sommet. La cordée de Full Circle, composée uniquement de grimpeuses et grimpeurs noirs, espère que son succès pourra inspirer une nouvelle génération d’explorateurs de tous horizons.

« Je suis très honoré d’annoncer que sept membres de l’équipe Full Circle Everest ont atteint le sommet le 12 mai », a tweeté Philip Henderson, chef de l’équipe et l’un des seuls instructeurs noirs du Khumbu Climbing Center (KCC) du Népal, qui forme certains des meilleurs alpinistes du monde. « Bien que quelques membres, dont moi-même, n’aient pas atteint le sommet, tous les membres des équipes de grimpeurs et de sherpas sont rentrés sains et saufs au camp de base où nous célébrerons ce moment historique ! »

La plupart des expéditions sur l’Everest visent à atteindre le sommet entre la première et la troisième semaine de mai, lorsque les tempêtes de neige sont moins probables et que la vitesse du vent est généralement inférieure à 80 km/h.

PHOTOGRAPHIE DE Jay Dickman, Nat Geo Image Collection

Certains membres de l’équipe avaient déjà réalisé des premières en matière d’aventure : Abby Dionne a été la première femme noire des États-Unis à posséder une salle d’escalade ; James « KG » Kagam¬bi a été le premier Africain noir à atteindre les sommets du Denali en Alaska et du mont Aconcagua en Argentine. L’équipe, composée de trois femmes et de huit hommes, âgés de 29 à 60 ans, comprend un scientifique des données, un professeur de psychologie, un professeur de chimie dans un lycée et un technicien en électronique marine.

Les porteurs, les guides et l’équipe de soutien népalais de l’expédition étaient les suivants : Fura Chheten Sherpa, Pasang Nima Sherpa, Lhakpa Sonam Sherpa, Phurtemba Sherpa, Dawa Chhiri Sherpa, Sonam Gyalje Sherpa, Nima Nuru Sherpa, Chhopal Sherpa, Chhowang Lhendup Sherpa, Tashi Gyalje Sherpa, Amrit Ale (photographe), Pemba Sherpa (opérateur caméra) et Ngawang Tenjin Sherpa (opérateur caméra).

Fin mars, le groupe s’est retrouvé à Katmandou, la capitale du Népal, et s’est envolé pour le village de Lukla. De là, ils ont commencé à gravir environ 300 mètres par jour à travers la vallée du Khumbu pour atteindre le versant sud du camp de base de l’Everest (altitude 5 364 mètres), où ils ont attendu des conditions météorologiques optimales pour commencer leur ascension finale. La plupart des expéditions atteignent le sommet entre la première et la troisième semaine de mai, lorsque les tempêtes de neige sont moins probables et que la vitesse du vent est habituellement inférieure à 80 km/h (en général, la vitesse raisonnable est inférieure à 50 km/h).

Après des années de préparation pour parvenir à ce succès, cette équipe d’alpinistes espère que son exploit changera la perception de l’alpinisme, souvent vu comme un sport non inclusif, et persuadera ainsi davantage de personnes noires de se lancer dans de telle aventures en pleine nature.

 

CHANGER LE VISAGE DE L’ALPINISME

Des centaines d’alpinistes visent chaque année à atteindre le sommet du monde, mais l’ascension est risquée et la réussite n’est jamais assurée. La « zone de la mort » de la montagne, c’est-à-dire la zone où l’altitude est supérieure à 8 000 mètres et que le manque d’oxygène, la capacité de décision compromise et les conditions météorologiques imprévisibles atteignent leur paroxysme, a contribué à la mort de centaines de personnes, y compris d’alpinistes occidentaux et de sherpas.

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    Au début du mois d’avril 2022, les membres de l’équipe Full Circle Everest sont montés au camp de base de l’Everest, au Népal, pour acclimater leur corps à la haute altitude.

    PHOTOGRAPHIE DE Philip Henderson, Full Circle Everest

    À peine 1 % de toute la communauté de l’alpinisme s’identifie comme noire, selon un rapport de 2019 de l’American Alpine Club. Ce n’est qu’en 2003 que le Sud-Africain Sibusiso Vilane est devenu le premier homme noir à atteindre le sommet du mont Everest. Trois ans plus tard, Sophia Danenberg est devenue la première et l’unique femme noire et Américaine noire à atteindre le sommet de l’Everest : un événement qui, jusqu’à il y a quelques années, est passé largement inaperçu.

    Mais la situation évolue lentement. Henderson affirme avoir vu plus de personnes noires lors des événements d’escalade et d’alpinisme au cours des quatre dernières années que pendant les vingt années précédentes réunies.

    Il attribue le mérite d’avoir amélioré la visibilité des personnes racisées aux réseaux sociaux, mais aussi à la volonté de l’industrie de l’aventure en plein air de se diversifier. « Je pense que l’industrie fait des efforts. Ils se rendent compte que "nous ne racontons pas les histoires de ces personnes racisées et que nous ne les invitons pas vraiment à participer". »

    L’équipe Full Circle Everest a trouvé un équilibre entre mouvement et repos en attendant les bonnes conditions météorologiques pour entamer le trek vers le sommet de la montagne.

    PHOTOGRAPHIE DE Pemba Sherpa, Full Circle Everest

    Fred Campbell, scientifique des données pour Microsoft et membre de Full Circle Everest, reconnaît qu’une meilleure visibilité implique également une responsabilité plus importante. « Ce serait bien si nous pouvions simplement gravir [l’Everest], mais nous représentons aussi les personnes noires », dit-il. « Même si c’est une charge supplémentaire, je pense que cela aura un impact positif. »

    Conrad Anker, alpiniste professionnel et fondateur du KCC, ajoute : « Lorsque les enfants du monde entier se verront représentés dans cette expédition entièrement composée de personnes noires, ils feront eux aussi l’expérience et rejoindront les valeurs de l’alpinisme. »

    Mais l’équipe de Full Circle n’a pas grimpé seule. Ils ont été aidés par des guides d’escalade népalais, dont beaucoup appartiennent au groupe ethnique sherpa. Sur l’Everest, les guides sont le pilier de toutes les expéditions. Pourtant, bien qu’ils soient un élément essentiel de l’équipe et qu’ils prennent beaucoup plus de risques que leurs clients, ils sont souvent mis de côté lorsqu’il s’agit de distribuer les honneurs ou de poser pour des photographies au sommet.

    Les guides ont installé le camp de base, préparé l’itinéraire pour traverser la dangereuse cascade de glace du Khumbu, effectué de nombreux voyages vers les parties supérieures de la montagne en transportant du matériel et des bouteilles d’oxygène vers les camps supérieurs, et fixé des cordes tout au long de l’itinéraire. Près du sommet, des guides népalais ont aidé Full Circle à atteindre le sommet et les guident maintenant pour redescendre la montagne en toute sécurité.

     

    L’IMPORTANCE DU TRAVAIL D’ÉQUIPE

    L’alpinisme est de plus en plus considéré comme un sport d’équipe qui nécessite de fortes qualités de meneurs ainsi que beaucoup de confiance entre les membres. Contrairement aux groupes qui se réunissent au camp de base de l’Everest, les membres de l’équipe de Full Circle Everest se sont entraînés ensemble sur le mont Rainier, dans l’État de Washington, et dans les montagnes près de Bozeman, dans le Montana, pour se préparer aux défis qu’ils ont dû relever.

    Everest : ascension mortelle (vidéo)

    Henderson ajoute que le fait de faire partie d’une équipe avec des personnes qui vous ressemblent et qui rient aux mêmes blagues apporte un niveau de confort supplémentaire. « Il est important d’avoir ce type de soutien dans un effort tel que l’ascension d’une montagne », dit-il. « Ce voyage est plus important que la simple ascension d’une montagne. »

    L’équipe de Full Circle est arrivée au versant sud du camp de base de l’Everest le 17 avril et a rejoint des centaines d’autres aspirants au sommet dans le village de tentes coloré situé au sommet du glacier Khumbu. Chaque jour de leur voyage de deux mois a été planifié pour une acclimatation progressive à l’altitude et pour maximiser la santé et la cohésion de l’équipe. 

    Au cours des semaines précédant l’arrivée au sommet, l’équipe a trouvé une routine banale : manger, se reposer, s’acclimater, faire de rapides balades sur la montagne et réfléchir aux défis logistiques à venir.

    L’attente a été la partie la plus difficile, selon Henderson, qui n’a pas tenté d’atteindre le sommet, mais qui a dirigé l’équipe depuis le camp de base. « L’Everest est un endroit dangereux et le risque est élevé », dit-il. « Il faut avancer lentement. »

    Melba Newsome est une rédactrice indépendante primée, et établie à Charlotte, en Caroline du Nord.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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