Mexique : les couleurs flamboyantes de la fête des morts
Les images de Kris Davidson, photographe National Geographic, de ces festivités mexicaines vous donneront à coup sûr des envies de voyage.
Kris Davidson s'est rendue au Mexique plus d'une dizaine de fois. « Ce pays au mysticisme profond, à la culture antique, aux couleurs flamboyantes semble me ramener immanquablement à lui », explique-t-elle. Elle a assisté au Día de los Muertos (fête des morts) à deux reprises. Elle a photographié récemment ces festivités dans les trois États centraux autour de la capitale : à Mexico, à Puebla et dans l'État de Mexico. Chaque lieu possède une vision singulière et différente du festival.
Au cours des deux semaines qui précèdent les 1er et 2 novembre, les célébrations allient les traditions indigènes à l'histoire et à la culture mexicaines. D'après la photographe, cette association est naturelle, pleine de grâce et n'est en rien forcée. Ni morbides ni effrayantes, ces festivités célèbrent la vie dans la joie.
Attendez-vous à voir des habitants au visage peint du traditionnel calavera (crâne). À entendre les mélodies qui s'élèvent dans les airs et à admirer les feux d'artifice qui illuminent le ciel. À passer devant d'innombrables autels, publics comme privés, à chaque coin de rue, dans les maisons comme au dehors. Ces monuments commémoratifs improvisés peuvent être minimalistes ou sophistiqués, petits ou imposants. Ils sont parfois ornés de crânes en sucre, de bougies, de jouets, de bouteilles de Mezcal et de nombreuses fleurs, notamment de soucis. Les villes font planter des milliers de soucis, dont les pétales, comme le veut la tradition, conduiraient les défunts à leur maison ou à leur tombe. De nombreux autels sont parsemés de grains de maïs et d'aliments divers destinés aux morts dont le voyage depuis le monde des esprits, qu'ils effectuent à cette période, demanderait un certain effort.
Le conseil de Kris ? Discutez avec les habitants. Dégustez le mole (une sauce épicée à base de piment et de chocolat). Et surtout savourez ce moment de recueillement léger qu'offre cette occasion. « Cette fête revêt une dimension profonde », explique la photographe, « ainsi qu'une sorte de sagesse ancienne. On s'amuse aussi énormément. C'est vraiment un événement à ne pas rater ».
À MEXICO
LE DÉFILÉ DE LA FÊTE DES MORTS
Impossible de passer à côté de cet événement d'envergure, quand bien même vous le souhaiteriez (ce qui n'est pas le cas). Cette procession de 6,5 kilomètres démarre dans la partie antique et luxuriante de la ville, se poursuit le long du Paseo de la Reforma et s'achève au Zócalo, place la plus importante de la capitale. Deux éléments viennent parachever le défilé : la Muerte Viva (la mort vit) rend hommage à l'histoire mexicaine de l'époque pré-colombienne jusqu'à nos jours, tandis que les squelettes dansants du carnaval des crânes constituent un clin d'œil festif au sens de l'humour mexicain et à la joie face à la mort. La photographe conseille d'arriver tôt à ceux qui souhaiteraient admirer le défilé au plus près.
LES MUSÉES
Parmi les superbes musées que compte la ville, un grand nombre proposent des expositions consacrées à la fête des morts. En plus de ses expositions habituelles dédiées à l'artisanat mexicain et à l'art populaire, le Museo de Arte Popular installe un immense autel pour le jour de la fête des morts. Ne manquez pas non plus l'Altar de Muertos au musée Dolores Olemedo Patiño, un établissement idéal pour la famille.
LA LLORONA
Cette expérience théâtrale unique en son genre a lieu sur l'île située au milieu des canaux de Xochimilco, qui remonte au temps des Aztèques. Spectacle grandiose de danses et de lumières, La Llorona (« la femme en pleurs ») rend hommage à une célèbre légende mexicaine selon laquelle une femme fantôme pleurerait ses enfants disparus. Les spectateurs assistent à la pièce à bord de bateaux à fond plat peints de couleurs vives. Une reconstitution des conquistadors qui, après une traversée des eaux, débarquent sur l'île surplombée d'une pyramide colorée bâtie pour l'occasion est également au programme du spectacle. Réservez vos billets à l'avance.
DANS L'ÉTAT DE PUEBLA
LES AUTELS DE PUEBLA ET DE HUAQUECHULA
Ces villes voisines offrent de merveilleuses promenades autour des autels dédiés à la fête des morts. À Puebla, armez-vous d'une carte de parcours pédestres et partez explorer les autels publics érigés spécialement à l'occasion des festivités. « C'est un moyen amusant de découvrir la ville », raconte la photographe, « et ce n'est absolument pas réservé aux touristes. J'ai eu l'impression d'être la seule Américaine à le faire. Vous tombez sur des lieux à côté desquels vous seriez passé en temps normal ». Kris doit probablement la meilleure journée du tournage à la petite ville de Huaquechula. « Les événements se succèdent de manière naturelle et spontanée ici. Les habitants vous invitent chez eux pour déguster la mole quand, tout à coup, de petits défilés investissent les rues, des personnes en costume se mettent à danser... Il y a des chemins de soucis à chaque coin de rue, indiquant aux défunts la voie jusqu'à leur foyer. C'est vraiment magnifique. »
CHIGNAHUAPAN
Élue pueblo magico (village magique), cette charmante ville ancienne réserve aux visiteurs une expérience féérique lors de la saison des célébrations. Le 1er novembre marque le début du somptueux festival des lumières et de la vie avec une marche aux chandelles à travers les ruelles. Une pièce de théâtre sur le lac et un spectacle flamboyant de feux d'artifice vous attendent le lendemain.
LES CIMETIÈRES
Kris recommande vivement de visiter certains cimetières car ils sont au cœur de la tradition. Vous risquez d'apercevoir des habitants en train de nettoyer les tombes ou de les orner de fleurs. Vous passerez devant de nombreux autels improvisés et entendrez probablement les mélodies des musiciens ambulants. L'atmosphère y est « douce et festive » selon la photographe qui encourage les visiteurs à savourer la chaleur et la convivialité propres à cette occasion. Il s'agit du moment de l'année où les défunts et les vivants communient ensemble ; ne manquez donc pour rien au monde les cimetières où règnent l'esprit de communauté et la communauté des esprits.