Les ours polaires pourraient totalement disparaître avant 2100
D’après une nouvelle étude, il est probable que quasi toutes les populations d’ours polaires s’effondrent d’ici 2100, si nous ne parvenons pas à maintenir le réchauffement climatique en dessous des 2°C.
Une ourse polaire se délasse après avoir allaité ses petits au parc national Wapusk, situé dans la province de Manitoba au Canada.
Les ours polaires s’accouplent au printemps mais ce n’est qu’une fois l’automne venu que les femelles tombent enceintes. Seules celles qui ont réussi à bien engraisser après avoir chassé tout l’été réussiront à mettre bas.
Ces mois de chasse fructueuse permettent à la femelle de prendre plus de cent kilos pendant la gestation. Les futures mamans ont besoin de toutes ces réserves de graisse pour hiberner avant de mettre bas. L’ourse polaire peut rester jusqu’à huit mois tapie dans une tanière creusée dans la neige sans manger ni boire.
Souvent, des jumeaux voient le jour. Les deux oursons passent plusieurs mois dans la tanière, en se délectant du lait maternel riche en matières grasses.
L’ourse dorlote ses petits pendant deux à trois ans, les gardant à l’abri de tout, y compris des mâles agressifs. Elle leur apprend également toutes les astuces de la vie sur glace : comment nager et chasser mais également comment creuser des tanières pour leurs futures familles.
« Les ours polaires ont longtemps été considérés comme des messagers des symptômes du changement climatique qui auront un impact sur toute vie, y compris les humains » déclare Steven C. Amstrup à National Geographic. Co-auteur de l’étude récemment parue dans Nature Climate Change, ce scientifique dirige les opérations au sein de Polar Bears International.
Ce chercheur s’intéresse depuis de nombreuses années à la répartition et aux schémas de déplacement des populations d’ours polaires (Ursus maritimus), et la façon dont les informations sur ces espèces peuvent être utilisées pour assurer une gestion judicieuse de ces populations.
On compte environ 25 000 ours polaires, répartis en dix-neuf sous-populations distinctes en Alaska, au Canada, au Groenland, sur les îles Svalbard à l’extrême Nord de la Norvège et en Sibérie. Or, la fonte de la banquise met en péril la pérennité de ces carnivores arctiques. Peu à peu, à mesure que les glaces de mer disparaissent, les ours polaires sont privés de nourriture, notamment de phoques annelés (Phoca hispida), principale source de gras, indispensables aux longs mois d’hibernation, et donc à leur survie. « Les femelles doivent avoir consommé assez de phoques pour stocker suffisamment de gras et produire suffisamment de lait pour nourrir leurs petits pendant tout le jeûne de l’été » précise le chercheur.
Plus précisément, c’est en estimant la minceur et la graisse des ours polaires, et en modélisant leur consommation d'énergie, que les chercheurs ont pu calculer le nombre seuil de jours pendant lesquels les ours polaires peuvent jeûner avant que les taux de survie des petits et / ou des adultes commencent à baisser.
L’ours polaire serait déjà en train de s’adapter à ces changements de températures. En termes de comportements alimentaires, certains commencent à manger de plus en plus d’oiseaux, d’algues et d’invertébrés présents dans ces algues. De plus, pour trouver de la nourriture, les ours s’aventurent désormais loin de leurs territoires initiaux et de plus en plus près des zones habitées par l’Homme, certains ont même été aperçus non loin d’habitations humaines.
« Si nous maintenons le réchauffement climatique à 2°C, nous sauverons les ours polaires sur une grande partie de leur aire de répartition actuelle. Mais cela nécessite une action mondiale rapide et coordonnée. Sans une telle action coordonnée, la perte des ours polaires sera la moindre de nos préoccupations » ajoute le chercheur. « J’ajouterais que, comme la glace de mer est en quelque sorte le réfrigérateur du globe, la perte de glace de mer aura un impact sur toute vie sur terre, y compris nous » conclut Steven C. Amstrup.