6 animaux qui font des beaux-pères exemplaires
Bien que peu nombreux, certains mâles à l'état sauvage prennent soin de petits qui ne sont pas forcément les leurs.
Vous êtes convaincu que votre famille n'est pas tout à fait normale ? À l'état sauvage, il arrive qu'un mâle tue le petit d'un de ses congénères afin de le remplacer par le sien. C'est le cas des lions, et même des dauphins. Aussi cruel que cela puisse paraître, la pratique est d'une logique déconcertante d'un point de vue génétique, pour faire disparaître l'ADN d'un rival.
Parfois, non seulement un mâle permettra à la progéniture de son rival de vivre, mais il en prendra soin. Ces papas de substitution ne se croisent pas souvent et suscitent des interrogations : pourquoi donc un mâle dépenserait-il son énergie à s'occuper de petits qui ne sont pas les siens ?
D'une part, la monogamie n'est pas la règle chez toutes les espèces et les comportements paternels peuvent aller de pair avec la polyandrie (un phénomène qui indique qu'une femelle a plusieurs partenaires, laissant ainsi le mystère planer sur la paternité).
« S'il y a des chances pour que le petit soit le sien, cela vaut la peine de le protéger et de contribuer à son éducation », explique David C. Geary, psychologue évolutionniste à l'université du Missouri.
D'autre part, devenir ou se faire passer pour un beau-père peut être une façon de tisser un lien spécial avec la mère du petit, « ce qui, en retour, augmente ses chances de reproduction avec elle », avance le psychologue.
Dans certains cas, un mâle peut s'accoupler régulièrement avec une femelle ou deux au sein d'un même groupe. Les femelles babouins qui sont des mères seules, par exemple, se font souvent harceler par les mâles ; si un mâle particulièrement attentionné vient à protéger le petit de l'une d'elles, la femelle en question est susceptible de faire preuve de gratitude en offrant au mâle dévoué sa propre progéniture.
D'après David C. Geary, être un mâle prévenant peut avoir un impact sur des relations sociales d'un autre genre : un mâle d'un rang inférieur peut faire un bond dans l'estime d'animaux plus dominants. C'est une forme de réseautage.
À l'occasion de la fête des pères, jetez un œil à ces cinq espèces de papas-gâteaux qui dorlotent leurs petits même lorsque l'identité de leur géniteur est inconnue.
LE MACAQUE BERBÈRE
De la même manière que les bébés qui ont ce pouvoir de rassembler les gens, les petits des macaques berbères ont cette faculté de « réduire les tensions entre les mâles voire d'instaurer un lien de parenté avec un autre mâle », déclare le psychologue évolutionniste.
Un macaque berbère mâle qui transporte un petit choisi au hasard pourrait ainsi grimper dans la hiérarchie du groupe, rivaliser avec les mâles de haut rang tout en assurant sa relation avec les mâles qui lui sont inférieurs.
Selon des études menées sur les taux de cortisol chez ces animaux d'Afrique du Nord, ce réseautage est source de stress pour les macaques désireux de gravir l'échelle sociale. Ces rapports indiquent que cela ferait précisément partie du jeu, envoyant ainsi le message : « regardez comme je gère bien ce stress, je suis un vrai mâle ! ».
L'ORQUE
Les orques mâles s'accouplent avec plusieurs partenaires mais n'occupent aucun rôle dans l'éducation de leurs propres petits.
Au lieu de cela, ils restent aux côtés de leur mère et l'aident à s'occuper de leur fratrie, des nièces, des neveux, tous conçus par des mâles inconnus.
D'après le Center for Whale Research situé dans l'État de Washington aux États-Unis, cette organisation sociale qui repose sur la coopération réduit la rivalité masculine et confère à tous ces pères un intérêt personnel dans la réussite de leurs petits.
LA BUSE DES GALÁPAGOS
Contrairement à certains oiseaux mâles qui aiment se mettre en travers de la progression d'autres mâles ou tuer les petits de leurs congénères, ces faucons insulaires sont des reproducteurs coopératifs doués pour le partage.
D'après des recherches menées dans les années 1990, tous les mâles du territoire se reproduisent avec une femelle de façon relativement équitable, de sorte à ce que chacun d'eux ait à peu près les mêmes chances de féconder ses œufs. Le mystère, dans ce cas précis, semble inciter tous les potentiels papas à donner le meilleur d'eux-mêmes dans le nid.
LE TAMARIN À SELLE
Les tamarins à selle mâles d'Amérique du Sud sont très prévoyants : ils prennent soin de petits quel que soit le père car les femelles sont susceptibles de les gratifier de leur propre progéniture à l'avenir.
Les bébés tamarins, qui naissent généralement par deux, sont à la fois assez grands pour justifier l'assistance de mâles lors de leur élevage et assez petits pour faire de la prédation une menace. Que davantage de soins soient apportés aux enfants est donc une bonne chose.
« La taille des petits et l'allègement de la charge qui repose sur les épaules de la mère grâce à l'aide des mâles permettent à cette dernière de procréer davantage (et d'avoir une durée de vie reproductive plus longue) », explique David C. Geary.
LE JACANA NOIR
Ces échassiers tropicaux d'Amérique centrale et du Sud présentent une organisation familiale peu conventionnelle. Selon le Cornell Lab of Ornithology (une organisation dédiée à l'étude des oiseaux), les femelles s'accouplent avec de nombreux mâles (un exemple de plus de polyandrie), mais ce sont cette fois les mâles qui se chargent de couver et d'élever les oisillons, quand bien même le mâle a plus de 70 % de chance de prendre soin d'un nid où il n'est pas le seul père.
Ils n'ont en réalité pas vraiment le choix : dénicher une partenaire aux mœurs moins légères demande du temps et des efforts. Il vaut donc mieux pour le mâle de consacrer toute cette énergie à un nid rempli de petits, même si seul l'un d'entre eux est le sien.