À l'envie, à la mort : ces cinq espèces s’accouplent jusqu'à en mourir
Les araignées, les anguilles et quelques mammifères ont une bonne raison de mourir après s’être reproduits.
Un couple de saumons rouges s’accouple dans une rivière de la Colombie-Britannique. Chez toutes les espèces de saumon du Pacifique, les individus meurent après la reproduction.
Trouver un partenaire n’est pas de tout repos. Si bien que certains animaux meurent après avoir rencontré leur moitié.
La sémelparité est une stratégie de reproduction au cours de laquelle les animaux mettent toute leur énergie disponible dans l’acte reproductif avant de mourir.
Un animal bien connu pour être sémelpare est l’antechinus, un petit mammifère originaire d’Australie à la vie courte. Les mâles se lancent dans un marathon sexuel (qui dure parfois jusqu’à 14 heures) avant que leur système immunitaire ne lâche et qu’ils tombent raides morts.
C’est ce que nous pourrions appeler le sacrifice parental : les antechinus mâles meurent en sachant qu’ils auront une descendance.
« L’avantage de cette stratégie réside dans le fait que les portées des espèces sémelpares sont plus nombreuses », explique Jeyaraney Kathirithamby, entomologiste à l’université d’Oxford.
UN PARASITE TORDU
Cette femelle parasite du genre Caenocholax-Strepsiptera s’est encapsulée dans un criquet. Elle se reproduira, aura ses petits et mourra ici.
Chez les strepsiptères, des parasites aux ailes tordues, les femelles produisent entre 1 000 et 750 000 larves par acte reproductif.
Ces animaux ont des modes de vie très particuliers. Les femelles se plantent dans le corps d’un hôte, à l’instar des abeilles sauvages, pour ne jamais le quitter. N’ayant pas besoin d’ailes, d’yeux, de pattes ou d’antennes, elles conservent une apparence juvénile et ressemblent à de minuscules chamallows.
La seule partie de leur corps qui dépasse de l’hôte est le canal incubateur, une ouverture par laquelle les mâles inséminent la femelle et d’où émergent les larves.
Les mâles, qui ont une espérance de vie allant jusqu’à 6 heures, volent à la recherche des femelles ainsi encapsulées, se reproduisent avec, puis meurent, indique l’entomologiste. La femelle meurt à son tour une fois que les larves ont émergé.
LA MYSTÉRIEUSE REPRODUCTION DES ANGUILLES
Les poissons figurent parmi les espèces les plus fertiles.
Parmi les saumons du Pacifique, qui meurent après avoir frayé, le saumon royal dépose ainsi jusqu’à 5 000 œufs.
Les anguilles d’Amérique peuvent produire jusqu’à 30 millions d’œufs à la fois, mais leur vie sexuelle demeure un mystère, souligne John Casselman, professeur à l’université Queen’s dans l’Ontario (Canada).
Ces anguilles atteignent la maturité sexuelle à l’âge de 20 ans, après quoi elles partent pour la mer des Sargasses. Bien que les scientifiques n’aient pas encore observé de frai, qui se produirait à de grandes profondeurs, ils ont constaté que de nombreuses larves d’anguilles venaient de cette zone.
Nous pourrions bien ne jamais lever le voile sur la reproduction de l’anguille d'Amérique, l’espèce étant menacée par la surpêche et l’obstruction de son habitat causée par les barrages.
LE SENS DU SACRIFICE
Ce couple de mantes religieuses mourra juste après l’accouplement. Il arrive parfois que la femelle exprime un comportement cannibale en mangeant la tête du mâle.
Si les araignées femelles ont souvent la réputation d’être des sanguinaires qui dévorent leur partenaire, les femelles Stegodyphus lineatus se tuent pour nourrir leur progéniture.
Une fois que les premiers œufs ont éclos, « les mères régurgitent d’abord de la nourriture pour leurs petits avant de se laisser dévorer par ces derniers », décrit Catherine Scott, doctorante à l’université de Toronto (Canada).
Chez d’autres espèces d’araignées, les mâles sacrifient leur corps pour s’assurer qu’ils sont bien le père.
Les mâles « sont dotés de deux organes de transmission spermatique appelés pédipalpes » qu’ils insèrent l’un après l’autre dans les deux réservoirs à sperme des femelles, ajoute la doctorante. Les araignées mâles orbitèles du genre Argiope meurent après avoir inséré ce second pédipalpe.
Après la mort, « le corps du mâle pend de l’orifice génital de la femelle », de sorte que les autres mâles ne peuvent s’accoupler avec cette dernière.
Les mâles Argiope s’accouplent souvent avec des femelles qui viennent tout juste de muer, et qui ne peuvent donc pas les manger. Si la femelle est plus âgée en revanche, « elle le dévorera très vite après sa mort », explique Catherine Scott.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.