Ces cinq animaux ont un comportement cannibale
Voici des animaux pour qui l’expression « J’aimerais t’avoir à dîner » est une terrifiante invitation.
Ces chiens de prairie à queue noire ont l’air d'être très mignons, mais…
Que fait un cannibale vexé que ses invités arrivent en retard à un dîner ? Il en fait tout un plat.
Certaines personnes goûtent peu l’humour cannibale, mais pour certains animaux, c’est du sérieux.
LE REQUIN-TAUREAU
On dit que plus on apprend une chose tôt, mieux on la retient. Eh bien, pas étonnant que les requins soient des tueurs redoutables : ils commencent avant même d’être nés.
Selon CBC, chez les requins-taureaux (Carcharias taurus), les femelles ont beau entamer leur gestation avec six ou sept embryons dans leurs deux utérus, seul un embryon par utérus verra le jour. En effet, le premier à sortir de son oothèque se repaît de ses frères et sœurs.
Un requin-taureau nageant au large de la Caroline du Nord.
Quand le bébé requin en a fini avec ses congénères, il s’en prend aux ovules non fertilisés qui sont entrés dans l’utérus. Ce régime protéiné fonctionne : mesurant déjà près d’un mètre à la naissance, le nouveau-né a peu de chances de devenir une proie.
LE CHIEN DE PRAIRIE
Ce sont les tueurs en série cannibales infanticides les plus mignons que vous ayez jamais vus. Tous les chiens de prairie (Cynomys) ne méritent pas d’être ainsi qualifiés, mais nous savons, grâce à aux recherches obstinées de John Hoogland, écoéthologue du Centre des sciences environnementales de l’Université du Maryland, que certains méritent bel et bien ces épithètes.
Après un impressionnant travail de détective, le chercheur a découvert des cas de cannibalisme chez les chiens de prairie à queue noire (Cynomys ludovicianus). « Nous avons remarqué que presque toutes les femelles s’accouplaient, mais que très peu élevaient des petits », explique John Hoogland, qui a entamé ses recherches sur ces rongeurs en 1974.
L’équipe de recherche a également remarqué que les femelles allaient dans le terrier de leurs plus proches parentes et que « quand elles ressortaient, elles avaient souvent du sang sur la face ».
Les mères tapies dans ces terriers ne montraient plus aucun signe de comportement maternel. Finalement, après maints efforts, « nous avons retrouvé là-dessous des bébés décapités en grande partie cannibalisés », raconte John Hoogland. « Nous avions notre preuve irréfutable. »
Une autre espèce, le chien de prairie de l’Utah (Cynomys parvidens), mange lui aussi ses petits, mais ce comportement demeure rare, voire inexistant, chez les autres espèces.
« Mon hypothèse phare, c’est que la compétition est si extrême que, parfois, la sélection naturelle pousse les chiens de prairie à tuer les petits de leurs proches, car cela augmente les chances de survie de leurs propres petits », explique John Hoogland.
CRAPAUD-BŒUF
Quid des grenouilles ? Les têtards des crapauds-bœufs, naturellement présents en Amérique du Sud, aiment se repaître d’œufs d’autres crapauds-bœufs qu’ils flairent sous l’eau. Plus précisément, ce sont des toxines protégeant ces œufs qui les attirent, les bufadiénolides.
Selon une étude de l’Université de Sydney et de l’Université James-Cook parue en 2011, ce caviar nutritif leur permet de grandir et d’éliminer la concurrence future.
Des milliers de crapauds-bœufs attendent d’être euthanasiés par le froid à Cairns, en Australie.
Mais cela ne concerne pas que les petits : en 2008, une étude a montré que les crapauds-bœufs agitent l’orteil central de leur patte arrière en guise de leurre afin d’attirer des proies, notamment de jeunes crapauds.
Mais cela ne concerne pas que les petits : en 2008, une étude a montré que les crapauds-bœufs agitent l’orteil central de leur patte arrière en guise de leurre afin d’attirer des proies, notamment de jeunes crapauds.
LES SERPENTS
Ce n’est pas parce que vous êtes un snake que vous ne finirez pas en snack : certaines espèces de couleuvres (Thamnophis) et de serpents-rois (Lampropeltis) peuvent s’entredévorer si elles sont hébergées ensemble. En 2009, une étude portant sur des serpents à sonnette mexicains à tête de lance (Crotalus polystictus) a montré que 68 % des jeunes mères mangeaient tout ou partie de leurs petits n’ayant pas survécu, probablement afin de se procurer les nutriments nécessaires pour se reproduire de nouveau.
Un article magnifiquement évocateur paru en 1901 dans le New York Times décrit une imposante femelle cobra du zoo du Bronx qui s’est repue avec un tel enthousiasme des serpents noirs qu’on lui a fournis que « déjà son appétit à raréfié les serpents noirs au sein du parc ».
LA VEUVE NOIRE D’AUSTRALIE
« Avoir quelqu’un dans la peau », « dévorer des yeux », « s’offrir à bouche que veux-tu » ; le désir sexuel humain ne manque de métaphores digestives. Mais dans le monde des arachnides et des insectes, ce ne sont pas des images.
Certains insectes et arachnides pratiquent le cannibalisme sexuel ; la femelle dévore le mâle après l’accouplement. La veuve noire d’Australie (Latrodectus hasselti) fait à la fois preuve d’un tempérament acrobatique et d’une délicieuse malveillance à cet égard.
Veuve noire d’Australie femelle à Albany, en Australie-Occidentale.
Le mâle se sacrifie à la femelle en réalisant des sauts périlleux sur les pièces buccales de la femelle durant l’acte sexuel et est capable de transférer son sperme tout en se faisant dévorer.
En 2003, une étude de Maydianne Andrade de l’Université de Toronto à Scarborough a montré que les mâles qui sont ainsi cannibalisés (phénomène qui se produit 65 % du temps) s’accouplent bien plus longtemps et engendrent une progéniture deux fois plus nombreuse que les autres. Alors, prêt pour votre quatre heures ?
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.