Les orques, grandes prédatrices des mers, continuent de surprendre les scientifiques

Voici quelques-unes de nos histoires préférées concernant les prédatrices de l'océan, qu'il s'agisse de couler des bateaux ou d'abattre des cachalots.

De Christine Dell'Amore
Publication 6 mai 2024, 16:50 CEST
Les orques (photo d'un groupe d'orques en Norvège) sont probablement les vertébrés les plus répandus sur ...

Les orques (photo d'un groupe d'orques en Norvège) sont probablement les vertébrés les plus répandus sur la planète.

PHOTOGRAPHIE DE Paul Nicklen, National Geographic Image Collection

Les orques continuent de faire régulièrement la Une de la presse, et à raison. Les prédatrices ultimes de l'océan ne cessent de nous surprendre.

Ces delphinidés versatiles (oui, elles sont de la même famille que les dauphins) sont probablement les vertébrés les plus répandus sur la planète. Leurs zones d'habitat s’étendent des régions polaires sud à l'Équateur. Les orques sont opportunistes : elles se nourrissent de poissons, de pingouins et de mammifères marins comme les phoques, les otaries, et même les baleines. Et elles ont développé des méthodes ingénieuses pour se nourrir.

Quelques orques de l’Antarctique travaillent en groupe pour créer des vagues qui font tomber les phoques de calottes glaciaires flottantes. D'autres ont trouvé le moyen d'extraire le foie des grands requins blancs, parfois seules et en quelques minutes seulement.

Les orques sont fascinantes à observer et, comme ce sont des créatures côtières, il est possible d'en apercevoir lors de croisières touristiques dans le monde entier. C'est une expérience que Robert Pitman, biologiste marin à l'Institut des mammifères marins de l'Université de l'État de l'Oregon, suggère de faire au moins une fois dans sa vie. « C'est le plus gros des super-prédateurs qui existent sur notre planète aujourd'hui », a déclaré Pitman à National Geographic. « Nous n'avons rien vu de tel depuis que les dinosaures ont disparu. »

De quoi ces impressionnantes carnivores sont-elles capables ? 

 

1 - LES ORQUES NOMADES PROSPÈRENT EN HAUTE MER ET MANGENT DE GROSSES BALEINES

En mars 2024, des scientifiques ont signalé l'existence d’une toute nouvelle population d'orques. Des animaux sillonnent les hautes mers, chassant les grandes baleines et d'autres proies énormes.

Selon l'étude parue dans Aquatic Mammals, ces habitantes de la haute mer ont été repérées souvent bien au-delà du plateau continental, où les eaux peuvent atteindre des profondeurs de plus de 4 500 mètres.

Cette nouvelle population se nourrit de proies assez considérables, comme des cachalots, des éléphants de mer et des dauphins.

« La haute mer n'abrite pas beaucoup de grands prédateurs. Elle est souvent décrite comme un désert géant. Nous ne nous attendions donc pas à trouver autant d'animaux différents », explique Josh McInnes, responsable de l'étude actuellement étudiant à l'Institut des océans et des pêches de l'université de Colombie-Britannique. Son équipe prévoit de poursuivre ses recherches.

 

2 - CES ORQUES SE JOUENT DES VAGUES POUR CHASSER

Dans l'Antarctique, une centaine d'orques environ ont assimilé une technique de chasse appelée la technique des vagues. Le secret : travailler en équipe pour faire de l'eau une arme.

Les orques, après avoir identifié leur cible, se mettent en ligne et commencent à charger le phoque se trouvant sur un bloc de glace. Juste avant de l'atteindre, elles se tournent sur le côté en un seul mouvement synchronisé et plongent sous l'eau.

L'impulsion crée une vague si puissante qu'elle inonde le morceau de glace, fracture sa surface et frappe de plein fouet le phoque qui se débat. Lentement et méthodiquement, elles répètent la charge. La glace se fracture davantage.

À la troisième charge, la vague projette le phoque dans la mer. Il se débat pour retourner sur le bloc de glace, puis disparaît, happé vers le bas par une orque.

Rare : des orques jouent avec un phoque avant de le tuer

On le sait désormais, les orques sont capables de venir à bout des plus terrifiants prédateurs des mers.

Les nouvelles images, prises à Mossel Bay, montrent une orque connue sous le nom de Starboard en train de tuer un grand requin blanc juvénile de deux mètres de long et de lui retirer son foie, le tout en moins de deux minutes. L'orque défile ensuite devant le bateau du vidéaste avec le foie ensanglanté dans la bouche. Starboard chasse généralement aux côtés de son parent, Port, près du Cap, en Afrique du Sud, mais cette fois-ci, il était seul.

Les orques sont connues pour travailler en groupe pour chasser même les plus grosses proies, ce qui rend le comportement de Starboard très différent, explique Alison Towner, spécialiste des requins à l'université de Rhodes, qui a dirigé une étude publiée dans la revue African Journal of Marine Science

« La stratégie de prédation de Starboard nous a vraiment surpris », déclare Towner. « Auparavant, nous l'avions observé en train de chasser avec d'autres individus, notamment un travail d'équipe pour capturer les requins blancs et accéder à leur foie. »

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    Selon certains experts, Port et Starboard, qui nagent ici dans les eaux de Mossel Bay en 2023, pourraient apprendre à d’autres orques comment extraire le foie des requins.

    PHOTOGRAPHIE DE Christiaan Stopforth

     

    4 - DES ORQUES TUENT DES MARSOUINS POUR S'AMUSER 

    En 2005, Deborah Giles a été témoin d'un événement qu'elle n'oubliera jamais : un marsouin mort, passant d'un museau à l'autre dans un groupe d'orques au large de l'État de Washington.

    « Qu'est-ce qui se passe ? » s'est alors interrogée Deborah Giles, directrice scientifique et de recherche de l'organisation à but non lucratif Wild Orca, basée dans l'État de Washington. « Cela n'avait aucun sens » se remémore-t-elle.

    Les scientifiques ont enregistré pour la première fois ce comportement chez les orques résidentes du sud en 1962. Depuis, des témoins oculaires ont observé plus de soixante-dix incidents de ce type, avec un pic de dix incidents en 2005.

    Travaillant souvent en équipe, ces orques piscivores poussent les marsouins avec leur museau, les tiennent dans leur bouche et les portent au-dessus de l'eau. Parfois, les orques jouent avec leurs victimes, leur permettant de s'échapper avant de les capturer de nouveau. D'autres sont plus agressives, lançant le marsouin, le frappant avec leurs nageoires ou le secouant dans leur bouche. 

    Ce comportement intrigue les scientifiques, qui supposent que ces prédatrices intelligentes prennent probablement cela... pour un jeu.

     

    5 - LES ORQUES TRAVAILLENT EN ÉQUIPE POUR COULER DES BATEAUX

    Depuis trois ans, une population d'orques au large de la péninsule ibérique attire l'attention et suscite l'angoisse des marins en attaquant et même en coulant des bateaux dans la région.

    La première attaque enregistrée a eu lieu dans le détroit de Gibraltar en mai 2020, et des dizaines de cas ont été enregistrés depuis. La plupart des incidents sont remarquablement cohérents, impliquant généralement un petit groupe d'orques attaquant le gouvernail de petits voiliers avant de s’éloigner.

    En juin et novembre 2022, des attaques ont provoqué le naufrage de deux bateaux ; en mai 2023, un bateau gravement endommagé a coulé alors qu'il était remorqué vers le rivage.

    « Il est tout aussi raisonnable de suggérer qu'elles font cela parce qu'elles le peuvent, parce que c'est amusant », déclare Hanne Strager, cofondatrice du Andenes Whale Center en Norvège et autrice du livre The Killer Whale Journals.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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