Pour se défendre, ces insectes se fabriquent des carapaces

La phrygane est l’un des nombreux insectes qui font preuve de créativité pour se protéger de leurs prédateurs.

De Liz Langley
Publication 12 août 2024, 11:42 CEST
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Sur ce portrait réalisé en studio : une phrygane dans son fourreau protecteur.

PHOTOGRAPHIE DE Joël Sartore, National Geographic Photo Ark

Nombre d’insectes ont connaissance du pouvoir des boucliers naturels. Par exemple, les larves de phryganes, qui ne mesurent parfois qu’une vingtaine de millimètres de long, sont peut-être les plus petits artisans qu’il existe sur Terre.

Ces insectes aquatiques, que l’on trouve dans le monde entier, excrètent une soie collante avec leurs glandes salivaires et l’utilisent pour construire un fourreau rigide à partir d’objets de leur habitat, notamment des pierres, des feuilles et des coquillages.

Les matériaux et les formes varient en fonction des espèces et de leur silhouette, explique Kate Boersma, entomologiste à l’université de San Diego.

Certaines fabriquent de longs tubes plats « qui ressemblent à des sacs de couchage, tandis que d’autres élaborent des fourreaux en spirale qui ressemblent à des coquilles d’escargot », poursuit-elle.

Ces fourreaux les protègent des prédateurs, de sorte qu’« elles puissent se déplacer comme de petits aspirateurs sans craindre d’être dévorées », indique l’entomologiste.

Les larves de phryganes passent jusqu’à deux ans dans leur fourreau avant de devenir adultes. Ce n’est pas étonnant : elles sont si jolies que certains artistes les récoltent et transforment les fourreaux abandonnés en bijoux.

 

LE FULGORE PORTE-LANTERNE

On pourrait croire que ces fulgores des forêts humides américaines et caribéennes possèdent une caboche en forme de cacahuète mais il s’agit en réalité d’une protubérance creuse qui protège leur vraie tête.

Parfois appelés « mouches cacahuète », les fulgores porte-lanterne (Fulgora laternaria) disposent de nombreux moyens de défense pour dissuader leur ennemi, un lézard mangeur d’insectes, a affirmé Jo-Anne Sewlal, entomologiste à l’université des Indes occidentales.

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Un fulgore porte-lanterne dans le parc national naturel Amacayacu, en Colombie.

PHOTOGRAPHIE DE Thomas Marent, Minden Pictures, Nat Geo Image Collection

L’insecte possède par exemple d’énormes ocelles afin de paraître plus gros, la capacité de libérer une substance à l’odeur nauséabonde en cas de menace, et, enfin, cette protubérance creuse, qu’un prédateur peut saisir à la place de la vraie tête, a-t-elle ajouté.

 

LA CASSIDE DORÉE

Les larves de cassides dorées (Charidotella sexpunctata) disposent d’un appendice postérieur formant une fourche qu’elles peuvent ramener au-dessus d’elles-mêmes comme un auvent. Sur celle-ci, elles empilent des excréments, leur ancien exosquelette ou les deux, selon l’espèce de casside. Ce « bouclier fécal » rebute les prédateurs.

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    La casside dorée est un parent étonnamment attentionné.

    PHOTOGRAPHIE DE Joël Sartore, National Geographic Photo Ark

    « Les larves sont alertes et réagissent rapidement aux menaces, déclare Caroline Chaboo, entomologiste à l’université de Nebraska-Lincoln, qui a décrit dans une étude de 2011 les défenses uniques en leur genre de ces coléoptères.

    Lorsqu’un prédateur s’approche, les larves de la casside dorée se rassemblent en un cercle défensif, « comme un troupeau de bisons », détaille-t-elle.

    Les insectes « orientent leur tête au centre et leur extrémité arrière vers l’extérieur », ajoute l’entomologiste. « Ils peuvent mettre en mouvement leur corps à l’unisson, agitant les boucliers ensemble » en direction de l’ennemi.

    Comme pour les bisons, les petits coléoptères restent au centre du cercle et les mères ramènent ceux égarés en-dehors.

    « C’est vraiment très mignon », s’extasie Caroline Chaboo, ajoutant que ce sont des mères « impressionnantes ».

     

    LES RÉDUVES

    Les réduves, qui vivent partout sur le globe, injectent à leurs proies des agents paralysants et des enzymes digestives, leur permettant ainsi de les réduire à l’état de « smoothie d’insecte ».

    Ces insectes de l’ordre des hémiptères finissent toutefois par être confrontés à la question que se posent la plupart des tueurs : que faire du corps ?

    Les réduves portent sur leur dos les cadavres de leurs victimes, qui leur servent à la fois de bouclier et de camouflage.

     

    PENTATOMIDAE  ET SCUTELLERIDAE

    Présents dans le monde entier, les Pentatomidae, communément appelés « punaises à bouclier », doivent leur nom à leur énorme scutellum, du mot latin scutum, qui signifie naturellement « bouclier ». Cette structure, qui recouvre l’abdomen et le thorax, protège leur corps des prédateurs.

    Même M. Indestructible admettrait que de tels boucliers sont bien mieux que des capes.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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