L'Union européenne s'engage pour la préservation des océans
L’Union Européenne, consciente de l’enjeu majeur de la préservation des océans, a commandé un rapport annuel sur l’état des océans.
Les océans représentent 71 % de la surface de la Terre, et stockent 90 % des émissions produites par l'activité. Leur préservation est un enjeu majeur dans la lutte contre le changement climatique. Pour la toute première fois, l’Union européenne commande un rapport annuel nommé « Ocean State Report », une démarche inédite confiée à Mercator Océan, un centre français d’analyse et de prévisions océaniques, dans le cadre du Copernicus Marine Service, un programme de l’Union Européenne.
Pour rédiger la première édition de ce rapport, plus de 80 experts, venant de 25 institutions européennes différentes, ont collaboré et ont établi un bilan de la situation des océans. Pour ce premier rapport, la période d’étude va de 1993 à 2015. Les éditions suivantes baseront leurs analyses à partir de ce premier document de référence. Si l’initiative est inédite, elle est surtout indispensable pour la prise de décisions au sein de l’Union Européenne. Ce document aura un rôle référent pour les décideurs politiques sur les questions climatiques et même commerciales, les océans demeurant l’un de principaux biais d’imports/exports.
UN PREMIER BILAN ÉDIFIANT
Les océans sont de véritables régulateurs climatiques grâce à leur propriété de « tampon énergétique et biogéochimique ». Le terme est barbare mais il représente bien ce rôle d’absorption de chaleur et de pollution qu’ont les océans, ce qui explique également qu’ils soient si important dans l'équilibre de notre planète.
Entre 1993 et 2015, les mers de glace en Arctique ont été parmi les eaux les plus affectées avec un recul des glaces de 76 300km³ par an en moyenne. La banquise a perdu environ 16 % de terrain sur cette période. Conséquence de la fonte des glaces, les scientifiques ont observé la hausse du niveau des mers de 3,3 millimètres par an. Le rapport révèle que le niveau des mers est un phénomène très préoccupant car de plus en plus instable : tandis que la majorité des mers montent, certaines baissent dangereusement. Par exemple, ces dernières années la mer baltique a connu des niveaux très hauts alors que d’autres étendues d’eau de cette région du globe avaient atteint un niveau d’eau significativement bas.
Ces déséquilibres contribuent fortement à l’augmentation de la violence des tempêtes sur les zones côtières. D’autant plus que, au-delà du choc de la tempête pendant son passage, ces phénomènes laissent des traces. Les experts ont observé que suite au passage de El Niño, l’eau s’était fortement réchauffée en surface et en subsurface du Pacifique central jusqu’au Pérou et à l’Equateur.
L’année 2015 marque également l’apparition inhabituelle d’algues toxiques, principalement en mer baltique. Dangereuses aussi bien pour l’homme que pour la biodiversité marine, ces algues affectent la pêche, l’aquaculture et le tourisme dans ces régions. Les répercutions commerciales sont lourdes pour la région.
Si le rapport soulève beaucoup de questions que l’Union Européenne va devoir considérer, il est également important de souligner les nuances qu'il apporte. Quelques raisons de rester optimistes subsistent. Entre autres, contrairement au recul des glaces en Arctique, de 1993 à 2015, l’Antarctique a lui connu une forte extension de sa banquise.