L'exploration spatiale, ultime frontière de l'humanité
L'humanité cherche à comprendre l'espace et les mondes qui le composent depuis des millénaires. Comment cette quête infinie de connaissances est-elle passée de l'imaginaire à la réalité ?
Le 7 février 1984, dans le cadre d'une mission de la navette spatiale Challenger, Bruce McCandless est devenu le premier astronaute à réaliser une sortie extravéhiculaire libre, c’est-à-dire à s’être déplacé librement dans l’espace sans être rattaché à un vaisseau.
Il y a bien longtemps, avant que les Hommes ne découvrent l’existence de l’immensité qui s’étend au-delà des nuages, le ciel et les étoiles n’étaient habités que par des dieux et ne pouvaient s’expliquer que par le biais de mythes et de fables. Une série de découvertes, parsemées de fausses routes et d’impasses, a cependant fini par ébranler ces croyances anciennes et par donner à l’humanité la capacité de mettre au jour d’étranges vérités qui permettraient de leur donner une bonne leçon d’humilité.
C’est alors que l’odyssée de la découverte cosmique a commencé… et cette longue quête de connaissance n’a jamais pris fin. Lentement mais sûrement, un nouvel univers bouillonnant de molécules, tapi de terrifiants trous noirs, de vide et de galaxies de toutes tailles et de toutes formes est apparu aux yeux de l’humanité, laissant entrevoir d’incalculables mystères.
Qu’est-ce qui a permis à l’Homme de s’aventurer au-delà de son territoire, physiquement et intellectuellement, et de s’envoler vers ce grand inconnu ? Grâce à quelles idées, quel courage, quels échecs et succès technologiques avons-nous pu acquérir les connaissances dont nous disposons aujourd’hui ? Et quelles réalisations époustouflantes, qui frôlent parfois les limites de notre compréhension, nous permettent d’entrevoir un vaste cosmos qui reste encore à explorer ?
L’immensité, le vide, l’obscurité et le froid sont autant de concepts qu’une espèce carbonée au corps chaud et confortable, qui n’a évolué que récemment et qui vit sur une planète ensoleillée en plein cœur de la Voie lactée ne peut qu’avoir du mal à saisir. Si nous ne savions pas déjà que la Terre tourne autour du Soleil, et non l’inverse, nous aurions du mal à le découvrir par nous-mêmes. Si nous ne savions pas que notre système solaire comprend huit planètes, des centaines de milliers d’astéroïdes et des millions de comètes, nous pourrions à juste titre supposer que notre petit coin du cosmos n’est composé que de la Terre et des cinq planètes visibles à l’œil nu dans notre ciel nocturne. Pour parvenir à de telles découvertes qui ont eu une importance fondamentale dans notre compréhension de l’Univers, les humains ont dû quitter le nid.
La force qui permet à la Terre de rester intacte, qui lie notre Lune à la Terre et la Terre à notre Soleil, a également maintenu notre espèce sous les nuages pendant la quasi-totalité de son existence. Il n’est pas aisé d’échapper à la gravité terrestre, ce qui explique peut-être pourquoi le premier vol motorisé des frères Wright, en 1903, et l’alunissage d’Apollo 11, en 1969, figurent aujourd’hui en tête de la liste des plus grandes réalisations humaines. Depuis lors, des milliers de satellites, des centaines de sondes spatiales, des rovers et même des hélicoptères ont été envoyés depuis la Terre vers l’espace, et notre système solaire est devenu un véritable terrain de jeu pour les explorateurs.
Et ce terrain continue de s’étendre. En 2012, la sonde spatiale Voyager 1 est partie explorer le milieu interstellaire et s’est ainsi aventurée au-delà de notre système solaire, mais pas avant de faire des mystérieuses planètes et lunes qui le composent de superbes sources d’émerveillement. La dernière mission de Voyager n’est pas terminée : le petit vaisseau transporte un disque d’or baptisé The Sounds of Earth, qui contient des enregistrements audio, tels que des chansons, des sons provenant de la Terre et des espèces qu’elle abrite, et vise à saluer tout être ou tout objet susceptible d’intercepter le message. Voyager poursuit ainsi l’éternelle quête de l’espèce humaine : celle de mettre au jour ce qui existe au-delà de ce que nous pouvons voir ou toucher.
Depuis 2022, le télescope spatial James Webb prolonge d'autant plus cette odyssée en nous dévoilant, par exemple, des images de la lumière la plus ancienne jamais observée et en nous rappelant toute l’immensité de l’univers qui nous entoure. Sa toute première image de champ profond, partagée en juillet 2022, a révélé au grand jour des milliers de galaxies faibles et lointaines, dont plusieurs se sont formées il y a pas moins de 13,7 milliards d’années, nous permettant ainsi de nous rapprocher un peu plus du Big Bang.
Imaginez-vous expliquer cette image composite à Newton ou à Galilée, dont la compréhension radicalement nouvelle de l’univers avait déjà, à leur époque, bouleversé le monde de la chrétienté et ébranlé tout ce que l’humanité pensait savoir. Imaginez-vous leur révéler que nous ne sommes qu’une planète parmi des billions d’autres au sein d’un univers qui n’a pas de fin tangible et que, en plus de tout ça, la physique quantique et la relativité générale suggèrent qu’il pourrait exister non pas un, mais d’innombrables autres univers au-delà du nôtre.
Bienvenue dans l’odyssée cosmique, un voyage de découverte passionnant à travers l’espace-temps.
L’astrophysicien et auteur à succès Neil deGrasse Tyson s’est vu décerner la plus haute distinction de National Geographic, la médaille Hubbard, destinée à récompenser l’ensemble des travaux de recherche, de découverte et d’exploration réalisés au cours d’une vie. Lindsey Nyx Walker, productrice et scénariste principale du podcast à succès StarTalk, animé par Neil deGrasse Tyson, est sa coautrice dans le cadre du nouvel ouvrage To Infinity and Beyond, édité par National Geographic.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.