DD0 68, une galaxie pas si lointaine et très énigmatique
Une étrange petite galaxie, qui semble bien trop jeune pour évoluer près de la Terre, est pourtant notre voisine. Située à seulement 41.2 millions d'années-lumière, DDO 68 semble primordiale par sa composition et sa forme. Mais est-ce bien le cas ?
Une petite galaxie étrange, qui semble bien trop jeune pour vivre dans notre voisinage, évolue sur le pas de notre porte cosmique. Située à seulement 41.2 millions d'années-lumière de la Terre, la galaxie naine DDO 68 (aussi connue comme UGC 5340) semble primordiale par sa composition et sa forme. Mais est-ce bien le cas ?
La masse vaporeuse d'étoiles et de gaz n'a pas encore fusionné en une structure identifiable, telle qu'une spirale ou une ellipse. De plus, sa composition élémentaire est simple et ressemble à celle de l'univers beaucoup plus jeune.
Normalement, de telles galaxies naissantes ne se trouvent pas à moins d'un milliard d'années-lumière de la Terre. Il faut beaucoup de temps à la lumière des objets primordiaux pour traverser l'univers et parvenir jusqu'à nous ; c'est pourquoi la découverte de ces petites capsules temporelles peu lumineuses se fait généralement très, très loin.
En d'autres termes, en observant le ciel les astronomes remontent le temps jusqu'à l'époque où l'univers était beaucoup plus jeune. À travers les lentilles de télescopes comme le télescope James Webb, nous voyons ces objets tels qu'ils étaient il y a des milliards d'années.
Lorsque nous scrutons le ciel plus près de la Terre, nous avons tendance à trouver des galaxies plus anciennes, plus grandes et plus évoluées. À mesure que ces agglomérations d'étoiles mûrissaient au fil des éons, elles se sont transformées en versions plus jeunes et plus simples d'elles-mêmes pour devenir les structures spectaculaires et complexes que nous voyons aujourd'hui. Elles ont des formes distinctes, sont peuplées d'étoiles plus ou moins jeunes, plus ou moins grandes, et à la composition élémentaire plus ou moins complexe.
C'est pourquoi la découverte de DDO 68 a été une surprise : elle semblait beaucoup trop jeune pour se trouver là où elle se trouvait, un peu comme un enfant qui se présenterait à l'université.
Mais DDO 68 est-elle aussi jeune qu'elle en a l'air ?
Une équipe d'astronomes dirigée par Raffaele Pascale de l'Observatoire astronomique de Bologne, en Italie, s'est intéressée à DDO 68 et à ses singularités pour le moins déconcertantes. Les chercheurs ont effectué des simulations hydrodynamiques afin de reproduire la plupart des observations structurelles et cinématiques de cette galaxie réalisées ces dernières années.
Et au fil de ces stimulations, les astronomes ont découvert que DDO 68 est très probablement le résultat de l'interaction entre trois systèmes, à savoir une galaxie dominante, DDO 68, dont la masse dynamique est de l'ordre de 10 milliards de masses solaires, et deux galaxies satellites plus petites, dont les masses sont d'environ 0,05 et 0,0067 fois la masse de DDO 68.
La singularité de cette galaxie naine ne serait donc pas due à une interaction avec un compagnon céleste plus petit, mais plus probablement le résultat d'une série d'accrétions de systèmes plus petits.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise en 2014. Il a été mis à jour par l'équipe de rédaction française pour les besoins de cette publication.