Norouz : célébrer le printemps et la nouvelle année du calendrier persan

La fête de Norouz, ou nouvel an du calendrier persan, célèbre depuis trois mille ans la victoire du printemps sur les ténèbres.

De Erin Blakemore
Publication 23 mars 2020, 11:29 CET
Des Irano-Américains accueillent la nouvelle année en dansant, pendant le festival de Norouz à Chicago en ...
Des Irano-Américains accueillent la nouvelle année en dansant, pendant le festival de Norouz à Chicago en 2016.
PHOTOGRAPHIE DE Hossein Fatemi, Panos Pictures, Redux

Dans l’hémisphère Nord, le 20 mars marque le début du printemps. Pour trois cents millions de personnes à travers le monde, c’est également le début d’une nouvelle année. Norouz – qui signifie « nouveau jour » – est une fête traditionnelle qui célèbre le nouvel an en Iran, quand le calendrier solaire coïncide avec l’équinoxe vernal.

Les Iraniens du monde entier commémorent cette fête depuis plus de trois mille ans. Elle prend ses racines dans le zoroastrisme, une religion de la Perse ancienne qui considérait l’arrivée du printemps comme un triomphe sur les ténèbres. La fête a survécu à la fois à la conquête islamique de la Perse au 7e siècle et au déclin du zoroastrisme. À travers les âges, la diaspora perse a réussi à perpétrer la tradition aux quatre coins de la planète. 

Les préparatifs pour la fête de Norouz, célébrée traditionnellement le jour de l’équinoxe du printemps, commencent des semaines avant. On se met à danser et, pour éloigner le mauvais œil, on remplit les seaux d’eau, synonyme de bonne santé.

De jeunes gens sautent par-dessus les flammes pour s'attirer la bonne fortune, lors de cette commémoration de Norouz à Los Angeles en Californie.
PHOTOGRAPHIE DE Lynsey Addario, Nat Geo Image Collection

Beaucoup célèbrent également Charshanbe Suri, le dernier mercredi avant Norouz. Au cours de cette fête du feu, on saute par-dessus les flammes ou on pratique le rite de « battre la louche » sur les portes pour ne pas s’attirer la malchance. On visite également les cimetières pour apporter des offrandes aux morts. Certains croient que les esprits des ancêtres rendent visite aux vivants pendant les derniers jours de l’année.

Fertilité et nouvelle vie sont au cœur de ce festival du printemps, ce qui explique pourquoi de nombreuses familles célèbrent avec des graines et des œufs. Dans chaque maison, la table des haft-sin est dressée. Ces sept éléments dont les noms commencent par la lettre « s » ou sin de l’alphabet persan sont la tradition principale de Norouz. Ils comprennent le sabzeh (pousses de blé, d’orge, de lentilles et d’autres graines, symboles de renaissance), le senjed (fruit séché du jujubier, symbole d’amour), le sir (ail, symbole de protection), le sib (pomme, symbole de fertilité), le sumac (symbole d’amour), le serkeh (vinaigre, symbole de patience) et le samanu (crème obtenue par une cuisson prolongée de jeunes pousses de blé préalablement moulues, symbole d’abondance). On décore également la table avec d’autres objets comme le Coran, des œufs, des miroirs et des recueils de poèmes.

Si la tradition de Norouz remonte à des milliers d’années, celle de la table, elle, est récente. Elle n’a été adoptée qu’au cours du dernier siècle, écrit A. Shapur Shahbazi dans Encyclopedia Iranica.

Le Norouz a également tenu tête à l’ère moderne. Après la révolution islamique de 1979, le nouveau gouvernement a essayé d’abolir le festival, de crainte qu’il ne porte atteinte à la religion d’État. Ses tentatives ont cependant été vaines et le Norouz est désormais un jour férié officiel en Iran.

C’est également un jour férié en Afghanistan, en Albanie, en Azerbaïdjan, en Géorgie, au Kurdistan irakien, au Kazakhstan, au Kosovo, au Kirghizistan, dans la province de Bayan-Ölgii en Mongolie, au Tadjikistan, au Turkménistan et en Ouzbékistan. Le Norouz est également une fête populaire en Turquie, en Inde et dans d’autres pays marqués par l’Empire perse.

En 2009, l’UNESCO, bras culturel des Nations unies, inscrit le Norouz sur sa Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, signalant que cette fête « promeut les valeurs de paix et de solidarité entre les générations et au sein des familles, ainsi que la réconciliation et le bon voisinage. » Le 21 mars est officiellement reconnu comme la Journée internationale de Norouz, bien que la fête soit célébrée entre le 19 et le 22 du mois, en fonction des calendriers et de l’équinoxe du printemps.

Cette année, la fête est mise en péril en raison de l’épidémie de coronavirus. Même si les autorités iraniennes refusent de décréter un confinement général, rapporte le site d’information Al-Monitor, elles ont demandé aux habitants de s’abstenir de voyager pendant les vacances et de ne pas rendre visite aux personnes âgées. Si le Norouz incarne les valeurs de convivialité et de pardon, il faudra désormais les véhiculer… à distance.

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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