Les Hommes prennent des bonnes résolutions depuis des milliers d'années

Des rois babyloniens aux membres des clubs de gym du 21e siècle, le fait d'acter un nouveau départ le 1er janvier a des racines anciennes et des objectifs étonnamment familiers.

De Emily Laurence
Publication 2 janv. 2025, 09:16 CET
Les anciens Babyloniens ont instauré la première pratique connue consistant à prendre des engagements pour la ...

Les anciens Babyloniens ont instauré la première pratique connue consistant à prendre des engagements pour la nouvelle année, une tradition qui perdure depuis plus de 4 000 ans.

PHOTOGRAPHIE DE World History Archive, Alamy Stock Photo

Chaque 1er janvier, des millions de personnes se fixent pour objectif de faire plus d'exercice, de dépenser moins ou d'être plus bienveillant - un rituel qui semble profondément moderne mais dont les racines sont étonnamment anciennes. La tradition des résolutions du Nouvel An remonte à près de 4 000 ans, au sein de civilisations qui faisaient de la nouvelle année une période de renouveau et de réflexion. « Le désir de prendre un nouveau départ est une impulsion humaine », estime Candida Moss, professeure à l'université de Birmingham et spécialiste de l'histoire ancienne et du christianisme primitif.

Des vœux prononcés par les rois babyloniens aux promesses que l'on se fait à soi-même d'aujourd'hui, la pratique a évolué, mais son essence reste étonnamment familière : accueillir une nouvelle année avec l'espoir de devenir meilleur.

 

DES ORIGINES ANCIENNES

Les Babyloniens furent parmi les premières civilisations à célébrer le début d'une nouvelle année, en marquant l'occasion par des festivals et des rituels. « Il existe de nombreux documents écrits sur les fêtes du Nouvel An dans l'ancienne Babylone, en Syrie et dans d'autres régions de la Mésopotamie », explique Eckart Frahm, professeur de langues et civilisations du Proche-Orient à l'université de Yale.

Ces festivals, souvent liés à l'équinoxe de printemps, étaient centrés sur l'expression de la gratitude envers les dieux en vue d'une récolte abondante, souligne Eckart Frahm, et non sur la prise de résolutions. Le respect de ces vœux n'était pas anodin : en les accomplissant, on s'assurait les faveurs divines pour l'année à venir. En les rompant, on s'exposait à la colère des dieux.

Toutefois, à la fin du premier millénaire avant notre ère, un roi babylonien fit publiquement le vœu de devenir un meilleur souverain. Cet acte, parfois appelé « confession négative », n'était pas seulement une réflexion personnelle, mais une déclaration publique de responsabilité. Les spécialistes se demandent si cet événement s'est réellement produit ou si l'histoire a été influencée par des dissensions au sein de la classe sacerdotale. Quoi qu'il en soit, cette tradition jeta les bases de ce que nous appelons aujourd'hui les résolutions du Nouvel An.

Si les Babyloniens en eurent l'idée, les Romains consacrèrent le 1er janvier comme le début de la nouvelle année. Comme les Babyloniens, ils célébraient l'événement par des fêtes et des rituels, mais les Romains y intégraient également des éléments pratiques de renouveau, notamment le principe de « nettoyage de printemps » et des vœux de renouveau. « Ces traditions visaient à commencer l'année du bon pied : nettoyer les maisons, remplir le garde-manger, rembourser ses dettes et rendre les objets empruntés », explique Candida Moss.

 

LES NOUVELLES FACONS DE PRENDRE DE BONNES RÉSOLUTIONS

Des siècles plus tard, les puritains préférèrent l'introspection aux réjouissances. « Il y avait un désir d'éviter la débauche et de réfléchir aux années passées et à venir. Cette période a marqué l'émergence des résolutions au sens moderne du terme », relève Candida Moss.

Un couple s'embrasse lors du Millennium Ball organisé par la mairie de Chicago, à l'occasion du ...

Un couple s'embrasse lors du Millennium Ball organisé par la mairie de Chicago, à l'occasion du changement d'année.

PHOTOGRAPHIE DE Jon Lowenstein, Noor, Redux

Alexis McCrossen, professeur d'histoire à la Southern Methodist University, explique qu'Outre-Atlantique à cette époque, il était courant que les églises fassent un « sermon du sabbat », qui avait lieu le premier dimanche de l'année. Ces sermons (dont un célèbre de Thomas Foxcroft en 1724) insistaient souvent sur le fait que le temps est éphémère et que les fidèles devaient être de meilleurs serviteurs de Dieu.

Des journaux intimes des débuts des États-Unis d'Amérique mis au jour révèlent que des personnes s'engageaient à vaincre le péché ou à s'abstenir de boire de l'alcool, en utilisant fréquemment des expressions telles que « je me résous » ou « je suis résolu à », indique Alexis McCrossen. Jonathan Edwards, théologien de la Nouvelle-Angleterre, incarna cet esprit d'introspection en prenant soixante-dix résolutions sur plusieurs années, dont celle de « ne jamais dire du mal de qui que ce soit, sauf si j'ai une bonne raison particulière de le faire » ou, en substance, « d'arrêter les commérages », commente Candida Moss.

Au 19e siècle, les résolutions du Nouvel An dépassèrent leurs origines chrétiennes. « Aujourd'hui, les résolutions sont largement laïques, reflétant la sécularisation générale de la société », explique Candida Moss.

 

POURQUOI LA TRADITION PERDURE

Des articles de journaux parus au cours des années 1900 montrent à quel point les résolutions du Nouvel An n'ont pas changé au fil du temps. Un article paru en 1912 dans le Sacramento Star à l'occasion de la Saint-Sylvestre tendent à prouver que les résolutions du Nouvel An étaient déjà l'occasion de se débarrasser de ses mauvaises habitudes.

En 1938, le Miami Daily News encourageait ses lectrices à prendre des résolutions modestes et réalisables, mettant en garde contre « les résolutions ambitieuses dont vous savez au fond de vous qu'elles sont aussi fragiles que les décorations des arbres de Noël, les vœux de mariage ou les promesses électorales ».

L'idée que le fait de prendre de bonnes résolutions au Nouvel An ne fonctionne pas a également été largement répandue dans les journaux au fil des ans. Un article publié dans le Fort Myers News-Press le 30 décembre 1937 présentait des psychologues affirmant que les résolutions du Nouvel An ne marchaient pas. En 1941, l'Afro-American Times publia le 4 janvier un article affirmant que la plupart des gens ne prenaient pas de résolutions parce qu'ils ne les tenaient jamais.

Selon un sondage Qapa, 86 % des Français continueraient de prendre des résolutions en début d'année.

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    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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