Mythes, contes et fantasy : les six dragons les plus spectaculaires de la littérature
Nombreux sont les contes antiques sur les serpents et les monstres ayant façonné l’image que nous avons des dragons aujourd’hui, que ce soit le dragon rouge décrit dans la Bible ou le dieu japonais Ryujin.
Le dragon à sept têtes du Livre de l'Apocalypse, dépeint sur cette fresque du 19ᵉ siècle, incarne la lutte entre le bien et le mal dans la littérature apocalyptique. Découvrez comment les anciens contes sur les serpents et les monstres ont façonné l'image que l'on a des dragons aujourd'hui.
Les dragons sont mentionnés voire documentés dans la majorité des cultures. Certains chercheurs pensent que les dragons sont nés de nos peurs primitives : un mélange terrifiant de griffes acérées, d'écailles impénétrables et de dents pointues. Ces peurs étaient auparavant utilisées par les hommes pour enseigner les dangers du monde.
Ces créatures mythologiques ont captivé l'imaginaire pendant des siècles, se faufilant dans les folklores, la littérature et l'art à travers les continents. Mais pourquoi ces anciennes légendes ont-elles toujours autant de pouvoir sur nos imaginaires modernes ? Découvrez six légendes épiques qui expliquent pourquoi les dragons continuent de stimuler notre imagination.
NGWHI, LE DRAGON ORIGINEL
Ngwhi, dieu semblable à un serpent dans diverses mythologies, inspira pour des concepts comme Valhalle et Jörmungand. Il est représenté sur cette peinture du 16ᵉ siècle.
On pourrait considérer Ngwhi, aussi appelé « *H₂n̥gʷʰ » en Proto-Indien-Européen, comme le dragon originel. Les mythes proto-indiens-européens, remontant à 4 000 à 6 000 ans, décrivent Ngwhi, qui signifie « serpent », comme une bête à trois têtes qui vole le bétail ou, dans certains contes, des femmes. Ce conte est certainement à l'origine du cliché de culture populaire selon lequel les dragons kidnapperaient des princesses. En fin de compte, le dragon fut vaincu par un héros rendu tout-puissant par une potion magique et assisté par un dieu.
De nos jours, on peut trouver des traces de cette histoire un peu partout. Dans la mythologie nordique, on retrouve le dieu du tonnerre Thor qui aurait capturé le serpent géant Jörmungandr en utilisant une tête de bœuf comme appât. Dans la mythologie japonaise, un mythe raconte comment le dieu des tempêtes Susanoo aurait occis le serpent-dragon à huit têtes Yamato-no-Orochi, qui dévorait des jeunes filles, après l'avoir enivré.
LA BÊTE, LA PLUS GRANDE REPRÉSENTATION DU MAL
Les Beatus de León, un manuscrit enluminé du 11ᵉ siècle d'un Commentaire sur l'Apocalypse de Beatus de Liébana, présente de superbes illustrations, dont l'emblématique dragon rouge.
L'un des dragons les plus célèbres fait son apparition dans le Livre de l'Apocalypse. Cet « énorme dragon rouge » qui possède sept têtes et dix cornes aurait provoqué l'Apocalypse. Des histoires sur des saints comme saint Georges pourfendant des dragons renforcèrent l'idée selon laquelle il est vertueux de considérer les dragons comme des ennemis.
Cependant, d'après Jess Nevins, bibliothécaire de recherche et auteur de l'Encyclopedia of Fantastic Victoriana, « les racines de la mythologie occidentale sur les dragons viennent de Mésopotamie ». Ces anciens mythes sur les dragons étaient susceptibles de se faire influencer par la présence d'animaux sauvages dangereux, comme des serpents venimeux, qui posaient une vraie menace pour les peuples de l'époque, explique Nevins.
ANCALAGON LE NOIR, LE DRAGON LE PLUS LONG AU MONDE
Smaug, connu sous le nom de Smaug le Doré, est l'un des derniers grands dragons de la Terre du milieu et l'antagoniste principal dans « Le Hobbit » de J.R.R Tolkien. Les fans estiment qu'il mesure environ dix-huit mètres de long, approximativement la taille d'un gros camion à remorque. En comparaison, la version de Smaug présente dans l'adaptation de Peter Jackson était considérablement plus large puisqu'elle mesurait 130 mètres de long, à peu près la taille de deux avions gros-porteurs.
Mais même cette version fait pâle figure à côté d'Ancalagon le Noir, décrit dans « Le Simarillion », le dragon le plus large et le plus puissant ayant jamais existé sur la Terre du milieu. Certaines interprétations suggèrent qu'il devait mesurer plus de vingt-quatre kilomètres de long, et sa chute causa la destruction de trois volcans.
Ancalagon était aussi craint à cause de son souffle de feu souvent attribué aux dragons. « Le souffle ardent des dragons est une innovation de la Lettre d'Alexandre à Aristote », explique Nevins. Le récit fictif relatant les aventures d'Alexandre le Grand mentionne des serpents géants avec un souffle « semblable à une torche enflammée ».
RYUJIN, DRAGON SUPRÊME, DIEU DES OCÉANS
Cette peinture du 19ᵉ siècle représente la princesse Tamatori, une pêcheuse de perles, chassée par Ryujin, le dragon des mers japonais.
L'une des divinités les plus puissantes de la mythologie japonaise est Ryujin, le redoutable dragon, dieu des océans, connue pour sa capacité à contrôler les tempêtes et la vie sous-marine. L'influence de Ryujin s'étendit à de nombreux personnages et environnements fictifs. Il a notamment inspiré le Palais Ryugu sous-marin, représenté dans l'animé « One Piece ».
Ryujin est un rare exemple de dragon japonais associé au feu, ce qui laisse penser que ses éléments de conception ont pu influencer la créature emblématique qu'est Godzilla.
De plus, Ryujin est considéré comme un personnage ancestral de la famille impériale japonaise, dont la lignée remonte à l'empereur Jimmu (711 - 585 avant J.-C.), premier souverain légendaire du Japon et arrière-petit-fils de Ryujin.
QIJIANGLONG, UN DRAGON SEMBLABLE AUX DINOSAURES
La découverte d'os de dinosaures, en Chine particulièrement, a influencé le développement des mythes sur les dragons. La Chine est un pays riche en fossiles de mamenchisauridae, des dinosaures connus pour leurs cous incroyablement longs.
Un exemple notable est le Qijianglong, aussi appelé « dragon de Qijiang », découvert en 2006. Son corps mesurait quinze mètres de long, et la majeure partie servait à supporter sa tête massive. Ses vertèbres cervicales étaient remplies d'air, ce qui les rendait légères et pouvait entraîner leur détachement après la mort.
Les Chinois de l'Antiquité ont peut-être rencontré ces énormes os et imaginé les longs dragons serpentins caractéristiques de la mythologie asiatique, contrastant avec les dragons plus volumineux du folklore occidental.
APEP, ARCHÉTYPE DES ANCIENS DRAGONS
Apep, aussi connu sous le nom d'Apophis, était un dieu égyptien, représenté comme un serpent ou un dragon. Il incarnait les ténèbres et le désordre, s'opposant aux forces de l'ordre et de la lumière, personnifiées par la déesse Maât et le dieu soleil Râ.
« Les dragons... étaient bien souvent associés aux dieux », souligne Nevins. Dans l'Égypte ancienne, la divinité Apep incarnait l'archétype du dragon, et peut-être l'un des plus formidables de la mythologie.
Aussi connu sous le nom d'Apophis, ce serpent colossal représente un archétype des anciens dragons et démons existant depuis la nuit des temps. Apep, le « dieu du chaos », s'engagea dans une lutte éternelle contre Râ, la divinité solaire, dans une tentative acharnée de plonger le monde dans une obscurité perpétuelle.
Malgré ses échecs répétés, Apep ne succomba jamais, revenant chaque jour avec son regard hypnotique, orchestrant des tremblements de terre et des orages pour maintenir sa sinistre domination, tout cela dans le but d'éteindre la source même de la lumière, en avalant le Soleil lui-même.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.