Le Chevalier, la Mort et le Diable, chef-d'œuvre de la Renaissance
Cette gravure sur cuivre réalisée en 1513 par l'artiste allemand Albrecht Dürer est aujourd'hui considérée comme une œuvre emblématique de l'art de la gravure et de la Renaissance.
Considérée comme l’une des œuvres les plus brillantes et les plus expressives de l’art de la gravure, cette gravure sur cuivre fut réalisée en 1513 par l’artiste originaire de Nuremberg, Albrecht Dürer.
Maître de la peinture à l’huile et à l’aquarelle mais aussi du dessin à l’encre, l’artiste allemand Albrecht Dürer eut également un impact considérable dans un tout autre domaine artistique : la gravure. Par le biais de ses gravures sur bois et sur cuivre, il éleva cette technique au rang de grand art. En 1513, il réalisa Le Chevalier, la Mort et le Diable, la première de ses trois gravures complexes connues sous le nom de Meisterstiche, ou gravures de maître.
INFLUENCES ITALIENNES
Né en 1471 à Nuremberg, dans l’actuelle Allemagne, Dürer fut profondément influencé par ses contemporains de la Renaissance italienne, notamment Michel-Ange, Raphaël et Léonard de Vinci.
À son retour d’un second voyage en Italie en 1507, Dürer reçut une série de commandes importantes. En 1512, il devint le peintre de la cour de l’empereur Maximilien Ier et, l’année suivante, commença à travailler sur Le Chevalier, la Mort et le Diable ainsi que les deux autres gravures de sa série des Meisterstiche. Selon Jeffrey C. Smith, titulaire de la chaire Kay Fortson d’art européen à l’université du Texas à Austin, Dürer « savourait le défi intellectuel » que représentaient ces gravures, et consacra une année entière de sa vie pourtant occupée à leur exécution. Le défi de Dürer, selon lui, était de jouer le rôle de « pont artistique et intellectuel entre le Nord et l’Italie ».
Dans Le Chevalier, la Mort et le Diable, Dürer combina son héritage allemand avec l’accent que mettait l’Italie sur la forme classique, la perspective et les proportions. L’œuvre représente un chevalier inébranlable à cheval, accompagné de son chien fidèle. Les quatre chevaux en bronze de la basilique Saint-Marc à Venise auraient été une source d’inspiration pour l’artiste.
Autoportrait de Dürer datant de 1498 conservé au musée du Prado à Madrid, en Espagne.
Le chevalier et son chien rencontrent les grands dangers du monde : un diable monstrueux, et la mort, ici représentée sous la forme d’une figure grotesque chevauchant un cheval malade et tenant un sablier. La gravure illustre les idéaux chevaleresques et religieux du Moyen Âge, tout en représentant avec précision les corps humains et animaux en suivant les préceptes italiens qui deviendront par la suite indissociables de l’art de la Renaissance.
À l’aide d’un burin, un outil de gouge à pointe en V, qu’il avait appris à utiliser dans l’atelier de son père orfèvre, Dürer créa d’étonnantes variétés de texture dans l’armure et les bottes en cuir du chevalier, la fourrure du chien et la brillante robe du cheval. Pour de nombreux historiens de l’art, l’habileté technique dont il fit preuve dans cette œuvre ne fut jamais égalée.
Les gravures sur bois de Dürer étaient populaires et pouvaient être produites en masse, avec jusqu’à 2 000 impressions. Les gravures telles que Le Chevalier, la Mort et le Diable, quant à elles, étaient tirées à 100 ou 200 exemplaires seulement, les rendant plus chères mais toujours accessibles. Cette popularité fit de Dürer l’un des premiers artistes à devenir un nom de marque ; il apposa même un monogramme, « AD », sur la plupart de ses œuvres. Au cours de sa vie, il produisit un total de 100 000 à 200 000 impressions.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.