Qui étaient les femmes conquistadoras parties pour les Amériques ?
Ces femmes, qui financèrent notamment des expéditions vers le Nouveau-Monde et fondèrent des hôpitaux et des écoles, étaient très influentes et se voyaient accorder davantage de pouvoir que leurs homologues restées au pays.
Parmi les nombreuses conquistadoras du 16e siècle figure Catalina de Erauso, qui quitta l’Espagne pour l’Amérique du Sud. Se faisant passer pour un homme et adoptant plusieurs noms masculins, elle combattit contre les Araucanos (aujourd’hui les Mapuches) lors des offensives coloniales espagnoles. Ce tableau datant du 20e siècle et réalisé par José Luis Villar la représente.
Peu de personnes le savent, mais les femmes espagnoles ont joué un rôle clé dans la colonisation de l’Amérique grâce à leur capacité à affirmer leur pouvoir dans le Nouveau-Monde. Tout a commencé avec la reine Isabelle 1re de Castille, la première reine d’Espagne, qui finança l’expédition de 1492 de Christophe Colomb, celle-là même qui conduisit à la découverte des Amériques.
Au total, des milliers de femmes espagnoles quittèrent leur Europe natale pour participer à des voyages transatlantiques vers le Nouveau-Monde. Tout comme leurs homologues masculins, elles durent affronter les épreuves en mer et faire face à de nombreux dangers à leur arrivée ; pourtant, les historiens et les fonctionnaires de la Couronne espagnole les mentionnent très rarement. Aux côtés des expéditionnaires masculins, elles ouvrirent les jungles, traversèrent des chaînes montagneuses et des déserts et naviguèrent sur des fleuves puissants. Elles contribuèrent à la construction de villes, s’investirent dans les affaires politiques et fondèrent des hôpitaux et des écoles. Certaines d’entre elles combattirent également contre les populations autochtones. Elles étaient mères de criollos (personnes de descendance européenne, nées dans les colonies espagnoles), mais aussi de mestizos (personnes métisses nées d’un parent espagnol et d’un autre d’origine autochtone) comme de nombreuses femmes autochtones.
DES FEMMES DÉCOUVREUSES
S’il est assez facile de retrouver le nom des hommes partis d’Espagne aux 16e et 17e siècles, c’est loin d’être le cas pour leurs homologues féminines. Selon les registres de la Casa de Contratación de Séville, qui s’occupait des affaires administratives en lien avec les voyages vers le Nouveau-Monde, quatre femmes faisaient partie des 1 500 personnes ayant embarqué pour la seconde expédition de Christophe Colomb en 1493 : María Fernández, « servante de l’amiral [Colomb] » ; María de Granada, dont on ne connaît que le nom ; et les marchandes Catalina Rodríguez, « originaire de Sanlúcar » et Catalina Vázquez.
Ce tableau réalisé par Alonso Sánchez Coello représente la ville de Séville au 16e siècle, d’où sont parties des femmes espagnoles pour les Amériques.
Elles étaient trente lors de la troisième expédition de Colomb, qui est partie de Sanlucár de Barrameda, dans le sud de l’Espagne, en mai 1498. Certaines d’entre elles étaient les épouses d’expéditionnaires, à l’instar de Catalina de Sevilla, qui semble s’être déclarée avec son mari, Pedro de Salamanca. Les fonctionnaires de la Casa de Contratación délivrèrent également des licences d’embarquement à des voyageuses plus atypiques, dont une prostituée, Gracia de Segovia, et, aussi étonnant soit-il, deux femmes roms, Catalina et María d’Égypte (alors que leur groupe ethnique était persécuté dans l’Espagne du 16e siècle, celles-ci faisaient partie des premières personnes à quitter l’Espagne pour les Amériques).
Il s’avère que Catalina et María étaient des prisonnières ayant accepté d’embarquer en tant que blanchisseuses et d’effectuer dix années de travail d’intérêt général dans les Amériques en échange d’une réduction de leur peine. Le cas de ces deux femmes déroge à la règlementation espagnole, la couronne souhaitant que les territoires « nouvellement découverts » soient peuplés par « de bonnes personnes », car elle voulait que les traditions espagnoles régissent la vie dans les Amériques. Les autorités étaient aussi enclines à autoriser les femmes célibataires à se joindre aux expéditions, dans l’espoir qu’elles finiraient par épouser les hommes espagnols non mariés qui tentaient leur chance dans le Nouveau-Monde.
« L’allégorie de l’Amérique », qui fait partie d’une série de gravures réalisée à la fin du 16e siècle par l’artiste flamand Adriaen Collaert, symbolise le Nouveau-Monde découvert par les Européens.
Un bon exemple est sans doute l’expédition organisée pour faire venir des femmes célibataires et des familles espagnoles dans la nouvelle ville d’Asunción, au Paraguay. L’afflux d’hommes célibataires en provenance d’Espagne avait conduit à une situation décrite comme suit par un jésuite : « un homme espagnol vit avec jusqu’à dix femmes guaranis ». En avril 1550, une expédition incluant soixante femmes partit de Sanlúcar de Barrameda. Celle-ci était organisée par Mencía Calderón de Sanabria, une aristocrate de Badajoz, dans le sud-ouest de l’Espagne. Son défunt mari, Juan Sanabria, avait été nommé adelantado (gouverneur) du Río de la Plata et avait conclu un accord avec la couronne espagnole pour organiser et diriger l’expédition jusqu’à Asunción, mais il mourut avant de pouvoir la mener à bien et son titre d’adelantado fut transmis à son fils adolescent, né d’un précédent mariage. Le plan était de « transporter, à bord de six navires, quatre-vingts hommes mariés accompagnés de leur épouse et de leurs enfants, vingt jeunes femmes à marier et deux cent cinquante hommes et femmes célibataires de tous âges ». Malgré l’argent emprunté sur la valeur de la ferme qu’elle possédait, la famille Sanabria Calderón n’eut pas assez de fonds pour satisfaire à l’ensemble de ces demandes contractuelles. Elle parvint néanmoins à faire partir pour Asunción trois cents personnes à bord de trois navires.
Le voyage ne fut pas de tout repos. Les trois embarcations se dispersèrent lors d’une tempête, avant que la patache à bord de laquelle voyageaient les femmes ne soit attaquée par un corsaire. Les voyageurs connurent ensuite la famine sur l’île de Sainte-Catherine, au large du Brésil, et furent emprisonnés dans le fort portugais de Santos (aujourd’hui la ville de São Paulo). Ils se battirent contre des cannibales tamoios et connurent cinq années de maladie et de désespoir avant d’atteindre leur destination. Seuls vingt-deux hommes et vingt-et-une femmes arrivèrent finalement à Asunción en mai 1556, au terme de six années et un mois de voyage et de 16 900 kilomètres parcourus sur terre et en mer.
DES FEMMES EXPLORATRICES
L’histoire en parle peu, mais de nombreuses femmes prirent part aux expéditions espagnoles de découverte. Rares sont ceux qui savent que Franscisco de Orellana était accompagné de son épouse, Ana de Ayala, ainsi que d’un grand groupe de femmes originaires de Trujillo, dans l’ouest de l’Espagne, lorsqu’il remonta l’Amazone. 400 personnes faisaient partie de l’expédition d’Orellano lorsque leurs navires quittèrent Sanlúcar le 11 mai 1545. Mais le voyage tourna à la catastrophe lorsque les provisions vinrent à manquer. De nombreuses personnes descendirent des navires aux îles Canaries et au Cap Verde, et certaines embarcations firent naufrage. En décembre, les survivants arrivèrent sur l’île de Marajó, située sur la côte brésilienne, dans le delta de l’Amazone, prêts à « entrer dans l’embouchure du fleuve et à explorer ce dernier jusqu’à la région frontalière avec le Pérou ».
Les Européens étaient obsédés par l’intérieur des vastes terres brésiliennes. Cette carte portugaise, aujourd’hui conservée à la Bibliothèque Nationale de Paris, a été produite au milieu du 16e siècle.
Pendant onze mois, les membres de l’expédition parcoururent près de 900 km le long des affluents et des canaux sans issue tout en souffrant de la faim, de maladies et en se battant contre les peuples autochtones. Nombreux furent ceux qui succombèrent. C’est en retournant à l’embouchure du fleuve et en entrant dans un village à la recherche de nourriture qu’Orellana fut abattu d’une flèche dans le cœur par un autochtone. En novembre 1546, Ana de Ayala et quarante-trois hommes, seuls survivants de l’expédition, construisirent un navire et rallièrent l’île Marguerite (qui fait désormais partie du Venezuela). Bien qu’elle ait survécu à son mari, Ana ne fut que peu mentionnée dans les récits de l’expédition.
L’immensité du basin amazonien a subjugué les colons espagnols, à l’instar d’Ana de Ayala qui l’a parcouru au milieu du 16e siècle. Sur cette photo, un autochtone brésilien est assis dans son canoë sur la rivière Tarumã Mirim, à l’ouest de Manaus, là où le Rio Negro rejoint l’Amazone.
DES FEMMES COLONS
Les femmes qui arrivèrent en Amérique comme colons rencontrèrent les mêmes difficultés que leurs homologues masculins et combattirent souvent à leurs côtés contre les peuples autochtones qu’ils croisaient. En 1536, des colons sous le commandement de Pedro de Mendoza arrivèrent dans l’estuaire du Río de la Plata, sur la côte sud-est de l’Amérique latine, et y établirent le fort d’Espíritu Santo, devenu par la suite la ville de Buenos Aires. Certains membres de l’expédition de Mendoza voyageaient avec leur famille, mais il y avait aussi des veuves et des femmes célibataires parmi les expéditionnaires masculins. C’était notamment le cas de María Dávila, la « compagne » de Mendoza, ou encore d’Elvira Pineda, la « servante aimante » du capitaine Osorio. D’autres femmes, comme Isabel de Guevara, se distinguèrent par leur courage et leur patience lors du siège du fort d’Espíritu Santo et du port de Buenos Aires en juin 1536, mené par 23 000 querandis.
Les assiégés furent nombreux à mourir de dysenterie, de faim et du manque d’eau potable. Au milieu de l’hiver dans l’hémisphère sud, alors que la situation devenait désespérée, les Espagnols commencèrent à manger leurs chevaux. Ayant mangé jusqu’au dernier rat, serpent et brin d’herbe, ils se mirent à ronger leurs ceintures et leurs chaussures en cuir. Le poète franciscain Luis de Miranda décrit les horreurs de la famille dans son poème élégiaque sur la fondation de Buenos Aires : « le crottin et les excréments que certains ne pouvaient digérer étaient consommés par de nombreux désespérés ». « [I]ls ont également mangé de la chair humaine… Les abats mêmes d’un frère ! »
Certains survivants parvinrent à s’enfuir par bateau et à remonter le fleuve. La plupart des hommes étant malades ou blessés, les femmes gouvernèrent l’embarcation et repoussèrent les attaques des peuples autochtones. Elles choisirent un endroit où s’installer et y fondèrent la ville de Nuestra Señora Santa María de la Asunción, désormais connue sous le nom d’Asunción et devenue la capitale du Paraguay. Dans une lettre adressée à la princesse Jeanne d’Autriche, Isabel de Guevara décrit la fondation d’Asunción dans les termes suivants : les femmes devaient travailler, « défrichant de leurs propres mains, grattant, raclant, ensemençant et récoltant les provisions sans aucune aide. Elle se plaignit ensuite du fait qu’elle n’avait pas reçu du gouverneur d’Asunción les parcelles qui lui étaient dues en tant que l’une des premières Espagnoles à être arrivées à Río de la Plata.
María de Estrada est représentée à cheval, lors d’une procession, aux côtés d’un soldat d’Hernán Cortés sur ce codex connu sous le nom de Lienzo de Tlaxcala et datant du 16e siècle.
La guerre faisait partie intégrante de la vie des hommes et femmes espagnols qui cherchaient à coloniser le Nouveau-Monde. Certaines femmes prirent les armes, à l’image de María de Estrada lors de la conquête du Mexique. Avec Hernán Cortés et Pedro de Alvarado, elle entra dans Tenochtitlán en 1519. Après la bataille d’Otumba, l’historien franciscain Fray Juan de Torquemada écrivit que la guerrière, armée « d’une épée et d’un bouclier, fit des merveilles et affronta l’ennemi avec un tel courage et une telle détermination qu’elle aurait pu être l’un des hommes les plus braves au monde ». Elle joua également un rôle majeur dans l’approvisionnement de l’armée espagnole avant l’assaut final sur la capitale de l’Empire aztèque.
DES FEMMES GUERRIÈRES
L’année 1541 fut marquée par le début de la guerre du Mixtón dans le royaume de Nouvelle-Galice (dans l’ouest du Mexique). Alors que les Chichimèques en assiégeaient la capitale, Guadalajara, l’un de ses habitants, Beatriz Hernández, agit avec détermination. Comme le raconte l’historien jésuite Mariano Cuevas, elle s’adressa à toutes les femmes terrifiées qui pleuraient dans l’église, leur disant « qu’il n’était pas le moment de s’évanouir » avant de les conduire en lieu sûr et de les y enfermer. Beatriz enfila ensuite une armure légère et s’empara d’une courte lance. Pendant la bataille, elle protégea l’entrée du bâtiment où étaient réfugiés les femmes et les enfants. La charte fondatrice de Guadalajara mentionne le nom des soixante-trois colons qui survécurent à la bataille contre les Chichimèques ; parmi eux figure celui de Beatriz Hernández.
Une autre femme courageuse, Doña Mencía de los Nidos, assura la défense de la ville de Concepción, dans le sud du Chili. Et lorsqu’en 1554, le gouverneur Francisco de Villagrá ordonna l’évacuation de la place principale de peur des Mapuches, elle refusa de se retirer. Le soldat et poète Alonso de Ercilla raconte les évènements dans son poème La Araucana :
« Elle entendit un grand vacarme et fut galvanisée, S’emparant d’une épée et d’un bouclier, elle poursuivit ses voisins du mieux qu’elle put… « Revenez ! Je m’offre ici, à être la première à me présenter aux fers ennemis ! »
Malgré leur courage, les Espagnols qui survécurent à la bataille durent se réfugier à Santiago du Chili.
La plus célèbre des guerrières de la conquête espagnole de l’Amérique est sans aucun doute Catalina de Erauso, également connue comme La Monja Alférez (La nonne lieutenante). Adolescente, la jeune fille s’enfuit d’un couvent de San Sebastián en se faisant passer pour un garçon et servit comme page pour plusieurs figures illustres. En 1603, à l’âge de dix-huit ans, elle embarqua à bord d’un navire à Sanlúcar en partance pour le Nouveau-Monde. Une fois à Lima, elle changea de nom et devint Alonso Díaz. En 1606, elle s’enrôla pour combattre les Araucans (aujourd’hui connus comme les Mapuches), qui se rapprochaient de la ville de Concepción et du fort de Valdivia au Chili.
Cette mappemonde de 1574, réalisée par Abraham Ortelius, est désormais conservée à la Bibliothèque de Catalogne, à Barcelone.
Au cours d’une des nombreuses batailles qui ponctuèrent la guerre, les Araucans tuèrent le capitaine et le lieutenant de la compagnie de Catalina de Erauso. Avec deux autres soldats, cette dernière grimpa sur sa monture et se lança à la poursuite du groupe d’autochtones qui s’étaient emparés du drapeau espagnol. Les deux hommes blessés, Erauso continua seule la poursuite. Elle écrivit dans son autobiographie : « Malgré un mauvais coup à la jambe, j’ai tué le chef de la tribu qui tenait [le drapeau] et je le lui ai pris des mains. J’ai continué la poursuite avec mon cheval, renversant, tuant et blessant d’innombrables autochtones ; mais gravement blessée et transpercée de trois flèches et d’une lance dans l’épaule gauche… je suis tombée de ma monture ». Catalina de Erauso resta dans cet endroit avec quelques compagnons pendant neuf mois, avant de retourner au campement espagnol avec le drapeau. C’est à ce moment que la jeune femme devint sous-lieutenante (le grade de lieutenant lui ayant été refusé, car, plutôt que de remettre le chef de la tribu aux Espagnols comme l’avait demandé le gouverneur, elle l’avait pendu).
Ce paravent datant de la fin du 17e siècle est exposé à Mexico.
Dans son autobiographie, Catalina de Erauso relate comment, après une rixe, elle finit par raconter sa vie à l’évêque de Guamanga, près de Cuzco. « Voilà la vérité », dit-elle. Après s’être enfuie du couvent et s’être fait passer pour un homme, « j’ai pris la mer, j’ai contribué, j’ai apporté des choses, j’ai tué, j’ai blessé, j’ai persécuté et j’ai couru dans tous les sens, jusqu’à ce que je m’arrête aujourd’hui à vos très illustres pieds ». Après deux ans et demi passés dans un couvent de Lima où elle purgea ses crimes, Catalina fut autorisée par les autorités à rentrer en Espagne au vu de son manque d’intérêt pour la vie religieuse. Habillée comme un homme, elle arriva à Cádiz le 1er novembre 1624 et fut chaleureusement accueillie par la foule. Le roi l’autorisa à se faire appeler Antonio plutôt que Catalina et lui donna une encomienda (une parcelle de terre gérée par des ouvriers agricoles qui n’étaient pas asservis, mais étaient exploités) à Veracruz, au Mexique. Antonio de Erauso mourut à l’âge de soixante-cinq ans à Cuitlaxtla, non loin de son encomienda.
Les femmes espagnoles qui arrivaient en Amérique pouvaient se voir attribuer des fonctions de commandement. En l’absence de leurs époux ou après la mort de ces derniers, de nombreuses femmes leur succédèrent à certains postes, à l’instar d’Isabel Barreto, qui était adelantada (gouverneure) des mers du Sud.
DES FEMMES GOUVERNEURES
Avec sa dot, qui s’élevait à 40 000 ducats, Isabel Barreto aida son mari, le capitaine et gouverneur Álvaro de Mendaña, à financer et à affréter quatre navires qui quittèrent Piura, au Pérou, en juin 1595, pour rejoindre les îles Salomon, situées au beau milieu de l’océan Pacifique sud. Deux cent quatre-vingts hommes et quatre-vingt-dix-huit femmes et enfants prirent part à cette expédition.
Pendant le voyage, Mendaña tomba gravement malade. Selon la chronique du pilote de navire, Fernández de Quiróz, Mendaña désigna dans son testament Barreto comme son « héritier universel, gouverneure des terres découvertes et de celles qu’il reste à découvrir ». À la mort de son époux, Isabel Barreto prit la tête de l’expédition, ordonnant l’exploration des archipels voisins dans l’espoir d’y trouver de l’or et des perles. Les quatre navires naviguèrent pendant plusieurs mois avant d’atteindre les Philippines, où l’exploratrice fut reçue comme la « Reine Sheba des îles Salomon ».
Isabel s’installa aux Philippines, où elle épousa le neveu du gouverneur de Manille. En août 1597, le couple partit pour Acapulco. Après un court passage au Mexique, il s’installa à Castrovirreyna, au Pérou, où l’exploratrice mourut en septembre 1612.
DES PROFESSIONNELLES
La législation qui régulait l’émigration des femmes espagnoles était stricte ; elle visait à protéger leur réputation et à garantir l’unité de la famille. En général, les autorisations de voyager n’étaient pas octroyées aux femmes célibataires, sauf si elles embarquaient en tant que servantes ou pour rejoindre de la famille. C’était cependant une tout autre histoire pour l’immigration au Nouveau-Monde : on considérait en effet que la présence d’un plus grand nombre de femmes espagnoles aurait un effet positif sur les nouvelles colonies et permettrait d’augmenter la population.
Qu’elles aient été riches ou pauvres, issues de la noblesse ou de la société paysanne, les femmes espagnoles qui voyageaient en Amérique avaient tendance à jouir de davantage d’autonomie et de liberté que celles restées en Europe. La plupart firent carrière en tant que commerçantes, infirmières, sages-femmes, enseignantes et écrivaines. D’autres occupèrent des postes traditionnellement réservés aux hommes, comme capitaines d’expéditions, soldates, conseillères coloniales, gouverneures et même vices-reines, façonnant ainsi leur propre avenir et celui du Nouveau-Monde.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.