Ces militants transgenres noirs se battent pour avoir le droit d’exister

Le photographe Joshua Rashaad McFadden a posé à ses modèles transgenres ou non-binaires noir.e.s la question suivante : « Quelle idée vous faites-vous de la liberté ? »

De Amy McKeever
Publication 19 juil. 2023, 15:07 CEST
Joshua Rashaad McFadden affirme que les sujets de ses photographies représentent bien plus que leurs moments ...

Joshua Rashaad McFadden affirme que les sujets de ses photographies représentent bien plus que leurs moments les plus douloureux. Dans ce photoreportage, il magnifie leur pleine humanité.

PHOTOGRAPHIE DE Joshua Rashaad Mcfadden, National Geographic

Iels étaient en première ligne lors des émeutes de Stonewall, puis lors des manifestations qui ont éclaté dans tous les États-Unis après l'assassinat de George Floyd

Les personnes militantes noires transgenres et non binaires sont depuis longtemps entrées dans l'histoire en luttant pour les droits civiques de tous. Mais elles se sentent parfois très seules dès lors que ce sont leurs droits - ou leur vie - qui sont en jeu.

Le photographe Joshua Rashaad McFadden s'est posé la question de la défense de leurs droits en mai 2020, quand Tony McDade, une personne transgenre noire, a été abattue par la police à Tallahassee, en Floride. Contrairement aux manifestations d'ampleur qui ont suivi d'autres meurtres commis par la police, la mort de Tony McDade a largement été ignorée. Ce mutisme, qui a déstabilisé le photographe, l’a inspiré.

Joshua Rashaad McFadden a passé l'année suivante à faire une chronique de la vie et de l'expérience des personnes transgenres et non binaires noires à travers les États-Unis. Mais plutôt que de se concentrer sur la douleur et les injustices auxquelles elles ont été confrontées, ou bien sur leur transition, ce qui est généralement ce que les médias grand public trouvent le plus attractif, il a souhaité magnifier l'humanité de ses sujets.

Voici leurs histoires et leur réponse à la question : « Quelle idée vous faites-vous de la liberté ? »

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    Nancy Musinguzi, Minneapolis, Minnesota

    Les deux parents de Nancy Musinguzi (iel/ellui) ont immigré aux États-Unis. C’est un programme de résidence d’artistes qui a attiré Nancy à Minneapolis où iel a trouvé quelque chose de remarquable : une communauté colorée, remplie de personnes immigrées, queer et transgenres. Intégrer cette communauté lui a permis de réaliser qu'iel n'avait pas à s'excuser de son authenticité. 

    Les personnes transgenres noires ont rarement la liberté de façonner leur propre vie de cette manière en raison des lois promulguées par ceux et celles qui ne leur ressemblent pas ou qui ne les apprécient pas, explique Nancy Musinguzi. « Nous devons créer notre propre langage pour accéder à ces libertés car si l'on s'en tient aux définitions conventionnelles de la liberté aux États-Unis, nous n'y parviendrons jamais. »

    La passion de Nancy Musinguzi pour le vélo a été inspirée par son père qui lui racontait la manière dont il est parvenu à trouver la liberté sur deux roues. Iel passe souvent par le Stone Arch Bridge, lieu où a été prise cette photographie, pour se rendre à Minneapolis.

    PHOTOGRAPHIE DE Joshua Rashaad Mcfadden, National Geographic
    Cris Avery, Atlanta, Georgia

    Il peut être incroyablement difficile pour les personnes transgenres d'accéder aux soins et à d'autres services d'aide. Cris Avery (il/lui) s'efforce de changer cela. « Être libre, c'est bénéficier d'un système de santé universel, car je peux alors librement prendre soin de mon corps [et] de ma santé mentale », explique-t-il.

    C’est dans le Bronx, à New York, que Cris Avery a commencé son parcours dans la défense des droits des personnes LGBTQIA+. Le stress d'un divorce et l'envie d'un nouveau départ après sa transition l'ont toutefois poussé à déménager avec sa fille à Atlanta, en Géorgie. Avec D'Jamel Young, il a cofondé TMSM Connect, organisation à but non lucratif de défense et de soutien axée sur les besoins des hommes transgenres.

    Joshua Rashaad McFadden a photographié Cris Avery à Solutions Not Punishments, une organisation dirigée par des personnes noires transgenres et queer qui cherche à mettre fin à la violence sexiste et à la criminalisation de masse. Qui est-il en dehors de ce combat contre l’oppression ? « Je suis un père. Je suis un conjoint. Je suis un fils, un oncle, un artiste, un écrivain, un danseur, un musicien », explique-t-il à Joshua Rashaad McFadden. « Je suis une personne avec de multiples facettes. »

    PHOTOGRAPHIE DE Joshua Rashaad Mcfadden, National Geographic
    Tanyun Montage, Jackson, Mississippi

    Tanyun Montage (il/lui) n'avait pas encore commencé sa transition lorsqu'il est allé à l'école de coiffure pour hommes. Il s'est rendu compte que la féminité l'obligeait à redoubler d'efforts pour faire ses preuves. « Je ne pouvais pas me contenter de franchir ces portes et d'être un étudiant ordinaire, je devais me faire un nom en raison de mon sexe », explique-t-il. « Une fois que j'y suis parvenu, que j'ai réussi, j'ai gagné beaucoup de respect. »

    Aujourd'hui coiffeur à Jackson, dans le Mississippi, Tanyun Montage est également le père de la House of Montage, sa famille choisie. Il attribue la « naissance » de Tanyun Montage au Club Couture City Lights, un établissement LGBTQ local où il se produit depuis longtemps. Joshua Rashaad McFadden l’a photographié dans ce club, un espace qui s'apparente pour lui à une seconde maison.

    PHOTOGRAPHIE DE Joshua Rashaad Mcfadden, National Geographic

    “Pour moi, la liberté, c'est la possibilité de vivre dans ma vraie peau, celle d’un homme transgenre noir. La liberté, c'est pouvoir se tenir aux côtés de ma communauté LGBTQIA+, de manière solidaire, pour nos droits. La liberté, c'est ce pour quoi nous nous battons quotidiennement au sein de notre communauté. La liberté signifie que l’amour, c'est l'amour et que nous pouvons aimer de manière inconditionnelle.”

    de TANYUN MONTAGE

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      Evonne T. Kaho, Jackson, Mississippi

      Ce n'est qu'après l'université qu'Evonne T. Kaho (elle) a décidé de s'assumer pleinement. Jusqu’à ce moment-là, elle vivait en tant qu'homme gay. Ce sont ses débuts en tant que drag queen qui l'ont aidée à réaliser à quel point elle se sentait plus à l'aise en tant que femme. 

      Au début, la famille biologique d’Evonne T. Kaho n'a pas accepté sa transition. Elle a coupé les ponts avec eux et a vite découvert qu'elle pouvait former un autre type de famille : une famille gay. Une femme transgenre l’a prise sous son aile en tant que mère homosexuelle : « elle m’a fait devenir la femme que je suis aujourd'hui ». Evonne T. Kaho a maintenant des enfants qui la considèrent comme leur mère.

      Près de 20 ans plus tard, elle est propriétaire de la boîte de nuit où tout a commencé : le City Lights, à Jackson, dans le Mississippi. Elle a également fondé une organisation appelée Love Me Unlimited 4 Life qui vise à aider la communauté transgenre locale à atteindre ses objectifs et à réaliser son potentiel. Elle pense que sa vocation est d'être la voix de sa communauté.

      PHOTOGRAPHIE DE Joshua Rashaad Mcfadden, National Geographic

      “Laissez mon peuple être libre et pleinement lui-même !”

      de EVONNE T. KAHO

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        Shaheim Page, Atlanta, Georgia

        Comment parler à sa famille de son identité transgenre ? C'est une question universelle à laquelle Shaheim Page (il/lui) a trouvé la réponse dans un endroit quelque peu inattendu : l'église.

        Shaheim Page n'est pas pratiquant mais a un jour décidé d'accompagner sa tante à l'église, à Augusta, en Géorgie, et c'est elle qui l'a présenté aux autres membres de la congrégation sous sa véritable identité. « Ce moment à l'église est devenu un modèle. C’est de cette manière que j'ai expliqué aux autres membres de la famille la façon dont ils pouvaient me présenter », déclare-t-il. « Si vous voulez que je fasse partie de votre vie, une preuve de respect est de me présenter, je ferai le reste. »

        Joshua Rashaad McFadden a photographié Shaheim Page dans une église d'Atlanta qui lui rappelle l'endroit où il a vécu pour la première fois ce puissant moment d'affirmation.

        PHOTOGRAPHIE DE Joshua Rashaad Mcfadden, National Geographic

        “La liberté, c'est de ne pas avoir à se battre pour que les gens puissent être eux-mêmes. La liberté, c'est la capacité de s'épanouir dans l'existence sans que des systèmes se mettent en travers de ce cheminement.”

        de SHAHEIM PAGE

        Il s’agit de l'une des huit histoires du projet « The Past Is Present », une collaboration entre National Geographic et For Freedoms.

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          Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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