Reportage : Los Angeles en proie à des incendies apocalyptiques
Mark Thiessen, photographe National Geographic, couvre les feux de forêts depuis des décennies. Il s'est rendu à Los Angeles pour couvrir les incendies dévastateurs qui ravagent la ville.
Un pompier lutte contre l’incendie de Palisades qui ravage une maison du quartier de Pacific Palisades, à Los Angeles.
Les pompiers parlent du feu comme s’il était vivant, raconte Marc Thiessen, photographe National Geographic. « J’ai vu pourquoi ils avaient cette impression, c’est à cause de la façon dont [le feu] se déplace et à cause de sa férocité ; il n’abdique que lorsque le vent cesse. »
Mark Thiessen a vu la même intensité dans les flammes que montrent les images des incendies dévastateurs qui frappent Los Angeles. Cela a rappelé à son souvenir ses près de trois décennies d’expérience dans la photographie de feux en tous genres.
Des pompiers luttent contre l’incendie de Palisades exacerbé par les vents forts qui soufflent sur l’ouest de Los Angeles.
La zone de Pacific Palisades a subi un grave incendie qui a forcé des dizaines de milliers de personnes à évacuer.
Après une formation dans une école de lutte contre les feux de forêt dans l’Idaho en 1997, il a commencé à accompagner des pompiers au cœur d’incendies dans le monde entier. Parmi ses missions marquantes figurent notamment un reportage avec des pompiers parachutistes russes et, plus récemment, un reportage auprès de pompiers parachutistes en Alaska.
De la fumée s’élève derrière les maisons de Pacific Palisades.
Un homme passe devant une entreprise ravagée après que l’incendie d’Eaton a balayé Altadena.
L’incendie de Palisades brûle un sapin de Noël à l’intérieur d’une résidence du quartier de Pacific Palisades.
QUELLE EST LA CAUSE DES INCENDIES À LOS ANGELES ?
Mark Thiessen, originaire de la vallée San Gabriel, qui borde Los Angeles à l’est, a sélectionné cette série d’images des incendies qui sont passés si près de sa ville natale. Qu’est-ce qui les a rendus si catastrophique ? Le photographe retient plusieurs facteurs.
Tout d’abord, explique-t-il, c’est la nature de la région : l’activité et la santé de la plupart des écosystèmes de la Californie dépendent de la survenue d’incendies réguliers. Certaines formations végétales, comme le chaparral, ont besoin du feu pour germer, et certaines herbes et certains arbustes ont besoin que le feu débarrasse le sol forestier pour pouvoir s’épanouir.
« Nous éteignons si bien les incendies depuis 1910 que nos forêts sont envahies par la végétation », explique-t-il. Cela signifie qu’il y a davantage de combustible susceptible de prendre feu.
Une nuit a suffi à réduire en cendres ce restaurant de Pacific Palisades.
Une résidente d’une maison de retraite en train d’être évacuée à Altadena, en Californie. Depuis le début des incendies dans la région de Los Angeles, des milliers de bâtiments ont été détruits et des dizaines de milliers d’habitants ont été contraints d’évacuer.
De la fumée s’élève tandis que l’incendie de Palisades fait des dégâts à Malibu, à l’ouest de Los Angeles.
Vient ensuite le manque de précipitations. Dans la région, la saison des pluies court d’octobre à avril, mais la quasi-absence de précipitations cet automne et cet hiver a aridifié les paysages et a engendré des conditions de sécheresse.
Enfin, troisième facteur, le plus important peut-être, le vent, paramètre qui avait donné un caractère particulièrement dévastateur aux incendies survenus à Maui en 2023. Ainsi que l’explique Mark Thiessen, les vents sont assez prévisibles. Il y a une semaine déjà, les météorologistes prévoyaient l’arrivée du vent de Santa Ana, un vent connu pour sa virulence qui souffle d’est en ouest, et non d’ouest en est depuis l’océan.
Des maisons brûlent sur les hauteurs d’Altadena.
Un palmier esseulé qui a brûlé non loin du centre-ville d’Altadena.
Deux personnes s’étreignent alors qu’elles quittent Altadena
Vendredi matin, « quand j’ai lu la description publiée par la NOAA, je suis resté bouche bée », se souvient Mark Thiessen. « Je me souviens encore avoir dit à mon ami, il y a des gens qui vivent dans leur maison en ce moment même qui n’ont aucune idée qu’elle va brûler complètement la semaine prochaine. »
De même que le début d’un incendie, sa fin est prévisible : « On sait quand il va s’éteindre, car quand le vent tombe, l’incendie s’éteint en claquement de doigt. » Mais tant que ces incendies font rage, « les pompiers ne peuvent tout simplement pas suivre le rythme », affirme-t-il. Certaines mesures sont toutefois prises pour réduire les risques, comme la mise hors-tension des lignes électriques afin qu’elles ne déclenchent pas nouveaux incendies si (ou lorsque) elles sont renversées par le vent. L’attentisme peut autrement être dévastateur.
Un arbre creux brûle dans un quartier d’Altadena détruit par l’incendie d’Eaton.
Accompagnée de son conjoint Megan Mantia, à gauche, vient voir ce qu’il reste de sa maison gravement endommagée par l’incendie.
Production photographique de Madison Tessler. Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.