Les 20 plus grandes découvertes scientifiques de la dernière décennie

Les années 2010 ont apporté leur lot de fascinantes découvertes et d'événements majeurs. Retrouvez ceux qui nous ont le plus marqués.

De Michael Greshko
Sur cette illustration, deux étoiles à neutrons entrent en collision lors d’une explosion appelée supernova. Le ...
Sur cette illustration, deux étoiles à neutrons entrent en collision lors d’une explosion appelée supernova. Le 16 octobre 2017, des astronomes ont confirmé la première détection d’ondulations de l’espace-temps, ou ondes gravitationnelles, engendrées par ce type de phénomène à la fois violent et visible.
PHOTOGRAPHIE DE ILLUSTRATION BY ROBIN DIENEL; COURTESY THE CARNEGIE INSTITUTION FOR SCIENCE

Après avoir fait nos adieux aux années 2010, revenons un instant sur une décennie prolifique en matière de découvertes. Ces 10 dernières années, les scientifiques du monde entier ont réalisé des avancées considérables, améliorant notre connaissance du corps humain, de notre planète et de l'univers qui nous entoure. Cette décennie marque également l'avènement d'une collaboration scientifique plus internationale qu'elle ne l'a jamais été. Aujourd'hui, les découvertes révolutionnaires émanent plus souvent d'une coalition de 3 000 savants que d'un groupe de 3 chercheurs.

Face à ces multiples découvertes, rendues possibles grâce à de nombreuses personnes, la rédaction de National Geographic a choisi de ne pas réduire cette riche décennie à une poignée d'avancées. Nous avons identifié ici 20 événements majeurs qui nous ont particulièrement marqués et qui, selon nous, ouvriront la voie à d'autres trouvailles fascinantes au cours de la prochaine décennie.

 

Des ondes gravitationnelles détectées pour la première fois

En 1916, Albert Einstein émet une théorie : lorsque deux objets possédant une certaine masse accélèrent, ils peuvent parfois provoquer des ondes qui traversent l’espace-temps, à la manière d’ondulations à la surface d’un étang. Si Einstein doutera, par la suite, de leur existence, ces « remous » spatiotemporels – appelés ondes gravitationnelles – constituent une prédiction clef de la théorie de la relativité, et leur recherche captive les scientifiques durant des décennies. Bien que des traces tangibles de ces ondes apparaissent pour la première fois dès les années 1970, ce n’est qu’en 2015 qu’elles seront véritablement détectées par l’observatoire américain LIGO, qui perçoit la réplique d’une collision lointaine entre deux trous noirs. Annoncée en 2016, cette découverte ouvre alors la voie à une nouvelle façon de sonder le cosmos.

En 2017, LIGO et l’observatoire européen Virgo identifient une autre série de secousses, due cette fois à la collision entre deux corps célestes ultra denses appelés étoiles à neutrons. Les télescopes du monde entier assistent à l’explosion, une première dans l’observation des ondes gravitationnelles et lumineuses. Ces données majeures éclairent les scientifiques sur le fonctionnement de la gravité ainsi que sur la formation d’éléments comme l’or et l’argent. (À lire aussi : Qu'est ce qu'une onde gravitationnelle ?)

 

Grande réorganisation de l’arbre généalogique de l’espèce humaine

Malgré certains aspects primitifs, le visage, le crâne et les dents présentent beaucoup de caractéristiques modernes pour justifier l’inclusion de l’Homo. naledi dans le genre Homo. Il aura fallu 700 heures à l’artiste John Gurche pour reconstituer cette tête à partir de scanners d’os et de fourrure d’ours en guise de poils.
PHOTOGRAPHIE DE Mark Thiessen, National Geographic

La décennie a été marquée par de nombreux progrès concernant la compréhension de nos origines : l’établissement de nouvelles dates sur des fossiles connus, la découverte de crânes fossilisés étonnamment complets ainsi que l’ajout de multiples branches inédites. En 2010, l’explorateur itinérant National Geographic Lee Berger annonce la découverte d’un de nos lointains ancêtres, Australopithecus sediba. Cinq ans après, il révèle que les fossiles d’une nouvelle espèce ont été mis au jour au sein du « berceau de l’humanité », un réseau de grottes karstiques d’Afrique du Sud : Homo. naledi, un hominidé dont l’anatomie en « mosaïque » s’apparente aussi bien à celle de l’homme moderne qu’à celle de ses cousins bien plus anciens. Une étude complémentaire a également révélé le très jeune âge de H. naledi, qui vivait il y a 236 000 à 335 000 ans.

L’Asie a été le lieu de nombreuses découvertes majeures. En 2010, une équipe dévoile que l’ADN identifié à partir d’une phalange d’un ancien habitant de Sibérie ne ressemble à celui d’aucun autre être humain moderne ; il s’agit de la première preuve d’une mystérieuse lignée connue aujourd’hui sous le nom de Dénisoviens. En 2018, des outils de pierre remontant à 2,1 millions d’années sont découverts en Chine, indiquant l’arrivée de fabricants d’outils en Asie des centaines de milliers d’années plus tôt que l’on ne le pensait. En 2019, des chercheurs ont retrouvé des fossiles de Homo luzonensis aux Philippines, une nouvelle espèce humaine semblable à Homo floresiensis, l’Homme de Florès. Enfin, la découverte d’outils de pierre sur l’île des Célèbes antidate l’arrivée de l’Homme moderne, suggérant ainsi la présence d’un troisième hominidé insulaire encore non identifié en Asie du Sud-Est. (À lire aussi : La lignée de l'Homme de Denisova pourrait représenter trois espèces humaines)

 

Révolution de l’analyse d’ADN fossiles

Avec le perfectionnement considérable des technologies de séquençage de l’ADN, les progrès qui ont marqué cette décennie nous ont permis de mieux comprendre l’influence de notre passé génétique sur l’être humain moderne. Dès 2010, des chercheurs ont publié le premier génome quasi complet d’un ancien Homo sapiens, inaugurant ainsi une décennie révolutionnaire en matière d’analyse de l’ADN de nos ancêtres. Depuis, plus de 3 000 génomes fossiles ont été séquencés, dont l’ADN de Naia, une jeune fille disparue il y a 13 000 ans sur les terres du Mexique actuel. Il s’agit de l’un des squelettes humains restés intacts les plus anciens jamais découverts sur le continent américain. Toujours en 2010, des scientifiques ont annoncé le décryptage partiel du génome de l’homme de Néandertal, première preuve génétique tangible que 1 à 4 % de l’ADN des êtres humains non africains proviendrait de ces proches cousins.

Autre coup de tonnerre : en 2018, des chercheurs qui analysaient des ADN fossiles ont révélé la découverte d’un os vieux de 90 000 ans appartenant à une adolescente dont la mère était néandertalienne et le père dénisovien, faisant d’elle le premier être humain hybride jamais découvert. En outre, en comparant l’ADN de l’homme de Denisova à des protéines fossilisées, des scientifiques ont confirmé que les Dénisoviens vivaient autrefois au Tibet, élargissant ainsi l’aire de répartition connue de ce groupe mystérieux. À mesure que le champ d’étude d’ADN fossiles s’est perfectionné, les considérations éthiques, ayant trait notamment au besoin de participation des collectivités et au rapatriement des restes humains de populations indigènes, ont, elles aussi, de plus en plus été prises en compte.

 

Découverte de milliers d’exoplanètes

Notre connaissance des planètes en orbite autour d’étoiles lointaines s’est considérablement affinée au cours de cette décennie, des progrès que nous devons en majorité au télescope spatial Kepler de la NASA. De 2009 à 2018, le télescope a découvert plus de 2 700 exoplanètes confirmées, soit plus de la moitié de toutes celles que nous connaissons. La première exoplanète rocheuse confirmée figure parmi les plus grands succès de la mission spatiale Kepler. Lancé en 2018, son successeur TESS a commencé à sonder les cieux nocturnes et a d’ores et déjà identifié 34 exoplanètes confirmées.

Des relevés au sol ont également été réalisés. En 2017, des chercheurs ont annoncé la découverte de TRAPPIST-1, un système stellaire situé à seulement 39 années-lumière de la Terre composé de pas moins 7 planètes de la taille de la Terre, soit le plus grand nombre de planètes mises au jour autour d’une autre étoile que le Soleil. L’année précédente, l’équipe du projet Pale Red Dot avait révélé la découverte de Proxima b, une planète de la taille de la nôtre en orbite autour de Proxima Centauri, plus proche étoile du Soleil située à seulement 4,25 années-lumière de notre système. (À lire aussi : La présence d’eau confirmée sur les planètes de Trappist-1)

 

Entrée dans l'ère Crispr

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    Les années 2010 ont été marquées par d'énormes progrès dans le domaine de la modification génétique, essentiellement grâce à la découverte de CRISPR-Cas9. Ce système joue naturellement le rôle de système immunitaire chez certaines bactéries : il leur permet de stocker des bribes d'ADN viral, de reconnaître tout futur virus correspondant et de déchiqueter l'ADN dudit virus. En 2012, des scientifiques laissent entendre que CRISPR-Cas9 pourrait servir d'outil puissant de modification du génome, grâce à la précision avec laquelle il découpe l'ADN, propice à une personnalisation de la part des chercheurs. Quelques mois plus tard, d'autres équipes confirment que cette technique fonctionne sur l'ADN humain. Depuis, les laboratoires du monde entier se sont lancés dans une course effrénée afin d'identifier d'autres systèmes semblables, de rendre CRISPR-Cas9 encore plus précis et de procéder à des expériences dans les domaines de l'agriculture et de la médecine.

    Si les potentiels avantages de CRISPR-Cas9 sont immenses, les problèmes éthiques que ce système pose le sont tout autant. En 2018, le chercheur chinois He Jiankui a annoncé la naissance de deux petites filles dont il avait modifié le génome à l'aide de CRISPR, premiers êtres humains à naître avec des modifications héréditaires à leur ADN, provoquant l'effroi de la communauté médicale mondiale. Suite à cette annonce, l'exigence d'un moratoire à l'échelle planétaire sur les modifications génétiques héréditaires chez l'être humain s'est faite plus forte.

     

    Le cosmos comme nous ne l'avions jamais vu

    En 2019, l'Event Horizon Telescope, réseau de radiotélescopes terrestres sur toute la planète, révèle la première image d'un trou noir supermassif et de son ombre. Cette photo montre le trou noir au centre de Messier 87, une galaxie supergéante située dans l'amas de la Vierge.
    PHOTOGRAPHIE DE Event Horizon Telescope Collaboration

    La décennie qui vient de s'écouler a apporté son lot d'observations révolutionnaires, bousculant ainsi l'étude de l'univers. En 2013, l'Agence spatiale européenne a lancé le satellite Gaia, destiné à effectuer des mesures de distances de plus d'un milliard d'étoiles dans la Voie lactée ainsi que la vitesse de plus de 150 millions d'étoiles. Les scientifiques ont pu réaliser une vidéo 3D de notre galaxie à partir de ces données, jetant un regard inédit sur la formation et l'évolution des galaxies avec le temps.

    En 2018, les scientifiques ont publié les résultats finaux des mesures du satellite Planck des faibles dernières lueurs de l'univers jeune, indications essentielles sur les composants, la structure et le taux d'expansion cosmiques. Curieusement, le taux d'expansion mesuré par Planck diffère de celui actuel, déclenchant une potentielle « crise dans le domaine de la cosmologie » dont l'explication pourrait bien nécessiter de nouvelles connaissances en physique. Toujours en 2018, le programme de grande ampleur Dark Energy Survey a publié sa première salve de données, susceptibles de contribuer à la recherche de modèles cachés au sein de la structure de notre univers. Enfin, en avril 2019, des chercheurs du Event Horizon Telescope ont dévoilé la toute première image de l'ombre d'un trou noir au cœur de la galaxie M87, rendue possible grâce à un effort collectif planétaire. (À lire aussi : Les lentilles gravitationnelles pourraient aider à comprendre l'expansion de l'univers)

     

    Découverte d'art ancien

    Dans la grotte de Bruniquel, en France, un ouvrier mesure des cercles de pierre susceptibles d'avoir été bâtis par des néandertaliens.
    PHOTOGRAPHIE DE Etienne Fabre, Ssac

    Des découvertes réalisées aux quatre coins du monde ont démontré que l'art, ou tout au moins le griffonnage, est un phénomène bien plus ancien et plus répandu géographiquement que l'on ne le pensait. En 2014, des chercheurs ont révélé qu'un pochoir de main humaine et une peinture de « cochon-cerf » découverts dans les grottes de Maros, sur l'île indonésienne de Sulawesi, dataient d'il y a 39 000 ans au moins, aussi vieux que les plus anciennes œuvres rupestres d'Europe, donc. En 2018, des chercheurs ont annoncé la découverte d'œuvres d'art rupestre remontant à entre 40 000 et 52 000 ans sur l'île de Bornéo, reculant encore davantage les origines de la peinture figurative. Une écaille de pierre hachurée il y a 73 000 ans, découverte elle aussi en 2018, en Afrique du Sud, pourrait bien être le plus vieux dessin du monde.

    D’autres découvertes controversées ont alimenté le débat quant aux talents artistiques des néandertaliens. En 2018, des scientifiques ont mis au jour des pigments ainsi que des coquillages marins perforés vieux de 115 000 ans en Espagne, époque où seuls les néandertaliens vivaient sur le continent. Selon une étude réalisée la même année, certaines des peintures rupestres présentes en Espagne remonteraient à 65 000 ans. Si de nombreux spécialistes de l’art pariétal ont contesté ces conclusions, ces œuvres pourraient bien constituer la première trace de peintures rupestres réalisées par des néandertaliens. Enfin, en 2016, des chercheurs ont découvert de mystérieux cercles de stalagmites, disposés il y a près de 176 000 ans, au sein d’une grotte française. Si les ours des cavernes ne sont pas à l’origine de ces structures, leur âge laisse à penser qu’elles sont l’œuvre de néandertaliens, une fois de plus.

     

    Premiers voyages interstellaires

    Il est probable que les historiens du futur se rappellent des années 2010 comme de la décennie interstellaire. Pour la toute première fois, nos vaisseaux spatiaux ont percé le voile entre le Soleil et l’espace interstellaire et nous avons reçu la visite d’objets qui se sont formés autour d’étoiles lointaines.

    En août 2012, la sonde Voyager 1 de la NASA a franchi la frontière externe de l’héliosphère, la zone d’influence sous forme de bulle des vents solaires. En novembre 2018, Voyager 2 a rejoint sa jumelle dans le milieu interstellaire, recueillant des données révolutionnaires en chemin. Mais la route interstellaire est à double sens. En octobre 2017, les astronomes ont découvert Oumuamua, premier objet céleste formé au sein d’un autre système stellaire et qui a traversé le nôtre à être détecté. En août 2019, l’astronome amateur Gennady Borisov a mis au jour le deuxième intrus interstellaire de ce type, une comète très active qui porte désormais son nom. (À lire aussi : Détection d'une étrange comète interstellaire en approche de notre système solaire)

     

    Vers des civilisations anciennes

    Au cours des années 2010, les archéologues ont fait nombre de découvertes fascinantes. En 2013, des chercheurs britanniques ont enfin mis au jour la dépouille du roi Richard III, alors inhumée sous ce qui est aujourd’hui un parking. En 2014, des scientifiques ont révélé que le château de Huarmey, au Pérou, renfermait toujours un tombeau royal demeuré intact. En 2016, le premier cimetière philistin est découvert, offrant un aperçu inédit du peuple le plus mystérieux de la Bible hébraïque. L’année qui suivra, des archéologues annonceront que l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem a plus de 1 700 ans, époque du premier empereur chrétien de Rome, semblant ainsi confirmer la théorie selon laquelle elle serait érigée sur le site identifié par Rome comme le lieu de sépulture du Christ. Enfin, en 2018, le plus vaste site sacrificiel d’enfants jamais découvert a été mis au jour au Pérou et plus de 60 000 édifices mayas récemment identifiés ont été détectés au moyen de lasers aéroportés au Guatemala. (À lire aussi : Le plus grand sacrifice rituel d'enfants de l'Histoire aurait eu lieu au Pérou)

    Les profondeurs marines ont, elles aussi, réservé leur lot de grandes découvertes archéologiques. En 2014, une équipe canadienne a enfin retrouvé l’épave du H.M.S. Erebus, un navire d’exploration de l’Arctique au funeste destin, qui avait sombré en 1846. Deux ans plus tard, une autre expédition permet de localiser son navire-jumeau, le H.M.S. Terror. En 2017, une mission dirigée par le cofondateur de Microsoft, Paul Allen, permet de retrouver l'U.S.S. Indianapolis, navire longtemps porté disparu qui avait coulé en 1945, signant l’une des pires catastrophes de l’histoire navale des États-Unis. Dans le cadre du The Black Sea Maritime Archaeology Project, plus de 60 épaves historiques ont été découvertes dans les profondeurs de la mer Noire, parmi lesquelles un navire vieux de 2 400 ans resté intact mis au jour en 2018. En 2019, les autorités de l’État américain de l’Alabama ont annoncé la découverte du Clotilda, le dernier bateau longtemps disparu à avoir transporté des Africains réduits en esclavage vers les États-Unis.

     

    À la conquête de nouveaux territoires du système solaire

    En juillet 2015, la sonde New Horizons de la NASA a conclu son périple de plusieurs décennies au cœur du monde glacé de Pluton, nous offrant ainsi les toutes premières images de la surface étonnamment variée de la planète naine. Le 1er janvier 2019, la sonde a réalisé le survol le plus éloigné de notre planète jamais entrepris et saisi les premiers clichés du corps céleste glacé Arrokoth, vestige important des balbutiements du système solaire.

    Un peu plus près de chez nous, la sonde spatiale Dawn de la NASA a atteint Vesta, deuxième plus grand corps céleste de la ceinture d’astéroïdes, en 2011. Après avoir accompli sa cartographie, Dawn s’est placée dans l’orbite de la planète naine Cérès, le plus grand objet de la ceinture d’astéroïdes, devenant ainsi la première mission à avoir gravité autour d’une planète naine et de deux corps extraterrestres. Au crépuscule de la décennie, les sondes OSIRIS-Rex de la NASA et Hayabusa2 de la JAXA ont respectivement rendu visite aux astéroïdes Bennu et Ryugu, dans l’objectif de rapporter des échantillons de leur sol.

     

    Des batailles gagnées contre la maladie

    Face à l’épidémie d’Ebola qui a frappé l’Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016, les autorités sanitaires et le laboratoire pharmaceutique Merck ont accéléré la mise au point du rVSV-ZEBOV, un vaccin expérimental contre la maladie. Suite à un essai clinique très concluant en 2015, les autorités européennes l’ont autorisé en 2019, une étape importante dans la lutte contre la maladie meurtrière. Plusieurs études majeures ont également contribué à contrer la propagation du VIH. Un essai clinique réalisé en 2011 a révélé que la prise préventive d’antirétroviraux réduisait considérablement les risques de propagation du VIH chez les couples hétérosexuels – un résultat confirmé par des études complémentaires englobant également les couples de même sexe.

     

    Repousser les limites de la reproduction

    À l’aide de la technologie de modification génétique, deux souris femelles ont donné naissance à ce souriceau, tel que décrit dans une étude réalisée en 2018. Une fois adulte, cette souris née de parents de même sexe a mis au monde des petits.
    PHOTOGRAPHIE DE Leyun Wang

    En 2016, des cliniciens ont annoncé la naissance d’un bébé issu de trois parents, à partir du sperme du père, du noyau de la mère et de l’ovule d’une troisième donneuse dont le noyau avait été retiré. Cette thérapie, controversée d’un point de vue éthique, vise à corriger d’éventuelles maladies des mitochondries de la mère. En 2018, une équipe de chercheurs a généré des précurseurs d’ovocytes à partir de cellules souches humaines, tandis qu’une autre étude a démontré que deux souris de même sexe pouvaient procréer grâce à la modification génétique. Toujours cette même année, des scientifiques chinois ont annoncé la naissance de deux macaques clonés, une grande première chez les primates. Si les chercheurs assurent que cette technique ne sera pas employée sur l’être humain, il se pourrait qu’elle fonctionne sur d’autres primates, y compris nous.

     

    Détection du boson de Higgs

    Sur cette illustration, un boson de Higgs émerge d’une collision de protons.
    PHOTOGRAPHIE DE Illustration by Moonrunner Design Ltd., National Geographic

    Comment la matière peut-elle acquérir de la masse ? Dans les années 1960 et 1970, des physiciens, dont Peter Higgs et François Englert, postulent l’existence d’un nouveau champ qui emplirait l’Univers, plus connu aujourd’hui sous le nom de champ de Higgs. À ce champ hypothétique a été associée une particule élémentaire, appelée boson de Higgs. En juillet 2012, l’annonce par deux équipes de la détection de cette particule au sein du Grand collisionneur de hadrons du CERN a mis fin à des décennies de recherche. Cette découverte constitue la dernière pièce manquante du Modèle standard, théorie incroyablement fructueuse, bien qu’incomplète, qui décrit trois des quatre interactions fondamentales en physique ainsi que toutes les particules élémentaires connues.

     

    Réécriture des manuels de paléontologie

    Au cours de cette décennie, nos connaissances sur la Préhistoire se sont vues bousculées grâce à la découverte de nouveaux fossiles fascinants et à l’émergence d’autres outils analytiques. En 2010, des chercheurs soutenus par la National Geographic Society ont publié la première reconstitution en couleur du corps entier d’un dinosaure, rendue possible par la mise au jour de pigments fossilisés. Depuis, la palette s’est étoffée à mesure que les paléontologues ont découvert le camouflage des dinosaures, des plumes allant du noir au bleu en passant par l’arc-en-ciel irisé, ainsi qu’une peau rougeâtre sur l’un des fossiles les mieux préservés de dinosaure à armure. En outre, l’analyse de molécules adipeuses conservées a permis à des chercheurs de montrer que Dickinsonia, une créature primitive vivant il y a plus de 540 millions d’années, était un animal – une véritable prouesse en matière d’investigation chimique.

    En 2014, des paléontologues ont annoncé la découverte de nouveaux fossiles du dinosaure prédateur Spinosaurus qui suggèreraient qu’il s’agissait d’un prédateur semi-aquatique – le premier connu chez les dinosaures. Un an plus tard, en Chine, une équipe dévoile le fossile surprenant de Yi qi, un dinosaure à plumes extrêmement étrange aux ailes semblables à celles d’une chauve-souris. L’intérêt des scientifiques pour l’ambre de Birmanie, vieux de 99 millions d’années, s’est accru au cours de la dernière décennie, mettant au jour une queue de dinosaure à plumes, un oisillon primitif ainsi que de multiples invertébrés emprisonnés dans la résine fossilisée de l’arbre.

     

    Découverte d’éléments constitutifs de la vie sur d’autres mondes

    Au cours de la dernière décennie, les missions spatiales nous ont permis d’en apprendre davantage sur les molécules organiques à base de carbone – ingrédients essentiels à la vie sous la forme que nous connaissons – présentes au sein d’autres mondes. Après avoir orbité et atterri sur la comète 67P Churyumov-Gerasimenko, la mission Rosetta de l’Agence spatiale européenne a recueilli entre 2014 et 2016 des données qui nous ont permis d’examiner avec précision les matières premières probablement arrivées sur Terre lors d’anciens impacts. Avant de tirer sa révérence en 2017, la sonde Cassini de la NASA a confirmé la présence de grandes molécules organiques au sein des panaches aqueux d’Encelade, la lune de Saturne, signe qu’elle contient les ingrédients essentiels à la vie. En 2018, la NASA a annoncé la découverte de composés organiques ainsi que d’un mystérieux cycle saisonnier dans les taux atmosphériques de méthane sur Mars par son rover Curiosity.

     

    L’urgence climatique résonne plus fort que jamais

    Chaque vendredi, Alexandria Villasenor, 13 ans, sèche l’école dans le cadre de la grève contre le réchauffement climatique. Chaque semaine, qu’il vente ou qu’il neige, elle s’assied avec ses pancartes sur un banc devant les Nations Unies, à New York, afin d’alerter sur la question du dérèglement climatique. Le 15 mars, elle et d’autres jeunes activistes aux quatre coins des États-Unis ont organisé une grève mondiale pour le climat.
    PHOTOGRAPHIE DE Sarah Blesener, The Washington Post, Getty

    Au cours de cette décennie, le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’atmosphère a atteint des niveaux sans précédent dans notre histoire moderne, associés à des températures record. Le 9 mai 2013, le taux de CO2 à l’échelle mondiale était parvenu à 400 ppm, une première dans l’histoire de l’humanité, pour demeurer durablement au-dessus de ce seuil en 2016. En conséquence, le réchauffement s’est accentué sur toute la planète : 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019 ont été les cinq années les plus chaudes jamais enregistrées depuis le début des relevés de températures en 1880. À compter de 2014, le réchauffement des océans a déclenché un phénomène de blanchiment des coraux à l’échelle planétaire. Aux quatre coins du globe, des coraux ont disparu, notamment dans la Grande Barrière de corail. En 2019, l’Australie a annoncé l’extinction du Melomys rubicola en raison de la montée du niveau de la mer, premier mammifère à disparaître à cause du dérèglement climatique.

    À travers une succession de rapports majeurs, des scientifiques du monde entier ont tiré la sonnette d’alarme au sujet du changement climatique, des risques qu’il induit et de la nécessité de réagir. En 2014, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié son cinquième rapport d’évaluation de la réalité et des conséquences du dérèglement climatique. Un an plus tard, les pays du monde entier ont négocié l’accord de Paris, accord universel sur le climat ayant pour objectif de maintenir le réchauffement en-deçà de 2°C – considéré par les dirigeants mondiaux et les scientifiques comme un seuil critique. En octobre 2018, le GIEC a publié un nouveau rapport relativement pessimiste mettant en évidence le coût énorme d’un réchauffement à seulement 1,5°C d’ici 2100 – la hausse minimum à laquelle devra faire face la planète, selon toute vraisemblance. Face à de tels défis, des manifestations pour le climat sans précédent ont essaimé aux quatre coins du monde, menées pour la plupart par de jeunes militants.

     

    (Re)découverte de certaines espèces

    Les biologistes contemporains découvrent de nouvelles espèces à un rythme fulgurant, en identifiant en moyenne 18 000 chaque année. Au cours de la décennie qui vient de s’achever, ils ont décrit pour la première fois plusieurs mammifères charismatiques, tels que le rhinopithèque de Stryker, le rat géant Uromys vika et l’olinguito, premier carnivore découvert dans l’hémisphère occidental depuis la fin des années 1970. Les rangs d’autres groupes d’animaux se sont également élargis suite à la découverte de poissons « à mains », de minuscules grenouilles plus petites qu’une pièce de monnaie et d’une salamandre géante en Floride, pour ne citer qu’eux. Enfin, d’autres animaux, notamment le saola du Vietnam et l’ili pika de Chine, ont refait leur apparition après ne pas avoir été aperçus pendant des années. (À lire aussi : Une nouvelle espèce de salamandre géante a été découverte en Floride)

    En parallèle de ces nombreuses découvertes, les scientifiques ont calculé le taux, exponentiel, d’extinctions. En 2019, ils ont signalé qu’un quart des espèces végétales et animales seraient menacées de disparition ; en d’autres termes, jusqu’à un million d’espèces – connues comme inconnues – risquent aujourd’hui de disparaître, d’ici quelques décennies pour certaines d’entre elles.

     

    Une nouvelle ère pour les voyages spatiaux

    La dernière décennie fut une période charnière pour la conquête spatiale ; l’accès à l’orbite basse terrestre et à tout ce qui se situe au-delà s’est transformé en entreprise mondiale et commerciale. En 2011, la Chine a mis en orbite son premier laboratoire spatial, Tiangong-1. En 2014, la mission indienne Mars Orbiter a atterri sur la planète rouge, faisant de l’Inde le premier pays à atteindre Mars d’entrée de jeu. En 2019, la société à but non lucratif israélienne SpaceIL a tenté le tout premier alunissage financé par des fonds privés, tandis que la mission chinoise Chang'e-4 a réussi le premier atterrissage en douceur sur la face cachée de la Lune. Le corps international des astronautes a également vu grossir ses rangs : Tim Peake est devenu le premier astronaute professionnel britannique, Aidyn Aimbetov le premier cosmonaute kazakh de l’ère post-soviétique et les Émirats arabes unis ainsi que le Danemark ont envoyé leurs premiers astronautes dans l’espace. Enfin, les astronautes de la NASA Jessica Meir et Christina Koch ont réalisé la première sortie spatiale exclusivement féminine.

    Aux États-Unis, après la dernière navette spatiale lancée en 2011, des entreprises privées ont cherché à combler le vide. En 2012, SpaceX a inauguré la première mission commerciale destinée à ravitailler la Station spatiale internationale ; en 2015, Blue Origin et SpaceX sont devenues les premières sociétés à envoyer dans l’espace des fusées réutilisables et à les faire réatterrir verticalement, une étape importante pour réduire les coûts des lancements en orbite basse terrestre.

     

    La face cachée des animaux révélée

    Au cours des années 2010, de nombreuses espèces du royaume animal nous ont révélé certains aspects et comportements insoupçonnés. En 2015, l’explorateur National Geographic David Gruber a découvert que les tortues imbriquées réfléchissaient le vert et le rouge – premier cas de biofluorescence connu chez un reptile. En 2016, des chercheurs ont démontré que le requin du Groenland avait une durée de vie d’au moins 272 ans, faisant de lui le vertébré connu à l’espérance de vie la plus longue. Nous en avons également appris davantage sur l’usage fait par les animaux des outils ; une étude de 2019 a montré pour la première fois que les sangliers des Visayas se servaient d'instruments et plusieurs études ont indiqué qu’il en était de même pour les singes capucins du Brésil depuis au moins 3 000 ans, la plus ancienne trace d’une telle utilisation chez les animaux et en dehors du continent africain. En 2018, au Kenya, des biologistes ont observé pour la première fois depuis 1909 en Afrique une panthère noire. (À lire aussi : Des porcins observés en train d'utiliser des outils pour la première fois)

     

    Redéfinition des unités scientifiques

    Afin de mieux appréhender le monde naturel, les scientifiques doivent le mesurer. Mais comment définir ces unités de mesure ? Au fil des décennies, les scientifiques ont progressivement redéfini les unités classiques par rapport à des constantes universelles, définissant la longueur d’un mètre à l’aide de la vitesse de la lumière, par exemple. Or, l’unité de mesure de masse, le kilogramme, restait fermement chevillé au « Grand K », un cylindre métallique conservé au sein d’un établissement français. Si la masse de ce lingot venait à varier pour une raison ou pour une autre, les scientifiques devraient réétalonner leurs instruments. Ce n’est désormais plus le cas : en 2019, une nouvelle définition du kilogramme a été adoptée, basée sur la constante de Planck, une constante fondamentale de la physique, ainsi que sur les définitions améliorées des unités du courant électrique, de la température et du nombre de particules au sein d’une substance donnée. Pour la première fois de l’histoire, toutes les unités scientifiques découlent de constantes universelles, ouvrant ainsi la voie à des mesures d’une plus grande précision.

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