Ces Néandertaliens ont été dévorés… mais par qui (ou quoi) ?
Des preuves potentielles de cannibalisme avaient déjà été révélées sur le site de la découverte de dents préhistoriques, dans un village du sud-ouest de la France.
Ce portrait d'une néandertalienne a été reconstitué à l'aide de données ADN. Les Néandertaliens ressemblaient aux humains modernes, avec une proéminence du bourrelet sus-orbitaire, une dentition large et de grands yeux. Ils auraient également été plus intelligents que ne le laissait entendre la recherche jusqu'à présent.
Une étude parue en 2017 dans la revue Paleo suggère qu’un grand carnivore préhistorique se serait nourri de restes de Néandertaliens il y a 65 000 ans.
Les dents décrites dans l’étude, retrouvées sur un site du village de Marillac-le-Franc, dans le sud-ouest de la France, présentent des signes d’ingestion puis de rejet. Les scientifiques spécialisés dans l’étude des Néandertaliens ont pu, grâce à ces fouilles menées de 1967 à 1989, faire plusieurs découvertes intéressantes.
Aujourd’hui disparus, les Néandertaliens étaient autrefois les plus proches parents de l’Homme moderne. De son vivant, cette espèce du genre Homo s’est étendue vers l’ouest jusqu’à la France actuelle, et vers l’est jusqu’à l’Asie centrale.
Les dents avaient déjà été étudiées par des scientifiques qui avaient conclu que les restes devaient appartenir à une vache ou à un cerf. L’analyse plus récente, effectuée par des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a cependant permis de révéler qu’elles appartenaient en réalité à des humains et avaient été endommagées après avoir été ingérées et digérées.
Selon les spécialistes, le site de Marillac-le-Franc aurait autrefois été utilisé par les chasseurs pour dépecer leurs proies, majoritairement composées de rennes.
Une étude publiée en 2015 a également révélé que les ossements humains retrouvés sur le site avaient été manipulés intentionnellement. Deux théories principales ont été émises afin de tenter d’expliquer les traces de coupures et de fractures à l’origine de cette déduction : le cannibalisme et les cérémonies rituelles.
Dans un communiqué de presse de janvier 2018, les chercheurs du CNRS ont par ailleurs noté qu’il est également possible que de grands carnivores aient ingéré ces restes humains, ce qui suggère qu’une relation très compétitive pourrait avoir été entretenue entre les premiers Hommes et d’autres grands prédateurs de leur époque.
Une espèce de hyène préhistorique aujourd’hui disparue, qui parcourait l’Europe en même temps que les Néandertaliens, a été identifiée comme une coupable potentielle.
Dans une interview accordée à Live Science, Alan Mann, auteur de l’étude et anthropologue à Princeton, déclarait : « Nous ne savons pas exactement ce qu’il s’est passé, mais [les Néandertaliens] ont dû laisser des crânes ou des parties de visage sur place, car des hyènes des cavernes sont venues et les ont dévorés. »
Certaines dents étaient encore reliées à des morceaux de mâchoire, ce qui pourrait indiquer qu’un grand carnivore a dû creuser dans le visage de sa proie.
Des squelettes de hyènes des cavernes découverts dans la péninsule Ibérique montrent que l’apparence de ces dernières était sans doute très similaire à celle des hyènes que nous connaissons aujourd’hui. Les causes de leur extinction, qui pourraient aussi bien être liées à l’influence humaine qu’à d’anciens changements climatiques, font par ailleurs encore l’objet de débats dans la sphère scientifique.
Les chercheurs du CNRS ne savent pas encore quelles circonstances exactes ont permis à ces restes néandertaliens de se retrouver sur le site de chasse où ils ont été mis au jour. Bien qu’une étude parue en 2013 ait dévoilé des preuves indiquant que les Néandertaliens enterraient délibérément leurs morts, selon les spécialistes, le site de Marillac-le-Franc n’était pas utilisé comme un lieu de sépulture.
Si les Néandertaliens de Marillac-le-Franc ont bel et bien été tués par un grand carnivore, la découverte des dents décrite en 2017 ne constitue pas la première preuve d’une lutte entre les grands prédateurs de la préhistoire.
En effet, une étude réalisée en 2015 sur des ossements de Néandertaliens découverts en Espagne avait déjà mis en évidence des blessures par perforation causées par les crocs d’un ancien grand félin. Malgré la croyance selon laquelle les humains modernes auraient supplanté les Néandertaliens, l’étude suggère que la compétition avec les grands prédateurs a elle aussi pu contribuer à la disparition de ces derniers en ajoutant une pression supplémentaire à la lutte pour leur subsistance.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise en 2018.