Lassé des incivilités, le gouvernement balinais veut imposer aux touristes de nouvelles restrictions

Face aux nombreux comportements considérés comme offensants pour les coutumes et croyances locales, les autorités balinaises s'apprêtent à instaurer de nouvelles règles pour encadrer les activités des touristes internationaux.

De Ronan O’Connell
Publication 26 juin 2023, 15:19 CEST
bali-hiking-tourism

À Bali, un randonneur observe les monts Abang et Agung au loin. Les nouvelles lois proposées par le gouverneur interdiraient aux touristes de faire de l'alpinisme, qui constitue l'une des activités les plus populaires sur cette île indonésienne.

PHOTOGRAPHIE DE Frank Heuer, Laif, Redux

Face aux incivilités et aux actes offensants commis régulièrement par les nombreux visiteurs de l’île de Bali, le gouverneur Wayan Koster a transmis aux autorités locales une quinzaine de règles destinées à limiter certaines activités touristiques.

Si cette proposition est mise en place, les voyageurs et voyageuses arrivant à Bali recevront un document leur conseillant de se vêtir avec pudeur dans les temples, mais aussi d’éviter de toucher les arbres sacrés, de jurer en public, d’escalader les édifices religieux ou d’interrompre les cérémonies balinaises. La proposition la plus marquante semble toutefois être l’interdiction de faire de la randonnée en montagne : cette activité touristique populaire est en effet encouragée par de nombreuses entreprises balinaises, qui organisent des excursions vers des sommets et des volcans majestueux.

Plusieurs événements récents ont contribué à motiver les mesures du gouverneur de l’île. Au mois de mai, une Allemande avait par exemple pénétré nue dans un temple, et une Russe avait posé nue sur un banian sacré. Un blogueur russe avait également rejoint les plus de 100 personnes à être expulsées de Bali cette année après s’être déshabillé sur un volcan au mois de mars.

Bien que, avec ses stations balnéaires, ses bars et ses activités destinées aux visiteurs internationaux, l’île indonésienne compte parmi les destinations les plus touristiques d’Asie, cette dernière est aussi profondément enracinée dans des croyances religieuses ancestrales. Bali regorge de sites considérés comme sacrés dans sa culture, qui est à majorité hindoue.

« Dans l’hindouisme, les montagnes sont le lieu de vie des dieux, tout particulièrement l’Himalaya, qui est associé à des divinités spécifiques », explique Adrian Vickers, professeur d’études de l’Asie du Sud-Est à l’Université de Sydney. « Les hautes montagnes et les volcans de Bali, Java et Lombok, sont donc considérés comme les versions [balinaises] de ces montagnes indiennes. À cela s’ajoute le lien qui est fait entre les hauts lieux et les ancêtres [de Bali]. »

De nombreux touristes ne comprennent pas l’impact que leurs actes peuvent avoir sur leur destination, déplore I Nengah Subadra, professeur associé de tourisme à l’Université Triatma Mulya de Bali. En s’habillant de manière trop décontractée, en parlant trop fort ou en touchant quelqu’un trop intimement sur les sites sacrés, les visiteurs perturbent l’équilibre spirituel délicat de l’île.

Un tel comportement n’offense pas que les habitants, il bouleverse également les dieux hindous de Bali, ajoute-t-il. Pour apaiser ces divinités et rétablir l’harmonie cosmique, les Balinais pratiquent d’anciens rituels sur ces sites perturbés dans le but de les purifier de toute énergie négative.

La frustration face au mauvais comportement des touristes est en augmentation à Bali depuis plus de dix ans, révèle le spécialiste, qui cite notamment un incident survenu en 2013, lorsqu’un couple estonien a eu des relations sexuelles dans un temple. Néanmoins, selon lui, les règles prévues pour les touristes recevront un accueil mitigé de la part de la population locale. « Certains Balinais qui sont très favorables à la préservation de la culture seront heureux, mais ceux qui travaillent dans le tourisme risquent d’être mécontents, car [ces mesures] auront forcément un impact sur les entreprises qui organisent des randonnées dans les montagnes. »

Kadek Krishna Adidharma tient l’une de ces entreprises. Directeur de Bali Eco Trekking, qui organise des excursions en montagne depuis vingt-quatre ans, il estime que le gouverneur n’a aucun droit d’interdire aux touristes de visiter les sommets de Bali. « La décision d’ouvrir ou non une montagne ou un volcan au tourisme relève des autorités locales, et non provinciales », proteste-t-il.

« Sur le terrain, nous n’avons constaté aucun changement depuis la règle arbitraire établie par le gouverneur. L’année 2024 étant une année électorale, certains y voient également une tentative de démontrer son pouvoir et sa capacité à agir face au comportement inapproprié de certains touristes. »

Bien qu’aucune date d’application de ces nouvelles règles touristiques n’ait été révélée à ce jour, si vous avez la chance de vous envoler vers Bali, pensez à faire preuve de respect envers les coutumes locales, notamment lors de vos excursions en montagne et de vos visites des temples sacrés de l’île.

les plus populaires

    voir plus

    Ronan O’Connell est un journaliste et photographe australien, qui travaille principalement en Irlande, en Thaïlande et en Australie-Occidentale.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

    les plus populaires

      voir plus
      loading

      Découvrez National Geographic

      • Animaux
      • Environnement
      • Histoire
      • Sciences
      • Voyage® & Adventure
      • Photographie
      • Espace

      À propos de National Geographic

      S'Abonner

      • Magazines
      • Livres
      • Disney+

      Nous suivre

      Copyright © 1996-2015 National Geographic Society. Copyright © 2015-2024 National Geographic Partners, LLC. Tous droits réservés.