Slow Flower : et si le jardin public de votre ville était la clef vers la pleine conscience ?
Les jardins publics ne sont pas seulement destinés à exposer les merveilles de la nature. On peut aussi les considérer comme des sanctuaires qui permettent de mieux se connecter à elle.
Plus que des espaces voués à la beauté esthétique, les parcs publics, comme le Japanese Friendship Garden de San Diego, valorisent également la pleine conscience et la protection de l'environnement.
De nos jours, visiter un jardin public se résume plus à une promenade au milieu de jolies fleurs. Ces dernières années, ces espaces ont adopté une approche qui vise à approfondir la connexion des visiteurs à la nature et à promouvoir des pratiques durables.
« Les jardins publics sont des endroits inspirants, qui peuvent vous encourager à vous acheter des fleurs cultivées près de chez vous », explique Debra Prinzing, l'une des fondatrices du mouvement « slow flower » et créatrice du site SlowFlowers.com. Cet annuaire en ligne met en relation les consommateurs avec des fleuristes et des paysagistes qui utilisent des fleurs locales.
LE MOUVEMENT SLOW FLOWER
Certains amateurs de fleurs ne savent peut-être pas que 80 % des fleurs coupées importées en France proviennent de l'étranger. On estime que quatre fleurs sur dix proviennent du Kenya, d'Ethiopie, de la Colombie et de l'Equateur, où elles sont cueillies tôt et trempées dans un produit chimique avant d'être transportées et distribuées aux fleuristes et aux magasins dans tout le pays. Le mouvement slow flower, né aux Etats-Unis où près de 90 % des fleurs coupées sont importées d'Amérique du Sud, favorise un lien plus étroit entre les consommateurs et le paysage floral, inspirant une nouvelle appréciation de la beauté et de la diversité des fleurs cultivées localement.
Un monarque se nourrit de nectar dans un champ de plumes de Kansas (Liatris spicata) indigène, près de Foley, dans le Minnesota.
« Tout est question de durabilité et de s'assurer que les fleurs que nous achetons sont bonnes pour les humains et la planète », explique Prinzing. « De nombreux jardins botaniques ajoutent plus de plantes indigènes et l'industrie des fleurs utilisent plus de plantes vivaces locales ». Au début de sa quête du slow flower, Prinzing créait des bouquets hebdomadaires avec des fleurs provenant de la région ou de son jardin, à Seattle.
Grâce à des programmes d'agriculture soutenue par les communautés locales et des collaborations entre agriculteurs et fleuristes, ces jardins sont des vitrines vivantes des écosystèmes locaux, qui incitent les visiteurs à cultiver leur propre lien avec la nature et à adopter des pratiques durables dans leur vie quotidienne.
FAIRE L'EXPÉRIENCE DU SLOW FLOWER
Au cours de la dernière décennie, les jardins publics ont commencé à offrir des programmes interactifs et des opportunités éducatives pour aider les visiteurs à mieux comprendre la flore locale.
Les voyageurs peuvent découvrir l'une de ces initiatives au jardin japonais de Portland, dans l'Oregon, qui initie les participants à l'ancienne pratique japonaise du bain de forêt ou shinrin-yoku.
Conçu dans les années 1960 par Takuma Tono de l'université d'agriculture de Tokyo, le jardin japonais de Portland comprend huit types de jardins japonais, dont une terrasse en sable et en pierre.
Cecily Hunt, guide de pleine conscience au jardin, explique que cette pratique consiste à ralentir et à s'immerger dans l'expérience sensorielle. « Il s'agit de se donner la permission d'entendre, de voir, de sentir et de ressentir en pleine conscience la richesse du jardin », explique-t-elle.
Les jardins japonais, avec leur utilisation délibérée de nuances et de tons de verts, sont spécifiquement conçus pour faciliter cette connexion avec la nature. Les visiteurs sont encouragés à créer leurs propres expériences de pleine conscience, grâce à des bancs stratégiquement placés qui les invitent à écouter les sons de la nature et à se sentir ancrés en se connectant à la terre sous leurs pieds. Cecily Hunt insiste sur l'importance du silence et de la présence totale, invitant les visiteurs à s'abstenir de toute distraction, comme le bavardage ou la photographie, pour s'immerger pleinement dans l'ambiance paisible des lieux.
De même, le jardin botanique d'Atlanta propose une approche réfléchie de l'alimentation grâce à son jardin-verger. Michael Del Valle, responsable de l'horticulture en plein air, explique que le jardin sert de démonstration vivante, où les visiteurs peuvent observer la croissance des légumes et des fruits, apprendre à les incorporer dans leur cuisine et cultiver leur propre jardin à la maison.
Tout au long de l'été, des démonstrations culinaires, des cours et des dîners préparés par le chef sont organisées dans la cuisine en plein air. « Les gens sont surpris par ce qu'ils voient pousser ici, comme le riz, car ils découvrent des plantes comestibles qu'ils peuvent faire pousser dans leur propre jardin », explique Michael Del Valle.
À Vail, dans le Colorado, le projet Colorado Alpine EcoFlora des Betty Ford Alphine Gardens transformer les visiteurs en scientifiques de proximité, les invitant à contribuer à la documentation des plantes alpines fragiles touchées par le changement climatique en les photographiant à l'aide d'un smartphone et en les téléchargent sur iNaturalist.
Les visiteurs profitent de la vue depuis le Sky Garden, le jardin public le plus haut de Londres, situé au 43e étage du Fenchurch Building dans le quartier financier.
En France, il existe une multitude de jardins publics, soit au cœur des villes, soit aux abords des châteaux, où vous pourrez faire l'expérience de la pleine conscience au milieu des plantes et des fleurs qui varient au fil des saisons.
Au sein des villes, ces espaces verts très appréciés permettent d'en apprendre davantage sur l'histoire de la ville, sur la faune et la flore, notamment dans les jardins botaniques comme celui du jardin des Tuileries, du jardin du Luxembourg à Paris, le jardin botanique de Tourcoing, ou encore le jardin public de Bordeaux
Certains abritent un museum, un vivarium, des serres ou encore un zoo, comme le jardin des plantes à Paris ou le Parc de la Tête d'or à Lyon.
Le parc de Pourtalès à Strasbourg, qui entoure un joli château rendu célèbre par la Comtesse Mélanie de Pourtalès, a été réaménagé pour devenir un parc public.
Parmi les jardins les plus appréciés dans les domaines des châteaux français, on peut également citer le jardin du château de Versailles, et dans le Val de Loire, le domaine de Chambord, le jardin de Léonard au château du Clos Lucé, le jardin de Catherine de Médicis au château de Chenonceau, les jardins du château de Villandry, ou encore le parc paysager du Château d'Azay-le-Rideau.
Beverly Hurley est la rédactrice et l'éditrice du Garden Destinations Magazine.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.