À la rencontre des cinq symboles de la faune africaine
Autrefois ciblés principalement par les chasseurs, ces animaux de grande taille forcent aujourd'hui l'admiration des amateurs de safari.
Si vous avez déjà participé à un safari en Afrique, il y a fort à parier que vous avez entendu parler du Big Five, la courte liste des espèces incontournables de la mégafaune. Lions, léopards, éléphants, buffles d'Afrique et rhinocéros. Voilà ce « à quoi la plupart des voyageurs associent l'Afrique et sa faune, » déclare Natalia Borrego, ingénieure de recherche au Lion Center de l'université du Minnesota.
Inventée à la fin du 19e siècle alors que l'Afrique était encore colonisée, cette expression fait référence aux trophées de chasse que les chasseurs considéraient comme les plus difficiles à obtenir à pied. De nos jours, la chasse de ces animaux se pratique toujours mais selon Borrego, avec le développement du tourisme, le Big Five est également devenu un objectif pour les amateurs de safaris en quête d'émerveillement.
C'est encore plus vrai en raison du déclin des populations de toutes ces espèces et plus particulièrement les lions qui vivent une période difficile suite à la perte au fil des années de 94 % de leur habitat initial. Il ne reste plus que 20 000 de ces grands félins à l'état sauvage.
Voici quelques informations fascinantes sur ces colosses membres du Big Five.
LE LÉOPARD
C'est le plus insaisissable et le plus petit des cinq. « Je les surnomme les félins ninjas parce qu'ils sont furtifs et très difficiles à apercevoir, » rapporte Borrego.
La plupart d'entre eux ont un pelage de couleur claire tacheté de noir, ces taches caractéristiques aux motifs arrondis sont appelées rosettes. Les léopards noirs, dont la couleur apparaît unie en raison de la difficulté à discerner leurs taches, sont communément appelés panthères noires.
Ces grands félins solitaires hissent leurs plus grosses proies, des zèbres ou des antilopes, jusque dans les arbres pour les manger seuls, en paix.
Ce n'est pas la seule raison pour laquelle les léopards aiment à se percher dans les arbres : ils ne s'entendent pas très bien avec l'autre grand félin du Big Five, le lion d'Afrique. Si un lion a l'occasion de tuer un léopard, il le fera sans hésiter.
LE LION D'AFRIQUE
Les lions sont les seuls grands félins à vivre en unité sociale mais ne vous attendez pas à voir un roi, il n'y en a pas.
À leur naissance, ces superprédateurs « n'ont pas de rang social, » explique Borrego. « Ils sont égalitaires, ce qui signifie qu'ils ne respectent pas de hiérarchie sociale permanente. »
Un mâle peut dominer les autres pendant un temps, mais ce statut est susceptible de changer à tout moment.
Chez les lions, la société est matrilinéaire, « le territoire est celui des femelles » et ce sont elles qui restent dans le clan où elles sont nées.
BUFFLE D'AFRIQUE
Ces animaux massifs semblables à des vaches se réunissent souvent par milliers dans les plaines du Serengeti ; la formation de ces immenses groupes constitue une stratégie de défense contre les prédateurs.
Les mâles comme les femelles sont dotés de cornes, mais celles des mâles ont l'extrémité courbée vers le haut et se rejoignent à la base où elles forment une bosse frontale utilisée comme un bouclier. C'est une défense très utile, tout comme le fait d'être plus de trois plus lourd que leurs ennemis jurés, les lions.
C'est pourquoi un lion qui attaque un buffle prend un énorme risque qui pourrait bien lui être fatal. Les buffles peuvent se montrer agressifs et entrent fréquemment en conflit avec l'Homme en dehors des zones protégées.
L'ÉLÉPHANT D'AFRIQUE
L'animal le plus imposant du Big Five est l'éléphant de savane d'Afrique dont le poids peut atteindre les sept tonnes. L'éléphant des forêts d'Afrique, plus petit d'un mètre environ, évolue dans les forêts du bassin du Congo. La distinction s'est faite en 2010 suite à une analyse génétique qui a révélé d'importantes différences entre ces deux espèces.
Les éléphants de savane sont suffisamment grands pour modifier le paysage, ils sont capables d'arracher des arbres pour créer une prairie, de disperser des graines et plus généralement de renforcer la biodiversité.
Ciblés par les braconniers depuis fort longtemps, les éléphants vivent aujourd'hui sur une aire de répartition fragmentée à travers le centre et le sud de l'Afrique.
LE RHINOCÉROS
Là encore, il en existe deux espèces, le rhinocéros noir et le rhinocéros blanc, et cinq sous-espèces parmi les animaux restant en Afrique : le rhinocéros blanc du nord, le rhinocéros blanc du sud, le rhinocéros noir de l'est, le rhinocéros noir du centre-sud et le rhinocéros noir du sud-ouest.
Quelle que soit l'espèce, ils sont tous massifs avec un poids maximal dépassant les deux tonnes et des cornes pouvant atteindre les 1,5 m.
En 2011, le rhinocéros noir de l'ouest était déclaré éteint, principalement en raison du braconnage dont il était victime pour ses cornes. Le dernier mâle rhinocéros blanc du nord est mort en 2018 et il ne reste de cette espèce que deux femelles, elle est donc considérée en extinction fonctionnelle.
Il reste environ 20 000 rhinocéros blancs du sud, la plupart vivant dans le sud de l'Afrique. En ce qui concerne les rhinocéros noirs, les efforts de conservation ont permis un retour à la hausse des populations de cette espèce en danger critique d'extinction, plus petite, que l'on retrouve principalement dans les territoires de l'est et du sud africain.
LES AUTRES « FIVE »
La faune africaine est incroyablement riche, au fil des années sont donc apparus d'autres « Five » comme le Little Five, désignation qui inclut la tortue léopard et la musaraigne à trompe ; le Shy Five (shy se traduisant par timide) et le Ugly Five (ugly se traduisant par moche) qui sont, pour le moins, subjectifs.
Avec plus de 2 000 espèces d'oiseaux en Afrique, peut-être aura-t-on bientôt un High Five ?
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.