Le taux de mortalité des baleines franches de l'Atlantique Nord est à la hausse
Selon de récentes estimations, il ne reste que 500 baleines franches de l'Atlantique Nord dans le monde, rendant les récentes disparitions d'autant plus alarmantes.
Lorsque six gigantesques animaux menacés d'extinction reviennent à la surface inertes en l'espace de quelques semaines, les défenseurs de l'environnement font tout ce qui est en leur possible pour en trouver la cause.
Alors qu'elles semblaient en bonne santé, les baleines franches de l'Atlantique Nord ont été retrouvées mortes dans le golfe du Saint-Laurent, au Canada. Le Comité des pêches et des océans du Canada, l'organisation Marine Animal Response Society, les garde-côtes canadiens, entre autres, collaborent désormais afin de découvrir les raisons de la mort des baleines.
Les baleines franches sont considérées comme les baleines les plus rares ; d'après les estimations de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature, seuls 350 spécimens subsistent dans le nord-ouest de l'océan Atlantique, alors qu'on y comptait autrefois des dizaines de milliers d'individus. Selon le ministère canadien des Pêches et des Océans, il en resterait 500 à l'échelle mondiale.
La première baleine inerte, signalée le 6 juin 2017, a été découverte au large de la côte des îles de la Madeleine, à l'est de la province du Nouveau-Brunswick.
« À l'échelle de l'espèce, même la disparition d'un seul animal est un coup porté à leur population », a déclaré Tonya Wimmer, directrice de l'organisation Marine Animal Response Society. L'espèce ne s'est jamais complètement rétablie des pratiques de chasse à la baleine qui ont sévi au 20e siècle et ont réduit de façon drastique sa population. Les baleines noires sont reconnues comme menacées d'extinction par la loi canadienne sur les espèces en péril et sont protégées aux États-Unis par la loi sur la protection des mammifères marins.
Un peu plus d'une semaine après la découverte de la première baleine, une deuxième a été retrouvée le 19 juin, puis une troisième le 20 juin. Selon Tonya Wimmer, les trois autres ont été découvertes entre le 20 et le 23 juin.
« Le fait qu'elles meurent dans un laps de temps aussi court et dans la même zone est très étrange », affirme la directrice. « C'est une catastrophe. »
LES CAUSES DE DÉCÈS
Les eaux aux alentours du golfe du Saint-Laurent abritent environ une dizaine d'espèces de cétacés. Certaines, à l'instar du béluga, ont établi leurs quartiers d'été dans le golfe. Or les animaux marins sont confrontés à un certain nombre de menaces dans cette zone portuaire agitée, allant du risque d'être heurtés par les bateaux à celui de contracter des infections toxiques.
D'après un rapport de 2013, les contaminants de l'eau, les niveaux sonores élevés, le déclin de la réserve de proies ainsi que le réchauffement climatique ont tous eu une incidence néfaste sur la population de bélugas présente dans le golfe et dont l'habitat est commun à celui des baleines noires. À la différence des bélugas, les baleines se nourrissent de zooplancton, également très vulnérable aux changements de climat.
Tonya Wimmer et d'autres organisations locales envisagent de hisser l'une des carcasses sur le rivage afin de réaliser une autopsie et de déterminer les causes exactes de la mort. La directrice de l'organisation Marine Animal Response Society n'a pas été en mesure d'estimer la date à laquelle les résultats de l'autopsie des six baleines seraient disponibles, mais les scientifiques ont une faible marge de manœuvre compte tenu des carcasses d'ores et déjà en cours de décomposition. S'il arrive que les causes d'un décès soient évidentes, d'autres accidents mortels n'apparaissent pas à la première observation.
Si les chercheurs et responsables gouvernementaux identifient une cause de décès commune pour les six baleines, ils pourront alors formuler des recommandations en faveur de mesures de protection, telles que la réglementation des prises de poissons ou la modification des itinéraires des bateaux afin de ne pas croiser le chemin des baleines.
« Aucune organisation ne pourrait faire cela dans son coin », ajoute Tonya Wimmer en vue de souligner l'importance de la collaboration dans la sauvegarde des espèces. « Notre travail consiste désormais à les empêcher de disparaître. »