Vatican : saint Pierre est-il vraiment enterré dans la basilique qui porte son nom ?

La basilique Saint-Pierre, sur la colline du Vatican, aurait été érigée sur les restes suppliciés de l’apôtre éponyme… Mais est-ce vrai ? Après des fouilles et des analyses ADN, le Vatican affirme être parvenu à une conclusion.

De Elena Castillo
Publication 12 nov. 2024, 12:11 CET
The keys to heaven

Sous le grand dôme de Michel-Ange, le grand autel de la basilique Saint-Pierre de Rome est recouvert d’un baldaquin, une canopée de bronze conçue par Gian Lorenzo Bernini. L’autel est construit au-dessus d’un monument souterrain identifié comme étant la tombe de l’apôtre.

PHOTOGRAPHIE DE Pietro Canali, Fototeca 9x12

Selon l’histoire de l’Église, les apôtres Pierre et Paul arrivèrent à Rome à l’époque de Néron (r. 54-68 ap. J.-C.). Ils y trouvèrent un groupe de chrétiens, restreint mais dévoué, évoluant parmi les communautés juives de la cité. Les samedis, Pierre et Paul visitaient les synagogues. Les dimanches, ils prêchaient dans diverses maisons de la cité qui devenaient de facto des églises. Mais en l’an 64, ce mode de vie prit fin avec le grand incendie de Rome : Néron accusa les chrétiens de l’avoir provoqué et fit condamner à mort nombre d’entre eux. On les exécuta par crucifixion, en les brûlant vifs ou en les faisant dévorer par des animaux sauvages en public. Pierre et Paul figuraient probablement parmi ceux qui furent assassinés lors de ces spectacles macabres. Selon Tacite, éminent historien romain, ces exécutions furent mises en scène dans le cirque qu’avait commandité Caligula (r. 37-41 ap. J.-C.) sur la via Cornelia. Cette voie se trouvait en dehors des murs de la ville, à l’ouest, et traversait un lieu que l’on nommait déjà Vatican. Un autre récit rapport que Pierre aurait été mis à mort par crucifixion, placé tête en bas à sa demande, pour signifier qu’il n’était pas digne de mourir de la même manière que le Seigneur. Quels que soient les détails exacts de la mort de Pierre, la question de ce qui advint de son corps ensuite demeure une question épineuse.

Une piste émerge toutefois d’une source du christianisme des premiers siècles. Selon un texte apocryphe du Pseudo-Marcellus intitulé Les Actes de Pierre et Paul et écrit autour de l’an 400, des hommes de Jérusalem « glorieux et étranges en apparence » se seraient joints à ce dernier, qui était un fidèle de Pierre, et auraient « récupéré secrètement le corps de [l’apôtre] avant de le placer sous le térébinthe près de la naumachie [l’endroit où l’on faisait jouer des représentations de combats navals] en un lieu nommé Vatican. » Cela suggère que Pierre aurait été enterré près de l’endroit de son martyre, dans une nécropole païenne située sur la via Cornelia, près du cirque de Caligula, une zone connue sous le nom de nécropole du Vatican.

Martyrdom

Selon certains témoignages, Pierre fut crucifié tête en bas. Ce tableau achevé en 1485 par Filippino Lippi est le dernier du cycle de fresques de la « Vie de saint Pierre » exposées dans la chapelle Brancacci en l’église Santa Maria del Carmine, à Florence.

PHOTOGRAPHIE DE Scala, Florence

 

VÉNÉRATION DE L’APÔTRE

Bien que la tombe de Pierre ne fût probablement à l’origine qu’une tombe simple et quasiment anonyme, elle devint bientôt un point de fixation pour la communauté chrétienne de Rome, alors en plein essor. Afin de préserver la tombe, on la couvrit de nouvelles dalles de pierre au fur et à mesure que le site s’élevait. Puis au milieu du deuxième siècle, on construisit un petit monument commémoratif par-dessus. Une chose similaire se produisit avec la tombe de Paul située, à en croire les témoignages historiques, au sud de la ville, dans la nécropole de la via Ostiense.

La plus ancienne allusion écrite aux monuments funéraires de Pierre et Paul date de l’an 200 environ, époque à laquelle Gaïus, prêtre ou évêque de l’Église de Rome, affirma que les « trophées » des deux apôtres étaient visibles à Rome, l’un au Vatican et l’autre sur la via Ostiense. Le mot « trophée » servait à désigner les tombes érigées pour les martyrs chrétiens, car on considérait qu’endurer le martyre était un triomphe de la foi sur la mort.

L’intérêt porté à la tombe de saint Pierre grandit à mesure que s’affirmait la prééminence de l’Église de Rome sur toutes les autres Églises chrétiennes. Selon la doctrine pétrinienne, développée au deuxième siècle, Pierre avait reçu de Jésus Christ en personne les clés du Royaume des Cieux. Puisqu’il était le premier évêque de la ville, on pensait qu’il avait transmis à ses successeurs le plus haut degré possible d’autorité sur l’ensemble de la communauté chrétienne. Toutes les Églises n’acceptèrent pas cette revendication, mais cela n’en ajouta pas moins de puissance à la dernière demeure de Pierre.

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    Entering heaven

    « La Remise des clés à saint Pierre », fresque de la fin du 15e siècle de Pietro Perugino, orne le mur septentrional de la chapelle Sixtine au Vatican.

    PHOTOGRAPHIE DE Scala, Florence

    Ainsi, quand l’empereur Constantin Ier (r. 306-337) ordonna la construction d’une grande basilique chrétienne à Rome dans le cadre de sa politique de promotion du christianisme comme religion dominante de l’Empire, il choisit le lieu où Pierre était enterré, conscient du fait que la construction d’un nouveau temple autour de la tombe d’une figure aussi importante de la tradition chrétienne ne manquerait pas d’attirer les croyants. L’évêque Eusèbe de Césarée, dans un texte intitulé Sur la théophanie (333 ap. J.-C.), écrivit que l’apôtre avait été honoré par « une splendide tombe aux portes de la ville, une tombe sur laquelle affluent les hordes innombrables depuis toutes les parties de l’Empire romain, un grand Sanctuaire et temple de Dieu ».

     

    UNE BASILIQUE COLOSSALE

    La décision de construire la basilique au-dessus des tombes qui se trouvaient là eut des conséquences sur les méthodes qu’on employa pour l’édifier. Comme le Vatican était un terrain irrégulier et vallonné, une plateforme gigantesque de près de 250 mètres de long par 100 mètres de large fut posée sur l’antique nécropole du Vatican, sur la via Cornelia, afin de soutenir la basilique. Il fallut déplacer un volume ahurissant de terre pour créer cette plateforme qui s’enfonce à près de dix mètres de profondeur. Malgré l’ambition de ces travaux, la nécropole environnante ne pouvait être détruite, car ses tombeaux et mausolées étaient protégés par la loi sacrée. Plutôt que de supprimer les tombeaux purement et simplement, Constantin Ier ordonna donc à la place le retrait de leurs plafonds, la destruction de leurs voûtes et leur remplissage avec de la terre. Ainsi, les os demeureraient enfouis sous la nouvelle basilique.

    The first St. Peter's

    Sur ce tableau du début du 17e siècle, Giovanni Battista Ricci da Novara a recréé la basilique Saint-Pierre telle qu’érigée par l’empereur Constantin Ier au quatrième siècle avant que la présente structure ne la remplace au 16e siècle.

    PHOTOGRAPHIE DE Scala, Florence

    L’édifice fut construit de sorte qu’un monument, que l’on nomma plus tard « trophée de Gaïus », soit placé sur la tombe originelle sous l’abside. Son emplacement était indiqué dans le temple par une structure carrée en marbre surmontée d’un ciborium et de quatre colonnes salomoniques. Mais le trophée lui-même fut enfoui sous la plateforme de la basilique. Le trophée et la tombe de saint Pierre sous celui-ci furent ensevelis encore davantage au 16e siècle lorsque l’ancienne basilique fut détruite et reconstruite au goût de la Renaissance.

    Le nouvel édifice fut érigé sur une seconde plateforme, située trois mètres au-dessus de la première, et soutenu par un système de voûtes. Ces dernières forment un espace entre la basilique du quatrième siècle et celle de la Renaissance ; les « grottes vaticanes », ainsi que l’on surnomma cet espace, servirent de lieu de sépulture pour les papes. Les ossements de saint Pierre, que l’on pensait enterrés au-dessous, furent laissés en paix à ce moment-là. En 1626, les restes de plusieurs tombes et tumulus furent déplacés par mégarde lors de travaux visant à installer les colonnes de bronze du célèbre baldaquin conçu par le sculpteur et architecte Gian Lorenzo Bernini. Mais sur ordre du pape Urbain VIII, l’on n’ébruita pas la mise au jour de ces tombes, car les restes appartenaient à des païens enterrés dans l’ancienne nécropole.

    Vatican necropolis

    Au milieu du deuxième siècle de notre ère, la nécropole du Vatican était composée de mausolées situés le long d’une rue, la via Cornelia. Bien que païenne à l’origine, la nécropole fut christianisée à la fin du troisième siècle. Ensuite, on érigea la basilique Saint-Pierre sur l’axe de la nécropole, et l’on plaça la tombe de Saint-Pierre (également appelée trophée de Gaïus) au milieu. L’obélisque du cirque de Caligula fut placée au centre de la place Saint-Pierre en 1586.

    PHOTOGRAPHIE DE Illustration by Francesco Corni

     

    LE TRAVAIL DES ARCHÉOLOGUES

    Il fallut attendre le 20e siècle que la plus ancienne strate de la basilique Saint-Pierre revoie enfin le jour. En 1939, le pape Pie XII décida d’ouvrir les grottes vaticanes au public. Par souci de commodité, il fut nécessaire d’agrandir la hauteur de l’espace intérieur en abaissant le niveau du dallage originel de 75 centimètres environ. À peine les ouvriers eurent-ils commencé à creuser qu’ils tombèrent sur plusieurs tombes romaines appartenant à la nécropole antique du Vatican. Pour l’Église, l’étude archéologique de ces restes représentait une entreprise hautement sensible. Cela impliquait de découvrir si la tombe de saint Pierre, et de ses vestiges mortels, se trouvait bel et bien sous l’autel de la basilique. Cette croyance, si importante pour l’identité de l’Église de Rome, avait été remise en question par les protestants au 16e siècle. Martin Luther écrivit que selon des sources romaines, « on ne sait pas où dans la ville les corps de saint Pierre et de saint Paul se trouvent, ni même s’ils y sont du tout. Même le pape et les cardinaux savent pertinemment qu’ils ne le savent pas. »

    En dépit de la controverse, Pie XII ordonna d’importantes investigations archéologiques. Les fouilles, dirigées par l’archéologue Antonio Ferrua sous la supervision de Monseigneur Ludwig Kaas, durèrent plus d’une décennie et permirent l’identification et la restauration de vingt-deux tombes de la nécropole de la via Cornelia, adjacente au cirque de Caligula. Ces tombes, restées intactes et enfouies pendant des siècles étaient extraordinairement bien préservées, et leurs stucs et peintures se trouvaient dans un remarquable état de préservation.

    Mais c’est une structure découverte juste sous l’axe vertical de l’autel, dans la basilique, qui attira le plus l’attention. Il s’agissait d’une structure composée de deux niches, l’une située au-dessus de l’autre, adossées à un mur en stuc rouge. Les archéologues établirent qu’il s’agissait du trophée de Gaïus, le monument qui, selon les sources, avait été construit au deuxième siècle pour marquer l’emplacement de la tombe de Pierre. Le 23 décembre 1950, dans un discours de Noël radiodiffusé, Pie XII annonça la découverte en des termes sans équivoque : « Vient-on vraiment de découvrir la tombe de saint Pierre ? À cette question, la réponse est sans aucun doute : Oui. La tombe du Prince des apôtres a été découverte. »

    Under the high altar

    Nommé « confessio », ce renfoncement permet aux fidèles permet de voir la section située sous le grand autel où se trouverait la tombe de Pierre. Pendant des siècles, on a vénéré la niche centrale des Palliums (sur le mur opposé du confessio) pour sa proximité avec la tombe de Pierre, une structure que des documents hérités du christianisme primitifs désignent sous le nom de trophée de Gaïus mais dont la localisation précise avait été perdue. À la suite de fouilles réalisées dans les années 1940, une structure que l’on croit être le trophée de Gaïus fut découverte immédiatement sous la niche.

    PHOTOGRAPHIE DE Bridgeman, ACI

     

    ANNONCES PAPALES

    Cependant, les rapports scientifiques relatifs à cette campagne de fouille furent plus prudents. Ils décrivent la découverte d’une petite « tombe vénérée » presque complètement détruite. Bien que des symboles et graffitis chrétiens y furent découverts, ils étaient difficiles à lire et à interpréter. Toujours est-il qu’ils semblaient dater de l’époque où Constantin avait ordonné la construction de la basilique.

    Les fouilles commanditées par Pie XII visaient à découvrir le tombeau de saint Pierre et, surtout, ses ossements. Étant donnée l’importance des reliques au sein de l’Église catholique, le fait d’être en mesure d’identifier les restes du bras droit de Jésus serait nécessairement un événement extraordinaire. Alors qu’ils travaillaient sous les deux niches formant le trophée de Gaïus, les archéologues découvrirent une cavité souterraine d’un mètre de profondeur environ. Si des ossements se trouvaient à l’intérieur, alors il existait à n’en pas douter une chance qu’il s’agisse de ceux de l’apôtre… ? Mais initialement, les archéologues n’y trouvèrent qu’un grand nombre de pièces, probablement déposées par des pèlerins. Lors des fouilles, certains restes squelettiques furent mis au jour, mais pas à l’intérieur de la tombe. À l’époque, les ossements ne suscitèrent pas d’intérêt particulier et furent extraits, puis rangés dans une boîte en bois dans l’entrepôt des grottes vaticanes.

    Rest in peace, Emilia

    Cette photographie montre l’intérieur de la Tombe F, la première à avoir été découverte dans la nécropole du Vatican en 1939. Près de la sépulture païenne d’un chef de troupe de théâtre gisent les restes d’Emilia Gorgonia, jeune chrétienne du quatrième siècle. Sur son épitaphe, on peut lire Dormit in Pace, forme archaïque de Resquiescat in Pace, c’est-à-dire Repose en paix.

    PHOTOGRAPHIE DE Giuliano Valsecchi, Bridgeman, ACI

    Dans son adresse radiodiffusée de décembre 1950, le pape Pie XII fit mention de ces ossements mais n’alla pas jusqu’à affirmer qu’ils avaient appartenu à Pierre : « Au côté de la tombe, les restes d’ossements humains ont été découverts. Cependant, il est impossible de prouver avec certitude qu’ils appartiennent au corps de l’apôtre. Cela n’en laisse pas moins intacte la réalité du tombeau. »

    Les études réalisées subséquemment sur ces ossements furent menées par Margherita Guarducci. Elle demanda personnellement la permission au pape d’entreprendre une étude de l’ensemble des graffitis associés au trophée de Gaïus. Ces inscriptions, griffonnées au charbon de bois ou gravées à l’aide d’un stylet sur les ruines du monument, étaient concentrées sur un mur qui, tel un contrefort, était construit perpendiculairement au mur en stuc rouge du trophée de Gaïus pour l’étayer.

    Sur ce mur (appelé « mur G » ou « mur des graffitis »), Margherita Guarducci remarqua un petit loculus (ou cavité) qui n’avait pas été exploré. Durant leur travail dans les grottes, l’un des ouvriers de l’expédition dit à Margharita Guarducci que ce loculus était l’endroit où les ossements mentionnés par le pape avaient été découverts. Elle parvint à les retrouver dans l’entrepôt et demanda au pape si elle pouvait les faire analyser par un médecin légiste renommé. Les résultats, obtenus en 1963, indiquent que les restes squelettiques appartiennent tous au même homme.

    A welcoming space

    La façade orientale de la basilique Saint-Pierre est le point de mire des visiteurs qui arrivent sur la vaste espace ovale de la place Saint-Pierre. Ceinte de deux hémicycles à colonnes, la place fut dessinée par le sculpteur Gian Lorenzo Bernini et complétée en 1667. Cinq millions de personnes la traversent chaque année, dont un nombre considérable s’arrangent pour que leur visite coïncide avec l’adresse hebdomadaire prononcée par le pape de la fenêtre des appartements papaux.

    PHOTOGRAPHIE DE Paolo Giocoso, Fototeca 9x12

    Selon l’analyse, il était corpulent et mourut à un âge avancé, entre 60 et 70 ans. L’analyse révèle également des traces d’une étoffe de laine teinte en violet et entrelacée de fils d’or. Ceci suggère que les ossements furent soigneusement enveloppés avant d’être placés dans le loculus. La conclusion semble évidente, du moins pour Margharita Guarducci : les ossements appartiennent bel et bien à saint Pierre. En 1968, sur la foi de ces résultats, le pape Paul VI annonça solennellement que les ossements de l’apôtre avaient été trouvés.

     

    VOICI PIERRE

    Durant les fouilles, Antonio Ferrua remarqua qu’un fragment du mur des graffitis s’était détaché. Sur celui-ci il distingua des lettres grecques. Bien que le texte fût incomplet, l’archéologue le restaura de sorte que l’on puisse y lire : PETROS ENI (Ici se trouve Pierre). Il s’agissait du premier indice textuel que le trophée de Gaïus était effectivement la tombe de Pierre. Cependant, tous les spécialistes ne sont pas d’accord avec l’interprétation d’Antonio Ferrua. Par exemple, lorsqu’on lit l’inscription, il est possible de comprendre l’inverse : PETROS ENDEI (Pierre n’est pas là).

    Margharita Guarducci réussit par la suite à déchiffrer d’autres graffitis sur le mur et, après une longue étude, parvint à la conclusion qu’il s’agissait de messages de chrétiens fidèles, écrits sous forme de code à l’époque des persécutions contre les chrétiens. Elle identifia et interpréta une vingtaine de symboles comme des références à saint Pierre. Des décennies plus tard, l’identification des ossements et l’interprétation des graffitis ne font toujours pas consensus, loin de là. Étant donné que Pierre mourut en martyr quelque part dans la zone où une basilique lui fut plus tard consacrée, il semble logique que le trophée de Gaïus fût construit sur le modeste mémorial dédiée à un apôtre. Au fil des siècles, cette enclave spéciale de la nécropole du Vatican se transforma en espace de vénération chrétienne. Il est en revanche plus difficile d’affirmer avec certitude que les ossements qui y furent découverts appartenaient réellement à Pierre.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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