Ce qu’il faut savoir sur la réouverture prochaine de Notre-Dame

Le 7 décembre, la célèbre cathédrale gothique parisienne rouvrira ses portes après cinq années de restauration. Voici ce qu’il faut savoir avant de s’y rendre.

De Mary Winston Nicklin
Publication 20 nov. 2024, 16:36 CET
Après cinq années de travaux, Notre-Dame de Paris rouvrira enfin ses portes le 7 décembre 2024 ! ...

Après cinq années de travaux, Notre-Dame de Paris rouvrira enfin ses portes le 7 décembre 2024 ! Découvrez tous les détails de la restauration de ce monument historique, mais aussi ce qu’il faut savoir avant de s’y rendre et le projet d’espace vert sur le parvis.

PHOTOGRAPHIE DE Eric Broncard, Hans Lucas, Redux

En avril 2019, l’incendie qui a failli anéantir Notre-Dame de Paris a suscité une vague d’émotion dans le monde entier. Cinq ans plus tard, la célèbre cathédrale, que l’historien Jacques Hillairet appelle la « maison du peuple », rouvrira le 7 décembre après un projet de restauration herculéen qui a réuni un millier d’artisans spécialisés.

Une série de messes de célébration, dont un office dédié aux pompiers et aux ouvriers qui ont sauvé et restauré Notre-Dame, seront organisées sur une période de six mois.

« C’est un moment très important que le monde entier attend avec impatience », déclare Olivier Josse, secrétaire général de la cathédrale. « La grande joie de la réouverture correspond à une anticipation intense, qui se manifeste par un désir de venir et de redécouvrir Notre-Dame. Si je ne dois utiliser qu’un seul mot, ce serait "patience" : chacun devra faire preuve de patience. »

Échafaudages et bâches blanches couvrent la cathédrale durant sa restauration, entamée après l’incendie d’avril 2019. Celui-ci ...

Échafaudages et bâches blanches couvrent la cathédrale durant sa restauration, entamée après l’incendie d’avril 2019. Celui-ci a détruit la flèche et les deux tiers du toit et a endommagé l’intérieur de la cathédrale, notamment sa « forêt », ses voûtes et son plafond.

PHOTOGRAPHIE DE Tomas van Houtryve, Nat Geo Image Collection

Effectivement, l’on prévoit un nombre impressionnant de visiteurs. Avant l’incendie, ce monument médiéval accueillait douze millions de personnes environ chaque année. Après sa réouverture, ce nombre devrait grimper à quinze millions.

« Toutes les études que nous avons réalisées indiquent que 40 000 personnes environ aimeraient visiter Notre-Dame chaque jour, explique Olivier Josse. C’est peu ou prou deux fois l’affluence quotidienne du château de Versailles ou du musée du Louvre. » Et Notre-Dame n’est pas particulièrement grande… « Notre responsabilité est de garantir une expérience sans accrocs, fluide et confortable pour les visiteurs et les fidèles. Pour cette raison, nous mettons en œuvre tout un éventail de mesures pour les recevoir. »

 

NOUVELLE BILLETTERIE EN LIGNE ET NOUVEAU CIRCUIT VISITEURS

L’entrée à Notre-Dame a toujours été gratuite. Désormais, on pourra réserver en ligne un créneau horaire spécifique quelques jours avant sa visite via une plateforme hébergée sur le site web officiel de la cathédrale qui sera lancée début décembre. Bien entendu, vous pourrez toujours accéder à la cathédrale sans billet, mais selon les prévisions actuelles, il faudra faire la queue pendant deux ou trois heures.

Les six premiers mois, l’accès à la cathédrale se limitera aux visites individuelles, les groupes devront patienter. En outre, la cathédrale prévoit également de lancer une application mobile proposant des informations pédagogiques en trois langues (puis en six langues à l’avenir).

À l’intérieur, attendez-vous à un effet immédiat. « Nous verrons la cathédrale Notre-Dame comme jamais nous ne l’avons vue, prévient Olivier Josse. Jamais en 860 ans d’histoire elle n’a été complètement restaurée. Comme sa construction initiale a pris 170 ans, entre la première pierre posée et la dernière, l’édifice s’était déjà dégradé et avait noirci à certains endroits […] Nous pourrons voir un édifice restauré à la luminosité exceptionnelle. »

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    Deux professionnelles restaurent les murs peints de la chapelle Saint-Ferdinand, située à l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

    PHOTOGRAPHIE DE Tomas van Houtryve, Nat Geo Image Collection

    Cette lumière glorieuse, qu’amplifient les voûtes élancées et les vitraux, est fondamentale dans le style architectural gothique, une innovation du 12e siècle largement copiée en Europe. Débarrassé de la poussière et de la saleté accumulées au fil des siècles, le calcaire lutécien de la cathédrale retrouvera son éclat, rehaussé par la couleur ocre d’origine repeinte sur les croisées d’ogives.

    Tout a été ravivé, des fresques et du sol à carreaux aux cloches retirées du beffroi, nettoyées de la poussière au plomb et restaurées à la fonderie normande où elles furent coulées. Un nouveau système d’éclairage high-tech contribuera également à l’effet.

    Le nouveau circuit visiteurs engendrera ce que le recteur Olivier Ribadeau Dumas appelle une « cohérence » et comportera une dimension pédagogique. Après avoir franchi le portail du Jugement dernier, les visiteurs circuleront dextrorsum et verront d’abord des tableaux et des sculptures représentant des scènes de l’Ancien Testament, puis des scènes de la vie du Christ par ordre chronologique, et enfin la résurrection.

    Ainsi, l’itinéraire sera lui aussi symbolique et conduira le visiteur de « l’obscurité du nord à la lumière du sud », ainsi que le décrit Olivier Josse. Le clou du spectacle sera la Couronne d’épines, la précieuse relique autrefois séquestrée dans la salle du Trésor, désormais exposée à la vue de tous à l’intérieur d’un nouveau reliquaire sophistiqué conçu par Sylvain Dubuisson et hébergé dans la chapelle axiale.

    « En fin de compte, [le circuit] sera un grand voyage de redécouverte qui permettra aux visiteurs de comprendre l’importance de cette cathédrale, révèle Olivier Josse. Car une cathédrale est un édifice qui est construit pour la gloire de Dieu. »

     

    UN MÉLANGE D’ART ANCIEN ET DE CRÉATIONS CONTEMPORAINES

    Tout au long de l’Histoire, Notre-Dame a reflété l’évolution des arts décoratifs. Sa riche collection de tableaux, de tapisseries et d’objets d’art a fait l’objet de restaurations minutieuses. Par exemple, le tapis de chœur, commandé au 19e siècle par Charles X, qui souhaitait que ce soit le plus grand jamais tissé en France, a été méticuleusement restauré à la manufacture des Gobelins, la célèbre manufacture de tapisseries qui dépend désormais du Mobilier national (le dépôt national de meubles patrimoniaux). À l’instar des charpentiers et des maçons qui travaillent sur la cathédrale elle-même, ces artisans perpétuent un savoir-faire pluricentenaire.

    « Ce que je trouve particulièrement émouvant, c’est la succession de présences artistiques et architecturales dans la cathédrale », confie Olivier Josse. L’immense croix dorée de l’artiste Marc Couturier, installée en 1996, qui s’élève au-dessus d’une pietà entourée de statues de Louix XIII et de Louis XIV datant du 18e siècle illustre parfaitement cela. « Et la toile de fond qui domine cet ensemble est une architecture médiévale du 12e siècle. »

    En plus des trésors historiques, les visiteurs pourront admirer de nouvelles créations d’artistes contemporains. Le mobilier liturgique a été conçu par le designer Guillaume Bardet. Cela inclut le baptistère, l’autel et la cathèdre (le siège de l’évêque). « Des nombreux candidats de cette compétition [de design], Guillaume Bardet a été le seul à proposer du bronze, explique Olivier Josse. Il y a une noblesse et une simplicité propres à ce matériau et cela crée un contraste marqué avec la pierre de la cathédrale, sans faire concurrence à la beauté de l’édifice. »

    Imaginées par Ionna Vautrin, les nouvelles chaises ont été fabriquées dans les ateliers de Bosc dans les Landes. Le chêne dont elles sont faites reflète la « forêt » du toit de la cathédrale, et leurs dossiers bas les rendent moins voyantes, ainsi elles ne perturbent pas l’immersion dans la cathédrale. « L’archevêque de Paris dit toujours : "Elles sont confortables, ce qui est très bien dans une église, car l’on peut s’asseoir et méditer en toute quiétude" », souligne le secrétaire général.

    Les créations contemporaines seront également mises à l’honneur dans le programme saisonnier de concerts, spécialement conçu pour l’occasion. En effet, on a demandé à des compositeurs renommés de créer de la musique originale afin de célébrer la réouverture. Parmi ceux-ci, Thierry Escaich, qui prépare un Te Deum qui sera joué en juin prochain. (Réservez vos places sur le site web de Musique sacrée à Notre-Dame de Paris, qui organise la saison de concerts).

     

    LE CLOU DU TOURISME PARISIEN

    Notre-Dame n’est pas qu’un emblème religieux et un symbole culturel, c’est également l’un des centres névralgiques du secteur touristique parisien. Des entreprises comme Fat Tire Tours n’ont jamais cessé de voir affluer les demandes nombreuses de touristes souhaitant visiter Notre-Dame. Les visites guidées coupe-files des tours de la cathédrale, couplées à des visites des monuments voisins, ont toujours figuré parmi les activités les plus populaires. Malgré l’incendie, Notre-Dame n’a pas perdu sa place centrale.

    « C’est le clou de notre circuit Paris By Night, affirme la guide Fabiandra Andres. Nous arrivons à vélo au coucher du soleil avec la lumière qui illumine de mille feux la façade, l’édifice entier rutile, il n’y a pas d’autre mot. Et puis nous la voyons également en bateau […] J’aime expliquer à mes clients que pour nous autres férus d’Histoire, la restauration est un peu notre Avengers: Endgame historique avec quinze disciplines qui se réunissent pour former une équipe internationale qui se met à l’œuvre. » 

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    La foule célèbre la fête de la musique, le 21 juin, sur la rive gauche, près de Notre-Dame de Paris.

    PHOTOGRAPHIE DE Tomas van Houtryve, Nat Geo Image Collection

    Context Travel, tour-opérateur certifié B Corp proposant des circuits culturels animés par des spécialistes dans plus de soixante villes, prévoit d’actualiser de manière innovante son expérience touristique traditionnelle avec la réouverture de Notre-Dame.

    « En tant que pionnier du voyage durable, [l’importante demande] apporte avec elle des préoccupations quant au surtourisme en plus de la joie de voir Notre-Dame de nouveau accessible au public », explique Sara McCarty, vice-présidente de Context Travel chargée de la France.

    « Nous souhaitons mettre au point une offre hybride : une visite guidée en direct de l’extérieur couplée à un audioguide numérique avec narrateur spécialiste du sujet. Avec l’audioguide, les visiteurs pourront explorer l’intérieur majestueux de la cathédrale à leur propre rythme, et en dehors des heures de pointe s’ils le souhaitent, tout en ayant un spécialiste dans les oreilles. »

     

    QUE RÉSERVE L’AVENIR ?

    Les travaux sur la façade extérieure vont se poursuivre. La ville investit 50 millions d’euros environ dans un projet visant à aménager près de 2 000 mètres carrés environ d’espaces verts au sein d’une zone piétonne à l’extérieur.

    Lors d’une conférence de presse donnée en octobre à l’hôtel de ville, Anne Hidalgo a dévoilé son objectif de mieux « mettre en valeur le patrimoine et de répondre aux défis posés par le changement climatique ».

    Le paysagiste belge Bas Smets, qui a remporté la compétition internationale du réaménagement des abords de la cathédrale grâce à un plan comprenant la création d’un « microclimat » grâce à de la végétation et à une lame d’eau. Avec des dimensions similaires à celles de l’intérieur de la cathédrale, le parvis en calcaire sera repensé pour donner l’impression d’une « clairière » dans les arbres ; et 160 arbres supplémentaires seront plantés pour faire de l’ombre l’été.

    Le parking souterrain qui se trouvait là sera transformé en une promenade couverte évoquant les ruelles célèbres du Paris du 19e siècle. On y trouvera également un centre d’accueil des visiteurs avec librairie, toilettes et café. Plus important encore, elle sera reliée directement à la Seine et à la Crypte archéologique, un des musées moins connus de la capitale où sont exposés des vestiges gallo-romains découverts lors de fouilles sur l’île de la Cité, cœur historique de Paris. La circulation des véhicules sera restreinte sur la rue qui traverse l’île et qui passe devant Notre-Dame. Seuls les bus, les taxis et les véhicules des résidents pourront y circuler.

    Avant tout, le projet, qui débutera à l’automne 2025 et dont la première phase devrait s’achever en 2027, a pour but d’améliorer l’accueil des visiteurs. Guillaume Normand, vice-recteur de la cathédrale, assimile cela à une « meilleure expérience spirituelle » qui permettra peut-être un « moment transformateur » à l’intérieur de la cathédrale.

    Ici, au point zéro des routes de France, le parvis de la cathédrale sera restauré et transformé en lieu de rencontre pour les Parisiens et les visiteurs, un lieu où sortir sur la Seine, celui où Paris vit le jour. Ainsi, Notre-Dame, lieu où selon Jacques Hillairet les « serfs étaient libérés, où les festins étaient organisés, où les pauvres trouvaient refuge, où l’on rédigeait les contrats et où l’on faisait des offrandes avant un long voyage », sera à nouveau rendue au peuple. 

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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