Six villages européens à redécouvrir cet été
Voyagez dans le passé en visitant ces villages d'Espagne, de Hongrie, d'Italie, de France et d'Angleterre.
Des personnes se détendent autour d'un puits sur la Piazza della Cisterna, dans la ville médiévale de San Gimignano. Ses tours de brique flamboyantes ont été construites à la fois pour défendre cette ville italienne située au sommet d'une colline contre les envahisseurs, et pour faire étalage de la richesse familiale.
Oubliés des promoteurs et encore protégés des banlieues, de nombreux villages d’Europe semblent suspendus dans le temps, comme piégés dans une époque révolue. Cette particularité attire la curiosité de nombreux voyageurs à travers le monde, désireux de découvrir l’histoire et le patrimoine de ces territoires.
Partez à la découverte des six villages d’Europe, et apprenez leurs histoires d’essor et d’effondrement, de renaissance et de renouvellement qui en font des lieux uniques en leur genre.
SAN GIMIGNANO, EN ITALIE
À faire : Boire du vin blanc dans des gratte-ciels médiévaux.
À l’époque médiévale, les familles importantes de cette ville toscane se sont lancées dans la construction de tours en briques. Il fut un temps où l’on comptait plus de soixante-dix de ces torres, dont certaines atteignaient presque les 60 mètres de haut. Construites à l’origine pour servir d’ancrage défensif lors des guerres avec les villages voisins, les tours sont devenues des symboles de richesse et de prestige, les citoyens aisés de San Gimignano rivalisant pour voir qui pouvait ériger la plus haute structure. Grimpez la Torre Grossa, la plus haute des douze tours encore debout aujourd’hui, et vous pourrez facilement imaginer les habitants se tenir à son sommet et déverser de l’eau brûlante sur leurs envahisseurs.
Nichée sous les tours de ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’église Sant’ Agostino contient une fresque du 15e siècle illustrant la vie de Saint Augustin. Un petit musée municipal présentant des chefs-d’œuvre de Fra Filippo Lippi et d’autres artistes de la Renaissance italienne témoigne également de la prospérité de la ville.
Après 1353, des vagues de peste et de famine ont frappé San Gimignano, entraînant à la fois son déclin et ouvrant la voie à sa préservation. Aujourd’hui, le village attire à la fois les passionnés d’histoire et les œnophiles avec son vin blanc aux agrumes : le Vernaccia di San Gimignano. Sirotez-le et faites-le tourner dans un centre de dégustation dont les terrasses donnent sur les collines environnantes couvertes de vignobles.
Les tours en briques de San Gimignano ont été construites à la Renaissance pour se défendre contre les envahisseurs, mais elles sont aussi devenues des symboles de statut pour leurs riches propriétaires.
CHAMBORD, EN FRANCE
À faire : Des châteaux tout droit sortis de contes de fées donnant un aperçu de la vie de la royauté française.
Peu de villages se distinguent davantage par un seul chef-d’œuvre architectural que Chambord, qui est également le nom du plus grand château du Val de Loire, une création de la Renaissance française aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce projet gigantesque de pavillon de chasse royal, dont la construction a duré douze ans, a été lancé en 1519 sous François Ier.
L’un des conseillers du roi était Léonard de Vinci, qui a inspiré l’escalier en double hélice du château et a probablement convaincu sa majesté de ne pas détourner la Loire pour former des douves autour du château. À l’intérieur de ce palais de 440 pièces, des tapisseries de classe mondiale ornent les murs, dont une série de douze œuvres représentant les mois de l’année.
Sur l’un des côtés du château se trouve une forêt de plus de 5 000 hectares, autrefois peuplée de sangliers, aujourd’hui peuplée de cerfs. Un réseau de sentiers développé récemment permet d’y faire de l’équitation, de la randonnée, ou encore du vélo.
Bien que ce château monumental soit suffisamment grand pour être considéré comme un village à lui seul, un petit hameau situé tout près de ses portes a été créé pour accueillir le personnel du site. Le village, avec sa population d’environ 100 habitants, prospère toujours grâce à son lien avec le château, avec des boutiques vendant du miel local et des restaurants offrant une vue sur les délicates flèches du majestueux palais.
Construit au 15e siècle pour servir de pavillon de chasse royal, le château de Chambord, situé dans le village du même nom dans le Val de Loire, compte autant de fenêtres que de jours dans l'année, autant d'escaliers que de mois dans l'année et autant de cheminées que de semaines dans l'année.
VISEGRÁD, EN HONGRIE
À faire : Vue sur le Danube, et les arts majestueux d’une ancienne capitale d’Europe centrale.
Situé à 40 kilomètres au nord de Budapest, dans un coude du Danube, le petit village de Visegrád était le siège royal de la Hongrie au 14e siècle. Riche en ruines royales, il abrite notamment la citadelle, érigée au 13e siècle pour servir de fortification à la suite d’une invasion mongole, mais aussi un palais gothique qui était la résidence officielle du roi de Hongrie au début du 15e siècle.
Entre mai et octobre, vous pouvez rejoindre Visegrád comme le faisaient les premiers rois, en bateau depuis Budapest. Le village figure souvent parmi les arrêts des croisières d’une journée organisées sur le « coude du Danube », qui s’arrêtent également dans les villages historiques de Szentendre et Esztergom.
Les expositions organisées dans les salles du château portent sur l’héraldique, les premiers arts culinaires et le vol audacieux d’une couronne royale par une femme de chambre en 1440. Chaque année, en juillet, un festival médiéval réunit des jongleurs, des musiciens et des marionnettistes costumés dans l’enceinte du château.
Vous pouvez rejoindre la ville du château hongrois de Visegrád en voiture, en bateau sur le Danube ou à pied depuis le sentier de randonnée Spartacus Loop.
CASARES, EN ESPAGNE
À faire : Des journées de bains de soleil et une immersion dans la tumultueuse histoire de l’Andalousie.
Les villages blancs d’Andalousie couronnent les sommets des collines du sud de l’Espagne tels des hameaux spectraux. Leur effet blanchi n’était pas seulement un choix esthétique : lorsque la région était frappée par des épidémies de peste du 16e au 19e siècles, les maisons étaient blanchies à la chaux éteinte en guise de protection.
L’un des villages les plus sublimes du lot : Casares, nommé en l’honneur de Jules César, qui se battait pour le contrôle de la région au 1er siècle avant notre ère. Comme de nombreux hameaux d’Andalousie, Casares a été sous domination mauresque du 8e au 15e siècles ; des signes de son passé subsistent, tels que le château mauresque qui coiffe la ville et, tout près du village, les ruines de Lacipo, une terre romaine.
Le village est aujourd’hui un havre de paix, parsemé de petites pensions, de bars à tapas et d’une église du 18e siècle.
Casares est l'un des Pueblos Blancos (villages blancs) d'Andalousie, où les bâtiments mauresques ont été peints avec de la chaux éteinte du 16e au 19e siècles pour tenter de repousser la peste.
LES BAUX-DE-PROVENCE, EN FRANCE
À faire : Découvrir des ruines envoûtantes, des modèles de chevalerie et un art contemporain éblouissant.
Dans cette charmante commune provençale, vous pouvez explorer deux villages en un. Une ville médiévale gît au pied d’une colline escarpée, se distinguant par des rues pavées et des demeures en pierre autrefois occupées par les puissants seigneurs de Baux. Grimpez au sommet de cette colline, et vous trouverez les ruines d’un ancien village du 11e siècle (connu sous le nom de ville morte), qui offrent des vues sublimes sur la région.
Les princes des Baux étaient réputés pour leur code de chevalerie, mais ils se heurtaient fréquemment aux rois de France, qui ont fini par raser le château d’origine au 17e siècle. Des siècles de déclin ont suivi avant que des artistes du milieu du 20e siècle ne redécouvrent et ne fassent revivre la ville. Le graveur et écrivain Louis Jou, dont le studio est aujourd’hui un petit musée, est le plus marquant d’entre eux.
De nos jours, des expositions d’art et des concerts d’été sont organisés dans les deux zones de la ville, notamment des œuvres vidéo projetées sur les murs d’une ancienne carrière.
Les ruines d'un château du 11e siècle se dressent au sommet de la ville médiévale des Baux-de-Provence, en France.
LAVENHAM, EN ANGLETERRE
À faire : Partir à la découverte de l’histoire médiévale anglaise, et d’une ville marchande parfaitement préservée.
Comme de nombreux villages d’East-Anglie et des Cotswolds, Lavenham a connu une activité commerciale intense aux 15e et 16e siècles. Ses puissants marchands de laine, réputés pour leurs draps, construisaient des maisons à colombages, souvent colorées dans des teintes pastel comme le rose et l’abricot. Lorsque le commerce de la laine s’est effondré pendant les guerres d’Henry VIII avec la France, Lavenham est restée figée dans le temps, trop pauvre pour réunir les fonds nécessaires à un nouveau développement.
Sa revitalisation s’est faite grâce au chemin de fer aux 19e et 20e siècles, et c’est aujourd’hui une destination de week-end populaire depuis Londres ou la ville voisine de Cambridge.
D’autres éléments indiquent également que Lavenham était l’un des villages les plus riches d’Angleterre, tels qu’un Guildhall datant de 1529 et l’église Saint-Pierre et Saint-Paul du 15e siècle. Cette dernière est célèbre pour sa tour de 43 mètres de haut, construite pour afficher la richesse de la ville.
Pour voir comment vivaient les plus aisés il y a des siècles, visitez la maison-musée du 14e siècle Little Hall, ou réservez une chambre au Swan, un hôtel du 15e siècle restauré et agrandi, qui arbore des suites aux murs de chaux et de mortier, et propose un en-cas d’après-midi avec du Welsh rarebit et du chutney de Suffolk, une sauce sucrée-salée.
Des dizaines de bâtiments datant du 14e et 16e siècles bordent les rues de Lavenham. Ils comprennent notamment The Swan, l'une des plus anciennes auberges d'Angleterre.
Raphael Kadushin est un journaliste spécialisé dans la gastronomie et les voyages, établi dans le Wisconsin. | Jennifer Barger, rédactrice en chef de National Geographic Travel, a contribué aux recherches et à la rédaction pour cet article.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.