Égypte antique : la quête complexe de la vie éternelle

De la momification au jugement des dieux, pour être acceptés dans l'au-delà et se voir offrir la vie éternelle, les Égyptiens de l'Antiquité devaient parcourir une série d'étapes bien précises.

De Ann R. Williams
Publication 26 oct. 2022, 11:56 CEST
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Dans cette illustration, le dieu Anubis s'occupe de la momie d'un employé de cimetière de la 19e dynastie.

PHOTOGRAPHIE DE De Agostini, G. Dagli Orti, REX, Shutterstock

La mort. Un sujet qu’aucune religion ne peut éviter, et qui était un élément central de la foi des Égyptiens de l’Antiquité, qui prospérèrent entre 3150 et 30 avant notre ère. Selon leurs prêtres, la vie sur Terre n’était qu’un prélude à la vie éternelle ; les Égyptiens vivaient donc pleinement cette vie, et comptaient bien continuer à le faire après leur mort.

Certaines dispositions étaient cependant nécessaires pour s’assurer une belle vie après la mort, telles que préserver les corps, avoir des tombes bien remplies, et être accompagné d’animaux. Même une fois tous ces critères respectés, la vie éternelle ne pouvait pas être garantie jusqu’à ce que le défunt trouve son chemin dans les enfers, où il était testé par le dieu du jugement. Voici les étapes qui étaient prises en Égypte antique pour garantir une vie éternelle.

Obtaining eternal life

Anubis, le dieu des morts à tête de chacal, décore l'entrée des catacombes de Kom el-Shoqafa.

PHOTOGRAPHIE DE Stuart Franklin

 

LA MOMIFICATION

Pour arriver dans l’au-delà en un seul morceau, le corps devait être préservé. C’est pour cette raison que l’on souhaitait faire momifier les cadavres après la mort, une pratique qui permettait de conserver le corps dans l’état le plus proche possible du vivant. Différents degrés de momification existaient en fonction des moyens financiers du défunt. Les pauvres étaient simplement lavés et placés directement dans le sable du désert. Certains étaient recouverts de sel pour favoriser la dessiccation. Les personnes d’un statut plus élevé pouvaient, quant à elles, se voir administrer un lavement d’huile de genévrier afin de liquéfier les organes internes et parfumer le corps avant de le saler.

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    Le nez de Ramsès II fut même renforcé avec des os d'animaux et bourré de graines.

    PHOTOGRAPHIE DE Kenneth Garrett, National Geographic Creative

    Le processus de momification pour les riches et les membres des familles royales, surtout pendant le Nouvel Empire (environ 1590 à 1085 avant notre ère), s’étendait sur pas moins de soixante-dix jours et était effectué par des prêtres spécialisés. Le corps était lavé et purifié. Le sang était ensuite drainé et, pour éviter la putréfaction, la plupart des organes internes étaient retirés et placés dans des bocaux. La cervelle était jetée après avoir été extraite par le nez à l’aide d’un crochet. Le cœur, quant à lui, était laissé tel quel dans le corps du défunt, les Égyptiens croyant qu’il était l’élément central de l’être d’une personne.

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    side by side - Body Work 2
    Gauche: Supérieur:

    Youya est, avec Touya, l'une des momies les mieux conservées d'Égypte. Ils étaient les parents de la reine Tiyi d'Amenhotep III, et donc les grands-parents ou arrière-grands-parents de Toutânkhamon. Grâce à leurs relations royales, le couple obtint une tombe dans la vallée des Rois, où ils furent découverts en 1905.

    Droite: Fond:

    Touya, épouse de Youya, était également enterrée dans la vallée des Rois. Environ 200 objets destinés à la vie après la mort accompagnaient les deux corps, dont des chaises, des lits, une perruque et 52 pots de matériel d'embaumement.

    Photographies de Smith Archive, Alamy Stock Photo

    Le corps était ensuite plongé dans du natron, un sel spécial souvent trouvé près des lacs salés, puis laissé sur une table pour sécher. Alors que le corps séchait et se flétrissait, des morceaux de bandes de tissu étaient insérés pour le remplir. De faux yeux, du fard à joues et d’autres produits de maquillage étaient ensuite ajoutés pour donner une apparence plus vivante. Une fois le processus de séchage terminé, les prêtres lavaient à nouveau le corps, le recouvraient d’huiles et de résine, et l’enveloppaient dans des centaines de mètres de lin. Enfin, l’ensemble bien emballé était renvoyé à la famille pour être déposé dans son tombeau.

     

    DES TOMBES BIEN REMPLIES

    Les tombes de l’élite étaient souvent préparées longtemps avant leur mort. Le moment venu, les individus importants de la société étaient placés dans de multiples cercueils, dont certains arboraient de magnifiques décorations, et étaient souvent enterrés dans des sarcophages de pierre. Persuadés que leurs tombes étaient une porte vers l’autre monde, les Égyptiens les garnissaient de tout ce dont ils auraient besoin : nourriture, vin, vêtements, meubles et autres éléments essentiels pour le voyage. « Embellis ta maison dans la Nécropole et enrichis ta place dans l’Ouest », disait le prince Hordjédef, un sage renommé de la 4e dynastie. « La maison de la mort est faite pour la vie. »

    Well Stocked Tomb

    Plus de 200 bijoux furent découverts dans la tombe de Toutânkhamon, dont ces quelques trésors. Le scarabée est un pendentif en or et en pierres semi-précieuses. Représentant Khépri, un dieu associé au soleil matinal, le scarabée symbolisait la renaissance.

    PHOTOGRAPHIE DE Kenneth Garrett, National Geographic Creative

    Des momies d’animaux accompagnaient également les Égyptiens dans leurs tombes, tels que des musaraignes, des béliers, ou encore des ibis. On retrouva même de minuscules scarabées et les boules d’excréments dont ils se nourrissaient. Certains étaient des animaux de compagnie, conservés pour que les humains décédés puissent être accompagnés dans l’éternité. D’autres, découpés en portions, étaient placés là en guise de repas perpétuels pour les personnes avec lesquelles ils étaient enterrés. D’autres encore étaient des offrandes destinées à porter les prières jusqu’aux dieux, ou étaient révérencieusement déposés en tant que représentants vivants de divinités.

     

    Les trésors des riches Égyptiens

     

    LE JUGEMENT

    Avant de se voir offrir la vie éternelle, le défunt devait être jugé pour la vie qu’il avait menée. Les Égyptiens croyaient que chacun possédait le ka, la force vitale, et le ba, l’âme. À la mort, le ka quitte le corps en premier, errant sans but, tandis que le ba reste dans le corps jusqu’à l’enterrement. Ensuite, le ba, guidé par des sorts et images peints sur les murs de la tombe et des amulettes attachées au corps, poursuit son voyage dans les enfers. Le dieu Horus à tête de faucon conduit le ba à travers des portes de feu jusqu’aux salles de jugement, où le défunt est testé.

    Sous la surveillance du dieu Anubis à tête de chacal, son cœur est pesé contre une plume de Maât, la déesse de la vérité et de l’harmonie cosmique. Ce rituel inclut notamment la « confession négative », au cours de laquelle le défunt doit nier avoir commis un vol, un meurtre, avoir causé la détresse d’autrui et d’autres transgressions. Osiris, roi des enfers, veille en tant que juge aux côtés d’autres divinités. Si le défunt échoue, une déesse monstrueuse nommée Ammout, qui a des pattes avant de lion, une tête de crocodile et un corps d’hippopotame, dévore son âme, le condamnant à un coma perpétuel.

     

    LA VIE ÉTERNELLE

    Si le cœur s’équilibre, en revanche, le ba se réunit avec le ka (qui errait depuis la mort), créant un esprit appelé akh. L’esprit émerge dans le royaume lumineux gouverné par Osiris, appelé le Champ des Roseaux, une terre de belles montagnes et de rivières. Ici, le défunt retrouve ses proches et ses animaux. Cette vie utopique lui est offerte pour l’éternité.

    Être mort ne signifiait pas être parti pour de bon. Le défunt pouvait réintégrer partiellement le monde des vivants pour profiter de ses plaisirs, tels que les offrandes de nourriture, la vie de sa femme et l’attention de ses serviteurs.

     

    Les murs du tombeau de Toutânkhamon

    Des extraits de ce travail ont déjà été publiés dans King Tut and the Golden Age of the Pharoahs de Ann R. Williams. © 2018 National Geographic Partners, LLC.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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