En 2023, adoptez le tourisme lent à travers cinq destinations de choix
Du Laos à la Grèce, des communautés visionnaires proposent un tourisme moins superficiel.
Des moines bouddhistes marchent devant le temple de Haw Pha Bang, érigé à Luang Prabang en l’honneur de l’image de Bouddha la plus sacrée du Laos. Le Laos fait partie des meilleures destinations du monde National Geographic pour l’année 2023.
Quelle sera votre prochaine destination ? Vous êtes nombreux à vous poser la question. Après une reprise frénétique du tourisme, beaucoup se demandent comment profiter de l’euphorie de la découverte sans avoir à subir des hordes de touristes. Notre liste annuelle, composée de vingt-cinq destinations exaltantes et moins touristiques, met en avant des lieux gratifiants pour les voyageurs de tous les âges où l’émerveillement est omniprésent et qui bénéficient aux communautés comme aux écosystèmes locaux. Décrites par nos rédactions du monde entier et réparties en cinq catégories (Communauté, Aventure, Nature, Famille et Culture), ces destinations avant-gardistes et éloignées du feu des projecteurs n’attendent qu’une chose, que vous veniez les explorer.
Pour l’année 2023, nous avons notamment élu cinq lieux qui sortent du lot par leurs initiatives communautaires de sauvegarde ; par leur action novatrice en faveur de l’écotourisme, de la durabilité et du tourisme inclusif ; et par la profondeur avec laquelle ils permettent aux voyageurs de rendre ce qu’ils leur ont donné. (Découvrez la liste « Les plus belles destinations » complète ici).
Laos
Embarquez à bord d’un train qui facilite l’accès aux merveilles du pays
Une jeune danseuse de nang keo entourée de bougies dans la ville de Luang Prabang, ancienne capitale impériale du Laos désormais accessible en train à grande vitesse.
La pandémie de COVID-19 a entraîné la fermeture des frontières de nombreux pays dépendants du tourisme tels que le Laos. Mais ce pays d’Asie du Sud-Est connu pour ses panoramas verts émeraude sur le Mékong supérieur a vu le tourisme domestique grimper en flèche en décembre 2021 à l’occasion de l’inauguration du Lane Xang, un train à grande vitesse financé et construit par la Chine, dont le nom signifie « Royaume d’un million d’éléphants » en ancien laotien. L’itinéraire du train inclut un pan de 420 kilomètres au Laos et traverse 75 tunnels et 167 ponts, de Boten, ville frontalière, à Vientiane, la capitale.
La promesse de ce train ? Développer le tourisme au sein de la population laotienne elle-même, qui peut désormais explorer plus facilement l’héritage varié de son pays ; par exemple l’ancienne capitale impériale, Luang Prabang, site inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Depuis le COVID, Luangprabang dépend des touristes de tout le Laos, surtout de ceux de Vientiane et du sud du Laos », explique Veomanee Douangdala, P-DG et cofondatrice du centre culturel Ock Pop Tok, collectif de tisseuses travaillant surtout avec tissus laotiens traditionnels.
Avant, les touristes laotiens devaient faire cinq à six heures de car pour rallier Luang Prabang depuis Vientiane. Avec le train, qui file à 160 km/h, le trajet s’effectue en moins de deux heures. « Le train va plus vite, se réjouit Veomanee Douangdala, et le paysage est sympa. »
Partez avec Nat Geo : Explorez des temples majestueux et des panoramas grandioses sur ce circuit en Asie du Sud-Est.
Dodécanèse, Grèce
Découvrez cet archipel qui compense sa popularité croissante en préservant ses traditions
Des randonneurs progressent sur une arête du Profítis Ilías, à Kárpathos, l’une des îles grecques du Dodécanèse.
Le tourisme est-il voué à abîmer le Dodécanèse ? Au large du littoral turc, ces îles grecques envoûtent par leur beauté rocailleuse et leur histoire animée. Un chapelet de conquérants (Romains, Ottomans et Italiens) y ont laissé leur empreinte sur l’architecture et la gastronomie, entre mille autres choses. De nos jours, les envahisseurs ne viennent pas pour faire fortune, mais pour faire des selfies sur les îles les plus connues du Dodécanèse comme Léros, Patmos et Kos.
D’autres îles moins fréquentées comme Kárpathos, à mi-chemin entre la Crète et Rhodes, doivent compenser la nécessité économique qu’est le tourisme en prenant en compte le stress environnemental qu’il génère. Sur ce terrain aride et accidenté où l’on produit lait et miel, de nombreuses familles élèvent des abeilles et fabriquent leur propre beurre et leur propre fromage. Les églises blanches et solitaires de Kárpathos, ses villes usées par le temps et ses traditions anciennes sont susceptibles d’attirer les visiteurs aventureux qui fuient les îles noires de monde des Cyclades comme Mykonos et Santorin. Toutefois, la rareté de l’eau potable et ses capacités de recyclage limitées posent quelques défis.
Selon Evangelina Agapiou, fondatrice d’Ecotourism Karpathos, un des aspects importants du tourisme durable est d’impliquer autant d’habitants du cru que possible, que ce soit par le biais de démonstrations de vinification traditionnelle ou d’excursions de pêche nocturnes en compagnie de pêcheurs.
« En anglais, la définition d’éco se rapporte plus à ‘écologique’, explique-t-elle. Tandis qu’en grec, ‘ecos’ signifie maison, terre, communauté. Donc, réunir les gens, c’est de l’écotourisme. »
Ghana
Renouez avec les racines de l’histoire noire en Afrique de l’Ouest
La mode ghanéenne est réputée pour ses couleurs et ses motifs vifs, comme en témoigne cette robe créée par Osei-Duro et portée dans les rues d’Accra.
Avec la fin des restrictions liées au COVID-19, de nombreux touristes répondent favorablement à l’invitation que le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, avait lancée avant la pandémie aux personnes ayant une ascendance africaine : venir voir ce pays d’Afrique de l’Ouest, explorer leurs racines africaines et se lier avec ses citoyens. Les voyages de ce type, popularisés par des célébrités comme Danny Glover et Chance the Rapper, sont souvent chargés en émotion, car les touristes se confrontent aux vestiges physique du commerce des esclaves qui se trouvent sur le littoral ghanéen.
« Plus qu’un retour, il s’agit d’une commémoration », déclare Melissa Bunni Elian, photographe National Geographic qui s’est rendue au Ghana au printemps dernier. Elle observe qu’au Ghana, « l’esprit panafricain est fort ». « Vous entendrez de l’afrobeats partout, dans les taxis comme dans les épiceries, mais aussi du reggae, du zouk haïtien, du hip-hop américain. »
Pour ceux que le design intéresse, Accra, la capitale du pays, est aussi « la capitale de la mode au Ghana ». « Il y a toujours quelque chose d’enjoué, de sonore ou de coloré. [Les Ghanéens] ont des façons très particulières d’assembler les choses. »
Milwaukee, Wisconsin
Découvrez l’effervescence de cette ville des Grands Lacs
Sur la rivière Milwaukee, des kayakistes traversent Historic Third Ward, quartier industriel revitalisé qui héberge désormais le Milwaukee Public Market et d’autres attractions.
La plus grande ville du Wisconsin, qui est aussi la plus animée, combine atmosphère ouvrière col bleu et communautés artistiques soudées et fait tourner les têtes bien au-delà des Grands Lacs. (Le fait d’avoir une équipe de NBA qui remporte des titres, les Bucks, n’enlève rien à l’affaire, bien au contraire.)
À l’instar des 450 motos exposées dans son Musée Harley-Davidson, Milwaukee fait chauffer le moteur pour 2023. Des promenades sont en train de voir le jour le long de ses trois cours d’eau (les rivières Milwaukee, Kinnickinnic et Menomonee), et le quartier animé de Deer District vient de sortir de terre à la place d’un ancien terrain vague. On y trouve désormais hôtels et salles de concerts mais aussi l’arène des Bucks. Dans le même temps, des quartiers traditionnels sont revigorés par de nouveaux programmes de développement grâce auxquels un centre culturel et artistique dédié à l’art afro-américain verra notamment le jour à Bronzeville.
Faites comme les habitants et descendez l’une des rivières en kayak avant de débarquer pour aller explorer l’Historic Third Ward, une ancienne zone industrielle parcourue de pistes cyclables. Au Milwaukee Public Market, vous pourrez acheter un sachet de fromage en grains, spécialité tout aussi appréciée que les bratwursts locales ; puis longer le littoral du lac Michigan jusqu’au Milwaukee Art Museum et son pavillon dédié à la sculpture conçu par Santiago Calatrava.
Mais c’est surtout pour sa bière que Milwaukee est célèbre. Passez dans une des dizaines de brasseries que compte la ville pour voir comment elles ont évolué. Les bars raffinés servant IPA et bières brunes artisanales sont à des années-lumière des usines de mise en bouteille bruyantes où travaillaient les protagonistes de la sitcom Laverne & Shirley.
Alberta, Canada
Marchez dans les pas des populations autochtones
Tracey Klettl (à droite), gérante et propriétaire de l’agence de voyage Painted Warriors et descendante de Crees et de Mohawks, présente le Painted Warrior Ranch à des touristes dans le comté de Mountain View, dans l’Alberta, au Canada.
L’Alberta est célèbre pour ses merveilles naturelles telles que le glacier Athabasca et le Parc national de Banff, tous deux situés sur les hauteurs des montagnes Rocheuses ; pour ses panoramas de prairies découvertes ; et pour la modernité de verre et d’acier de villes comme Calgary et Edmonton. Mais dans cette province canadienne, un effort visant à repenser la façon dont les histoires des autochtones sont racontées en Amérique du Nord incite à envisager d’autres points de vue que ceux des panoramas naturels.
« [Les touristes] qui viennent nous chercher veulent se reconnecter et se recentrer », explique Brenda Holder, guide cree et iroquoise qui organise des randonnées et des ateliers dans les bois près de Sundre, dans l’Alberta, pour étudier les plantes médicinales dont son peuple dépend.
Les sites autochtones de l’Alberta sont une pierre de touche avec le passé pré-européen de la province. Les visiteurs du parc national Elk Island, tout près d’Edmonton, à l’est, se familiarisent avec une histoire culturelle de plus de 8 000 ans lors de randonnées guidées, mais aussi par le biais de programmes pratiques interprétatifs incluant le maniement d’outils préhistoriques et grâce à des ateliers d’artisanat cree.
On peut également admirer les visions et les mythes représentés dans l’art rupestre des formations de grès et des flèches rocheuses de Writing on Stone / Áísínai’pi, site inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO se trouvant dans les prairies d’altitude de Milk River Valley.
Article écrit par Andrew Nelson avec des contributions des rédactions mondiales de National Geographic Travel. Reportages et recherches additionnels : Karen Carmichael.
Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.